Bohuslav Sobotka compréhensif face aux mesures d’austérité de Manuel Valls

Bohuslav Sobotka, photo: Filip Jandourek, ČRo

Ce vendredi, le Premier ministre tchèque poursuit sa visite officielle en France. Après sa rencontre avec François Hollande, le chef du gouvernement tchèque a participé au lancement de la campagne du Parti socialiste français en vue des élections européennes. Sa visite s’est achevée par une rencontre avec son homologue Manuel Valls.

Bohuslav Sobotka,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Bohuslav Sobotka a profité de l’occasion pour inviter Manuel Valls à Prague. Ce voyage pourrait constituer un moment propice à la signature d’un nouveau plan d’action relatif au partenariat stratégique entre la France et la République tchèque, dont les préparatifs se sont accélérés avec la visite de Bohuslav Sobotka en France. Au micro de notre correspondante à Paris, Kateřina Srbková, le Premier ministre tchèque évoque les autres sujets abordés avec Manuel Valls :

« Notre réunion avec le nouveau Premier ministre français s’inscrit dans la volonté de la République tchèque de renforcer ses relations avec ses partenaires de l’UE, car sans alliés nous ne pouvons faire valoir nos intérêts. Avec Manuel Valls, nous avons discuté de sujets qui sont à l’agenda européen. Dans le domaine de l’énergie, nous nous sommes accordés sur la volonté de nos deux pays d’exploiter l’énergie nucléaire et nous souhaitons que la stratégie énergétique de l’UE reflète cette réalité. »

La veille, le chef du gouvernement tchèque s’était exprimé lors de la soirée de lancement de la campagne européenne des sociaux-démocrates qui s’est déroulée au Cirque d’Hiver à Paris. Près de 1600 militants socialistes venant essentiellement de France, mais également d’Espagne et d’Italie ont ainsi assisté aux discours de personnalités issus de ce courant politique. Bohuslav Sobotka résume le propos qu’il a développé lors de cette soirée :

« Je n’ai pas tellement parlé de la campagne électorale, mais plutôt de l’expérience tchèque en tant que membre de l’Union européenne depuis désormais dix ans. J’ai qualifiée cette expérience de réussite car, grâce à l’UE, la croissance économique ainsi que le respect du droit ont été renforcés. Naturellement, j’ai également soutenu dans mon discours la candidature de Martin Schulz. »

Manuel Valls et Martin Schulz,  photo: CTK
L’allemand Martin Schulz, actuel président du Parlement européen, candidat des socialistes européens au poste de président de la Commission européenne, a ensuite pris la parole pour exposer ses priorités, telles que la lutte contre le dumping social et fiscal ou l’instauration d’un salaire minimum européen. La campagne des socialistes s’engage avant tout contre les politiques d’austérité. Ce discours anti-austérité est néanmoins mis à mal par le nouveau plan du Premier ministre français Manuel Valls visant à faire des coupures budgétaires à hauteur de 50 milliards d’euro. Bohuslav Sobotka se montre plutôt compréhensif à l’égard de son homologue :

« La France se trouve dans une situation où elle ne remplit pas les conditions du Pacte de stabilité et de croissance. Cela entraîne la nécessité de prendre des mesures budgétaires en vue de réduire le déficit des finances publiques. Mais le débat même à l’intérieur du Parti socialiste est intense, car le chef de l’Etat et d’autres membres du parti ne veulent pas sacrifier la croissance économique aux coupures budgétaires. Les discussions ont connu la même intensité en République tchèque et nous avons confirmé notre priorité de soutenir la croissance et l’emploi tout en maintenant le déficit en-dessous des 3% du PIB. »

Si les sociaux-démocrates européens nagent dans les contradictions, partagés entre les visions qu’ils réservent à l’Europe et les politiques qu’ils mènent déjà au niveau national, la campagne des sociaux-démocrates tchèques n’est pas non plus épargnée des sujets sensibles. Récemment, leur tête de liste, le sociologue Jan Keller a critiqué les négociations secrètes tenues pour l’élaboration du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement, qui vise à mettre en place une zone de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Pour le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, ce projet est apparemment sans risques :

« Je sais que le projet de la zone de libre-échange fait l’objet de critiques notamment au Parlement européen. Je n’oppose pas un débat approfondi sur tous les aspects de ce traité. Il faut ensuite évaluer s’il représente des risques pour l’Europe ou pour la République tchèque mais pour l’instant, nous n’en avons pas trouvé. »