Basket – Coupe du monde : le rêve éveillé des Tchèques
Bien que battue par la Grèce (77-84), lundi à Shenzhen, pour son deuxième et dernier match de groupe comptant pour le 2e tour, la République tchèque a décroché une qualification inattendue pour les quarts de finale de la Coupe du monde de basket. Mercredi, la Reprezentace défiera l’Australie pour une place dans le dernier carré. Mais quel que soit le résultat, Tomáš Satoranský, le leader dont la photo figurait en une de la majorité des journaux pragois ce mardi, et ses partenaires ont d’ores et déjà écrit une des plus belles pages de l’histoire de leur sport en République tchèque.
Le sport tchèque vit décidément des heures heureuses ces deux dernières semaines. Probablement même les plus heureuses et les plus fertiles de cette année 2019. En décembre prochain, lorsque viendra le moment d’élire comme de tradition le sportif et l’équipe tchèques de l’année écoulée, il ne faudra surtout pas oublier le titre mondial du judoka Lukáš Krpálek, décroché à Tokyo dans la catégorie reine des +100 kilos (cf.: https://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/judo-le-tcheque-lukas-krpalek-nouveau-champion-du-monde-dans-la-categorie-de-teddy-riner), et, donc, le parcours quasi inespéré de cette sélection tchèque de basket à la Coupe du monde.
Car même si l’aventure devait s’arrêter ce mercredi (15h00, heure de Prague) contre l’Australie, toujours invaincue dans le tournoi et qui sera la grande favorite du quart de finale, cette Reprezentace dont personne n’attendait monts et merveilles avant son départ pour la Chine, aura fait frémir d’émotion ses supporters - toujours plus nombreux devant leurs postes de télévision au fil du tournoi - comme peu d’autres équipes nationales tchèques dans des disciplines collectives y sont parvenues ces dernières années.
Capitaine de ces Lions tchèques qui se sont offert le droit de continuer à rêver à un podium, voire à une qualification pour le tournoi olympique (les deux meilleures équipes européennes du Mondial seront directement qualifiées pour les Jeux de Tokyo), Pavel Pumprla, tout en restant néanmoins lucide sur le potentiel tchèque, concédait qu’il avait un peu le sentiment de rêver les yeux ouverts :
« Il faut prendre un peu de recul pour comprendre tout ce qui nous arrive et ce qui fait la force de cette équipe. Parce que, franchement, quand on voit sur le papier la qualité, les clubs et les palmarès des joueurs qui composent les différentes sélections présentes en quarts de finale, on peut se dire que nous ne sommes pas à notre place. La Pologne est aussi l’autre équipe surprise de ce Mondial, mais à l’exception de la Russie, et sans vouloir déprécier ses mérites, elle n’a battu aucun gros calibre et a eu un parcours un peu plus facile que le nôtre et que tous les autres. »Avec pour leader sa superstar Giannis Antetokounmpo, MVP de la dernière saison régulière de NBA, et sa ribambelle de joueurs estampillés Olympiakos et Panathinaïkos habitués aux joutes de l’Euroligue, la Grèce, comme la Turquie déjà la semaine dernière, partait nettement favorite contre la République tchèque. Pour se qualifier, les Hellènes étaient toutefois dans l’obligation de s’imposer avec un écart minimal de douze points.
Et s’ils ont effectivement parfois disposé d’une avance suffisante, notamment dans le quatrième quart-temps, les Tchèques, eux, n’en sont pas moins toujours accrochés à leur rêve. Et finalement, ces derniers, portés par leur ailier Jaromír Bohačík auteur de 25 points et un Tomáš Satoranský auteur de deux paniers cruciaux dans les dernières minutes, sont parvenus à limiter l’écart à sept points.
Il ne leur restait alors plus qu’à espérer que les Etats-Unis battent le Brésil dans le dernier match du groupe pour avoir la certitude de participer aux quarts de finale et que cette défaite contre la Grèce devienne la défaite la plus douce de leur carrière. Tomáš Satoranský, futur meneur des Chicago Bulls et seul joueur tchèque à évoluer en NBA, était fier de la performance de son équipe :« Nous avons bien géré les choses sur la fin du match. Nous savions que l’essentiel était de faire en sorte que l’écart reste inférieur à douze points. Comme lors des matchs précédents, je pense que l’équipe a démontré sa force mentale. Nous avons su garder la tête froide même quand nous nous sommes retrouvés menés de douze points. Cela a été un match très dur physiquement. En défense comme en attaque, les Grecs nous ont imposé un combat de tous les instants, mais nous avons bien joué tactiquement. »
A Prague, les médias, enthousiastes, évoquent désormais un nouveau « Nagano », en référence au sacre inattendu des hockeyeurs lors du « Tournoi du siècle » aux Jeux d’hiver de Nagano en 1998. Les basketteurs tchèques, eux, bien que la tête dans les étoiles, préfèrent rester les pieds sur terre…