Ça passe pour le budget de l’Etat 2016

Photo : ČTK

Pour la plus grande satisfaction de la coalition gouvernementale, le projet de budget pour l’année 2016 a été adopté par la Chambre des députés ce mercredi. Profitant de la bonne santé de l’économie tchèque, ce budget table sur un déficit de 70 milliards de couronnes (2,6 milliards d’euros), soit 30 milliards de moins que cette année. Pas suffisant cependant pour convaincre l’opposition, d’autant plus que les députés de la majorité ont débloqué de nouveaux financements, notamment pour l’enseignement supérieur, les retraites ou encore le sport.

Photo : ČTK
Des dépenses à hauteur de 1251 milliards de couronnes (plus de 46 milliards d’euros) et des revenus autour de 1181 milliards de couronnes (près de 44 milliards d’euros), c’est sur cette base que fonctionnera le budget de l’Etat tchèque pour l’année 2016. Un budget validé ce mercredi par 104 députés sur 192 votants, avec toutes les voix de la majorité et celle d’un membre du parti de l’Aube (Úsvit) ; de quoi combler de joie le premier ministre Bohuslav Sobotka. Le social-démocrate s’est permis d’inclure un smiley dans un tweet d’autosatisfaction puisque tout s’est déroulé « comme prévu dans l’accord de coalition en termes de soutien à la croissance et à l’emploi », indique-t-il. On l’écoute :

Bohuslav Sobotka,  photo : ČTK
« Le budget tel qu’il est conçu est un budget qui bénéficie du soutien clairement exprimé de la Chambre des députés. Il a également le soutien des partenaires sociaux dans le cadre des négociations tripartites, c’est-à-dire le soutien à la fois du patronat et des syndicats. Aussi, je suis persuadé qu’il contribuera l’an prochain à la prospérité de la République tchèque. »

Il s’agit du deuxième projet de budget élaboré par ce gouvernement avec un ministre des Finances, Andrej Babiš (ANO), qui se targue d’avoir réduit à nouveau le déficit du budget, cette fois-ci de 30 milliards de couronnes. Ainsi, avec un déficit prévu de l’ordre de 70 milliards de couronnes, celui-ci reste bien en-deçà de la barre des 3% du PIB, seuil dont Bruxelles interdit le franchissement dans le cadre des critères de convergence visant à l’adoption de l’euro.

Miroslav Kalousek,  photo : ČTK
Pour l’opposition, et notamment à droite, cela ne suffit pas. Le déficit est encore trop élevé d’après Zbyněk Stanjura, le président du groupe parlementaire ODS. Même son de cloche du côté de l’ancien ministre des Finances et nouveau président du parti conservateur TOP 09 Miroslav Kalousek, qui ne mâche pas ses mots :

« La mauvaise nouvelle, c’est qu’il s’agit d’un vrai budget de gaspillage, en particulier parce qu’il prévoit l’embauche de milliers de fonctionnaires supplémentaires. Au total, ils seront 21 000 en deux ans. Tout cela, ce sont les contribuables qui le paieront et c’est tout simplement inutile. »

Car les députés votaient le projet de budget dans son ensemble, mais avaient en plus auparavant à se prononcer sur différents postes de dépenses plus spécifiques. Les parlementaires ont donc décidé de rallonges dans les secteurs de l’enseignement supérieur (200 millions) et du soutien au sport (250 millions) avec de l’argent prévu initialement pour payer les intérêts de la dette. Des financements supplémentaires ont été également débloqués pour les travailleurs sociaux, notamment ceux rattachés aux municipalités et pour contribuer à l’emploi des personnes handicapées. Voilà qui laisse toutefois perplexe l’opposition de gauche au gouvernement, incarnée par les communistes. Parmi eux on trouve Jiří Dolejš :

Jiří Dolejš,  photo : ČTK
« Monsieur Babiš a beau se vanter du fait que les revenus du budget augmentent, cela est seulement lié à la croissance de l’économie. Cela n’est pas de son fait, cela n’est pas grâce à un meilleur fonctionnement de l’administration fiscale. Si de l’argent a finalement été trouvé pour les pensions de retraite, c’est simplement parce que la coalition gouvernementale a peur de dire aux retraités qu’elle n’a rien pour eux. »

La Chambre basse du Parlement a effectivement validé l’enveloppe de 600 millions de couronnes destinées à la prime unique que le gouvernement a décidé d’attribuer aux retraités en février prochain. Une mesure votée ce jeudi par le Sénat et largement motivée par la faiblesse de la revalorisation des pensions de retraite en 2016.