Bernadette Ségol à Prague pour promouvoir une Europe sociale
Dans le cadre de sa tournée des capitales européennes afin de promouvoir l´aspect social de l´Union européenne, Bernadette Ségol, présidente de la Confédération européenne des syndicats (CES), était à Prague ce lundi pour rencontrer le Président et le Premier ministre tchèques. Interrogée au micro de Radio Prague, elle est revenue sur les mesures qu´elle défend et fait le bilan de son passage en République tchèque.
« L´objet pour les deux était le même c’est-à-dire de promouvoir la position que le Confédération européenne des syndicats prend vis-à-vis de la dimension sociale de l´Union européenne qui doit faire l´objet d´une feuille de route discutée au Conseil du mois de juin. Nous voulons leur faire part de nos positions mais aussi des grandes tensions sociales qui existent en Europe et du besoin urgent de remettre le social au centre du débat européen. »
Le Président de la République tchèque a accueilli plutôt favorablement la plupart des orientations que vous défendez, il l´a fait savoir par un communiqué. Le Premier ministre au contraire était plutôt opposé à certaines des mesures que vous proposez. Pouvez-vous détailler la teneur des échanges que vous avez eu avec eux ?
« Evidemment, nos propositions restent les mêmes. Il est certain que le président Zeman est accueillant et positif vis-à-vis de nos idées, particulièrement vis-à-vis de la nécessité de plans d´investissement pour relancer la croissance et l´emploi. Le premier ministre de la République tchèque espère plutôt relancer l´emploi par des réformes structurelles et des réformes du marché du travail, une rectification du marché du travail, ce qui n´est pas du tout notre approche. Mais nous parlons avec tous les responsables politiques. Evidemment, nous ne sommes pas tombés d´accord sur tout avec le premier ministre tchèque, ce qui n´est pas étonnant. »Vous n´êtes pas tombés d´accord notamment sur l´une des mesures que vous défendez, c'est-à-dire l´harmonisation fiscale de la taxation sur les sociétés à 25% dans tous les pays membres ?
‘Nous demandons une harmonisation du taux de la fiscalité des entreprises. Nous avons effectivement avancé le chiffre de 25 % mais c´est un chiffre qui est une tentative. Si vous lisez les documents de la CES, ce que nous voulons, c´est qu´il n´y ait pas de concurrence fiscale entre les entreprises. Le chiffre que nous avançons est un chiffre que nous mettons sur la table, qui est à discuter mais il est certain qu´il est malsain pour les entreprises européennes de se faire concurrence sur le taux de taxation au niveau national. »
En ce moment, ce taux n´est pas le même dans tous les pays européens. En République tchèque, il est un peu plus faible que 25%. Dans d´autres pays européens comme la France, il est plus élevé. Ne craignez-vous pas une harmonisation par le bas?« C´est pour cela que nous avons placé la barre relativement haut. En tout cas, d´abord ce qu´il faut acquérir, c´est le principe que dans une Union européenne où on a un marché intérieur, la concurrence ne peut pas se faire sur la fiscalité. »
Comment les dirigeants tchèques ont accueilli l´idée d´un revenu minimum ?
« Le président tchèque est très ouvert à cette idée. Le Premier ministre n´a pas franchement réagi à ce point là. Nous avons eu peu de temps avec le Premier ministre. Je comprends, nous sommes arrivés dans un moment où la population tchèque était plus préoccupée par les inondations et la première chose que j´ai dite a la fois au président et au premier ministre était que nous étions en sympathie avec les populations tchèques. »
Votre visite a Prague s´inscrit dans un tour des capitales européennes pour promouvoir une Europe sociale. Quels sont les objectifs de cette tournée ? Avez-vous l’impression que vos idées progressent ?
« Les objectifs de cette tournée, c´est de mettre les chefs d´Etat et de gouvernement qui vont se réunir a la fin de ce mois devant leur responsabilité politique. L´Europe sociale a été la victime de la crise que nous avons traversée. On a démantelé les systèmes sociaux, la protection sociale, les services publics. On a attaqué les relations sociales et notre message essentiel est de dire aux dirigeants européens que s´ils ne remédient pas a cet état de choses, s´ils font de l´Union européenne un simple marché, ils vont perdre le soutien des citoyens européens. »Vous pourrez retrouver dans une prochaine rubrique économique l'intégralité de l'entretien réalisé avec Bernadette Ségol.