La présidence tchèque de l'UE vue par l'eurodéputé français Alain Lamassoure
La présidence tchèque de l’Union européenne s’achève ce mercredi. Nous en parlons dans cette émission avec l’homme politique français Alain Lamassoure. Alain Lamassoure est député européen depuis 20 ans, il est membre de l’UMP, le parti du président français Nicolas Sarkozy, dont il est aussi le conseiller. Nicolas Sarkozy, après le dernier Conseil européen, a fait l’éloge du Premier ministre tchèque Jan Fischer pour la manière dont ce dernier sommet sous présidence tchèque s’était déroulé. Notre collègue de Radio Česko, Martina Mašková, a demandé des explications à Alain Lamassoure :
« Nicolas Sarkozy a trouvé que le Premier ministre Fischer avait bien compris en quoi consistait la présidence de l’UE : ça consiste non pas à donner des leçons aux Etats-membres mais à faire se dégager un accord. Donc se mettre au service de la cause commune et, avec notamment l’aide de la Commission européenne, essayer de trouver des compromis entre les délégations. Dans ce rôle, M. Fischer a été incontestablement positif, notamment dans la manière dont il a su dégager un accord entre les Irlandais et les autres pour pouvoir surmonter l’hostilité des Irlandais au traité de Lisbonne. C’est évidemment pour nous tous un objectif très important. »
Vous comparez à l’ancien Premier ministre, Mirek Topolánek, ou au Président Klaus ?
« Sûrement vis-à-vis du président Klaus, qui a pris une position qui n’est pas du tout conforme à la tradition d’une présidence de l’UE en exprimant des positions personnelles très hostiles à la politique européenne en général, à la construction européenne, au traité de Lisbonne, et donc en contradiction avec la totalité des dirigeants des autres pays. Ça n’est pas dans les traditions de l’Europe, et ça n’a pas été une attitude positive et constructive pendant la présidence tchèque. Le Premier ministre Topolánek, lui, avait compris quel était le rôle d’un pays qui assure la présidence, mais sans doute que sa situation de faiblesse politique dans son propre pays et le conflit qu’il avait avec le président Klaus et qui s’est d’ailleurs terminé par sa démission l’ont empêché de jouer convenablement son rôle. »Il y a eu beaucoup de critiques de la présidence tchèque dans la presse française, quel est votre avis ?
« L’impression qu’on a eu en dehors de la République tchèque est que l’élan très fort qui avait été donné à l’UE l’année dernière s’est ralenti pendant ces six mois. Incontestablement. Bon, je crois que la raison principale était les problèmes internes, l’opposition entre Klaus et son Premier ministre Topolánek. Déjà qu’une période de présidence, six mois, est très courte... C’est pour cela que nous sommes encore plus convaincus qu’avant de la nécessité de changer les règles du système, d’avoir une présidence assurée de manière permanente et à temps plein par une personnalité, ce qui sera le cas avec le traité de Lisbonne et un président du Conseil européen qui n’aura pas en plus à diriger son propore pays. »
Alexandr Vondra a déclaré au début du mois de mai que N. Sarkozy avait compliqué la présidence tchèque avec son « style impérial ». C’était juste après le sommet sur le Partenariat oriental. Comment évaluez-vous ce commentaire de l’ancien vice-Premier ministre ?« Ce n’est pas un commentaire approprié pour quelqu’un qui assure la présidence de l’UE... Quand vous avez cette responsabilité, vous devez faire en sorte de trouver l’intérêt commun. Je suis déçu de ces propos de M. Vondra, parce qu’à titre personnel, compte tenu des fonctions importantes qu’il exerçait, il a été associé dès la préparation de la présidence française. Un an avant le début de la présidence tchèque, il a été invité à Paris avec les ministres allemand, slovène et suédoise, la France ayant cherché à associer étroitement tous les pays qui précédaient et suivaient sa présidence à la préparation de cette présidence. De la même manière, quand il y a eu la réunion du G20, la présidence française a veillé à associer la présidence tchèque à cette réunion alors que la République tchèque n’était pas directement concernée par les décisions prises par les dirigeants des grandes monnaies mondiales. Donc ce propos du vice-Premier ministre Vondra était sans doute inopportun. »