Avec West Ham, « Daniel Křetínský s'offre une certaine respectabilité sur la scène européenne »
L’homme d’affaires tchèque Daniel Křetínský vient de faire une arrivée très remarquée en Premier League en acquérant un peu plus du quart des actions du club de West Ham. Entretien sur le sujet avec Lazar van Parijs, l'un des fondateurs du site footballski.fr consacré notamment au foot d’Europe centrale et orientale.
Comment comprenez-vous cet investissement dans la Premier League de Daniel Křetínský ?
Lazar van Parijs : « C’est tout d’abord un investissement qui a du sens puisqu’aujourd’hui nous avons de plus en plus de changements de propriétaires en première division anglaise. Nous avons un businessman tchèque qui investit de plus en plus en Angleterre en prenant des participations dans la poste ou dans Sainsbury’s par exemple tout en ayant des actifs dans l’énergie. Cela a du sens comme à l’époque quand Roman Abramovich avait acheté Chelsea pour se faire connaître en Europe. Prendre une participation dans West Ham lui permet d’obtenir une certaine notoriété, un certain sérieux mais aussi une certaine respectabilité sur la scène européenne. »
« Pour revenir au club de West Ham en lui-même, c’est un club intéressant à plusieurs égards. Premièrement, c’est un club qui a besoin de cash en ce moment ce qui peut mettre un investisseur dans une position favorable. Ensuite, il ne possède pas son propre stade contrairement à de nombreux autres clubs de Premier League. Un investissement est donc possible de ce côté-là ou peut-être une opération financière. Cela pourrait rapporter beaucoup d’argent in fine au club s’il devenait, à termes, propriétaire du stade olympique, stade qui vient d’obtenir l’autorisation d’être agrandi. »
« Enfin, c’est aujourd’hui un club qui fonctionne très bien, qui a surperformé ces dernières années tant au niveau de ses résultats et de ses finances tout en ayant trois joueurs tchèques au sein de son effectif en équipe masculine et une joueuse tchèque en équipe féminine. Nous pouvons donc dire que la filière tchèque fonctionne à plein régime de ce côté. Et pour l’anecdote, ces quatre Tchèques sont tous des anciens joueurs du Slavia, belle ironie quand on sait que Daniel Křetínský est le propriétaire du Sparta. »
Daniel Křetínský est propriétaire du Sparta depuis 2004. Certains ont d’ailleurs comparé son arrivée dans le football tchèque à cette époque à cette arrivée en 2021 à West Ham avec d’un seul coup une très grande visibilité. Est-ce comparable ?
« A l’échelle du pays oui. L’achat d’un club de football donne, aujourd’hui, une visibilité, une respectabilité et ce, encore plus en Premier League qui est le championnat par excellence puisqu’il a le plus de visibilité. Nous avons pu le voir récemment avec l’investissement du Fonds d’Arabie Saoudite pour prendre une participation dans Newcastle. »
A ce propos, les actionnaires de West Ham avaient refusé récemment l’entrée dans le capital du club d’un businessman venant d’Azerbaïdjan, Nasib Piriyev. Selon vous, Daniel Křetínský a-t-il un profil plus acceptable ?
« Ce qui semble clair est que la fortune de Monsieur Křetínský est traçable et n’est pas liée à des privatisations obscures comme nous avons pu le voir à la fin de l’URSS ou de l’époque soviétique. C’est une personne qui a fait sa fortune bien plus tard, qui n’est pas liée au crime organisé et qui, de ce côté, a beaucoup plus de respectabilité que d’autres dirigeants financiers à la fortune douteuse. »
Le Sparta Prague a traversé une mauvaise passe sportivement ces dernières années tandis que West Ham marche très bien. Daniel Křetínský était au récent match remporté par les « Marteaux » contre Liverpool et le club est désormais troisième du classement de Premier League. Qu’est-ce qui fait que Daniel Křetínský n’a pas réussi à mener le Sparta à plus de titres ? A-t-il fait de mauvais choix ?
« Ce qui est sûr c’est qu’en prenant récemment Tomáš Rosický comme directeur sportif, et en s’appuyant sur son centre de formation, le Sparta est en train de retrouver une certaine aura sur la scène nationale et a joué des compétitions européennes ces deux dernières années, ce qui n’était pas arrivé depuis quelques temps. Si nous reprenons sur la durée, le football est un business très particulier et il n’est pas évident pour de nombreux businessmen de cumuler la double casquette entrepreneur et président d’un club de football. Cependant, les derniers résultats tendent à prouver qu’on peut apprendre et s’améliorer sur la gestion d’un club. »