Animation - Festival d’Annecy : le Prix du jury pour le film tchèque Ma Famille afghane
Pour la première fois depuis trente ans, une production tchèque a été présentée en compétition officielle lors de la dernière édition du Festival international du film d’animation d’Annecy, qui s’est achevée samedi. Mieux même : la coproduction tchéco-franco-slovaque Ma Famille afghane, de Michaela Pavlátová, a remporté le Prix du jury. Membre du jury Longs métrages, Caroline Vié explique ce choix.
« C’est l’histoire d’une jeune femme tchèque qui part suivre en Afghanistan l’homme qu’elle aime et avec qui elle va se marier. Et qui sur place découvre que s’adapter à une civilisation où les femmes ne sont pas bien traitées n’est pas facile. »
Qu’est-ce qui a décidé le jury à récompenser ce film ?
« Ce qui a plu au jury, c’est que les personnages ne sont absolument pas manichéens. Les radicaux sont montrés avec une certaine complexité et même les personnages des ONG, qui sont pourtant remplis de bons sentiments, ont beaucoup de mal à s’adapter à la vie en Afghanistan. Peu importe que les gens aient de bonnes ou de mauvaises intentions, ils sont vraiment montrés de façon complexe. L’animation est tout à fait remarquable, ainsi que le personnage principal, cette femme amoureuse qui doit apprendre à composer avec une famille très différente de la sienne. Nous avons été très touchés par ce film. »
Cela faisait trente ans qu’il n’y avait plus eu de film tchèque en compétition officielle à Annecy, alors qu’il existe une culture du film d’animation très forte en République tchèque. Comment cela se fait-il ?
« Je n’en ai pas la moindre idée. Je suis assez fan du cinéma tchèque, ma fille a d’ailleurs grandi avec La Petite taupe de Zdeněk Miler, donc, personnellement, je défends le cinéma tchèque. Mais ce n’est pas moi qui sélectionne les films du festival. Plus généralement, je serais ravie d’en découvrir davantage et je suis convaincue que la récompense pour Ma Famille afghane va ouvrir la porte à toute une nouvelle génération de cinéastes. Nous serons toujours ravis de découvrir des cinéastes tchèques, surtout que c’est effectivement un pays qui a une tradition très importante du cinéma d’animation. »
Connaissiez-vous la réalisatrice de Ma Famille afghane, qui avait déjà été récompensée il y a quelques années au festival d’Annecy ?
« Je ne connaissais Michaela Pavlátová que de façon très succincte, elle n’avait réalisé que des courts métrages jusqu’ici, et là il s’agit de son premier long métrage pour ce qui est du film d’animation. Et je dois dire que c’est une première vraiment épatante. Le film possède un rythme incroyable, cela valait le coup d’attendre. C’est un film qui m’a bouleversée. J’insiste sur ce point, mais c’est extrêmement bien écrit, les personnages sont complexes et touchants. Il y a notamment le personnage d’un petit garçon atteint d’une étrange maladie que l’on a vraiment envie de serrer dans ses bras. C’est un film qui mérite largement son Prix du jury et qui a d’ailleurs fait l’unanimité parmi ses membres. »
Aura-t-on la chance de voir ce film en France, puisqu’il s’agit d’une coproduction ?
« Nous verrons certainement ce film en France, même s’il n’y a pas encore de date de sortie en salles. Il a été acheté par le distributeur Diaphana. C’est un film qu’il serait bien de montrer dans les écoles, les lycées et les collèges, car il aborde des sujets intéressants qui peuvent ouvrir la voie à plein de discussions. »