Après le sommet de Bruxelles: satisfaction à Prague
Prague se déclare-t-elle satisfaite du compromis qui a été trouvé lors du sommet européen qui a réuni, en fin de semaine dernière à Bruxelles, les représentants des 27 pays membres de l'Union européenne ?
Cela n'étonne guère : les politiciens tchèques saluent le projet de nouveau traité et les nouvelles règles de fonctionnement de l'Union européenne. C'est vrai notamment pour les partis de la coalition gouvernementale et aussi, avec certaines réserves, pour le parti social-démocrate, principal parti de l'opposition. Le Premier ministre Mirek Topolanek estime que « le résultat qui a été atteint après des négociations très dures est nettement meilleur que la Constitution européenne ». Et de se féliciter que cette dernière ait finalement été « balayée de la table ». La République tchèque considère en outre comme sa victoire le fait d'avoir inclus dans le texte en question un mécanisme permettant de déléguer certaines compétences de Bruxelles au niveau national... Une position qui n'est naturellement pas bien vue par tout le monde. Pour Romano Prodi, la Tchéquie se range aux côtés de la Grande-Bretagne, de la Pologne et des Pays-Bas, les pays « qui placent leurs intérêts nationaux avant les valeurs et les objectifs européens ». Selon le président de la République, Vaclav Klaus, le résultat est la « victoire certaine de la raison ». Le chef de l'Etat tchèque, connu pour sa réticence vis-à-vis de l'intégration européenne, ne demeure pour autant pas moins « vigilant »à l'égard du projet d'un nouveau traité constitutionnel, les modifications atteintes n'ayant qu'un caractère « cosmétique ». A l'issue du sommet, il a déclaré :
« Le nombre de compétences partagées a tendance à augmenter. Cela veut dire que nombreuses sont les décisions qui ne seront plus prises dorénavant au niveau national, mais seront déléguées à l'Union européenne. Je pense que nos citoyens devraient en être tenus au courant ».
Le sommet de Bruxelles fait la une de l'ensemble de la presse tchèque de ce lundi. Les titres de ses commentaires semblent révéler qu'il est difficile de définir clairement qui sont ses gagnants et ses perdants. « Une Europe trop modeste ». « Les Tchèques veulent une autre EU, mais n'ont pas beaucoup de chance ». « Les résultats du sommet provoquent des embarras ». « La voie vers une Europe nouvelle est ouverte ». « La Constitution de l'UE est enterrée, les fédéralistes ont perdu »... Le quotidien Hospodarske noviny constate en outre : « Le débat de Bruxelles n'a pas touché les problèmes essentiels de l'Union. Premièrement, c'est la distance qui existe entre les citoyens des différents Etats et le niveau de prise de décision. Deuxièmement, c'est l'incapacité de l'Union de se mettre en valeur comme un acteur important de la politique internationale ».