Attaque de la centrale nucléaire de Zaporijia : « la Russie a violé les conventions de Genève »

Attaque de la centrale nucléaire de Zaporijia

Neuf jours après le début de l’invasion russe en Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporijia, située dans le centre du pays, a été prise par les forces russes. Les bombardements ont provoqué un incendie sur le site de la plus grande centrale nucléaire européenne. « Ils sont devenus fous », a réagi la directrice de l’Office tchèque pour la sécurité nucléaire à l’attaque russe. Nous vous proposons l’essentiel de l’entretien que Dana Drábová a accordé ce vendredi à la Radio tchèque.

« Selon les informations dont nous disposons en République tchèque, aucune fuite radioactive n’a été constatée suite à l’attaque. L’Agence internationale de l’énergie atomique à Vienne qui l’a fait savoir est en contact direct avec le gouvernement ukrainien, mais aussi avec la direction de la centrale et de la compagnie énergétique ukrainienne. »

Dana Drábová | Photo: Jana Přinosilová,  ČRo

« Jusqu’à présent, la situation dans les environs du site de la centrale est normale. Mais malheureusement, d’un autre point de vue, la situation n’est pas du tout normale. Je n’aurais jamais imaginé que quelqu’un puisse bombarder une centrale nucléaire. Heureusement, les réacteurs sont très solides. »

« La Russie a violé les conventions de Genève pour la énième fois. Ces conventions garantissent la protection des installations contenant des forces dangereuses ou susceptibles de devenir dangereuses en cas d’attaque militaire. »

Que se passerait-il si l’un des réacteurs de la centrale était touché ?

« On n’en est pas encore là, car les réacteurs sont équipés d’enceintes de confinement. C’est une barrière de protection conçue, par exemple, pour résister au crash d’un chasseur Sukhoï ou à l’impact d’un missile sol-sol. Cela signifie que, pour toucher le réacteur, il faudrait vraiment mener une attaque ciblée et très intense. »

« D’autre part, la centrale a besoin de beaucoup d’autres systèmes auxiliaires pour fonctionner, qui se trouvent sur son site et qui, s’ils sont endommagés, peuvent poser des problèmes. Mais je suis sûr que les employés de la centrale seront capables de gérer la situation. »

La centrale nucléaire de Zaporijia,  Ukraine | Photo: Maxim Gavriljuk,  Wikimedia Commons,  GFDL

Une centrale nucléaire peut-elle être mise hors service très rapidement si un danger imminent se présente ?

« Oui, absolument. L’arrêt d’une centrale est vraiment une question de quelques dizaines de secondes. Le problème est qu’il faut en permanence refroidir les réacteurs, c’est-à-dire alimenter la centrale en eau pour dissiper la chaleur dite résiduelle. Mais les centrales électriques disposent de nombreux systèmes de secours pour ce faire. »

« Par ailleurs, la centrale de Zaporijia fournit une partie importante de l’électricité pour l’Ukraine. Si elle était fermée, cela provoquerait de graves problèmes d’approvisionnement dans tout le pays.

Sa production est trois fois supérieure à celle de la centrale nucléaire tchèque Temelín, c’est bien cela ?

« En effet, les six réacteurs de la centrale de Zaporijia sont presqu’identiques à ceux de Temelín. Ce sont les réacteurs du type VVER 320. Ainsi, Temelín représente un tiers de la taille de la centrale ukrainienne. »

« Enfin, si les auditeurs de la Radio tchèque veulent avoir des informations rapides et fiables sur la situation, je leur conseille de suivre, sur Twitter, l’actualité de l’Agence internationale de l’énergie atomique à Vienne. »