Brexit : à Londres, Andrej Babiš s’est voulu optimiste

Andrej Babiš avec Theresa May, photo: Michal Krumphanzl/ČTK

Les affaires européennes occupent une grande partie de l’agenda du Premier ministre tchèque en cette fin de semaine. Avant de rencontrer Angela Merkel puis Emmanuel Macron à Prague ces vendredi et samedi, Andrej Babiš était en effet à Londres mercredi, où il a été reçu par Theresa May. Le Brexit, dossier important aux yeux des Tchèques, a été le thème principal de cet entretien avec la Première ministre britannique.

Andrej Babiš avec Theresa May,  photo: Michal Krumphanzl/ČTK
Avant d’exprimer son optimisme quant à l’issue des négociations entre Londres et Bruxelles à sa sortie du 10 Downing Street, le chef du gouvernement tchèque a d’abord fait part à Theresa May, en anglais, de son regret de voir le Royaume-Uni quitter l’Union européenne (UE). Dans une interview pour la BBC en septembre dernier, Andrej Babiš avait d’ailleurs évoqué l’organisation d’un second référendum, possibilité que n’envisage cependant absolument pas la Première ministre britannique.

Aux yeux du gouvernement tchèque, la priorité pour ce qui est du Brexit, reste la même depuis le début : tout en manifestant un « soutien total » à Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE, il importe d’abord pour Prague que les avantages que représentent le marché unique européen ne disparaissent pas à compter de mars prochain, et ce plus particulièrement en ce qui concerne la libre circulation des personnes travaillant dans un autre pays. Si besoin encore en était, c’est donc une nouvelle fois sur ce point précis qu’Andrej Babiš a insisté à Londres mercredi, y compris en cas de non-accord pour un traité de divorce en bonne et due forme qui satisferait chaque partie :

« Nous réfléchissons bien entendu à toutes les éventualités, mais nous devons nous préparer de façon à ce que, quoiqu’il arrive, la position des ressortissants tchèques qui travaillent en Grande-Bretagne ne soit pas remise en cause. »

Juste avant de s’embarquer pour Londres mercredi, Andrej Babiš avait reconnu que son homologue Theresa May, elle aussi à la tête d’un gouvernement minoritaire, n’était « pas dans une situation facile ». Pragmatique, il estime malgré tout que les choses avancent dans le bon sens :

« Tout le monde est un peu nerveux, mais il est dans l’intérêt de tous de s’entendre et de trouver à un accord. J’espère donc que nous y parviendrons d’ici à la fin du mois de novembre. Pour nous, Tchèques, il importe surtout que la coopération avec le Royaume-Uni ne change pas et reste ce qu’elle est. »

Andrej Babiš à Londres,  photo: Michal Krumphanzl/ČTK
Au-delà des travailleurs et de leurs droits, la perspective du Brexit inquiète aussi particulièrement les exportateurs tchèques. Le Royaume-Uni est pour eux le cinquième marché le plus important au sein de l’UE, avec une part d’environ 5 % du total annuel des ventes réalisées à l’étranger. Ce constat prévaut notamment pour l’industrie automobile. Dans ce domaine concret, l’économie tchèque serait même la plus touchée parmi les Vingt-Sept en cas de « Brexit dur ». Actuellement, la demande de véhicules au Royaume-Uni contribue à hauteur de 0,63 % au PIB tchèque, soit la part la plus importante de tous les pays membres (contre 0,58 % pour l’Allemagne et 0,55 % pour la Slovaquie).

Ces diverses inquiétudes n’ont cependant pas empêché Andrej Babiš de trouver un peu de temps dans la soirée de mercredi pour assister au concert donné à la Royal Academy of Music par la Philharmonie tchèque à l’occasion du centenaire de la fondation de la Première République tchécoslovaque. Ce concert, qui a mis à l’honneur les œuvres d’Antonín Dvořák et de Bedřich Smetana, constituait le temps fort de la Semaine tchèque organisée par l’ambassade tchèque à Londres.