Budget de l’État : un déficit raisonnablement ambitieux pour la Tchéquie en 2025
Pour 2025, le projet de budget de l’État présenté récemment par le ministre des Finances, Zbyněk Stanjura, prévoit un déficit de quelque 230 milliards de couronnes (9,2 milliards d’euros), et ce, alors que la consolidation des finances publiques fait partie des priorités annoncées du gouvernement.
230 milliards de couronnes en 2025, c’est d’abord un déficit des comptes publics inférieur de 22 milliards (880 millions d’euros) à celui prévu pour la fin de cette année, un bilan qui devrait représenter 2,5 % du produit intérieur brut (PIB), soit 1,3 point de moins qu’en 2023.
Pour nombre d’économistes qui se sont exprimés depuis sa publication par le ministère début septembre, bien qu’il ne permettra pas d’éviter une nouvelle hausse de la dette publique - dont le montant devrait s’établir à 44,4 % du PIB en decembre 2025 -, ce budget prévisionnel constitue néanmoins un bon compromis entre, d’un côté, la volonté de la coalition gouvernementale de centre-droit dirigée par le conservateur Petr Fiala de rétablir un certain équilibre entre recettes et dépenses, et donc de réduire le déficit, et, de l’autre, celle de soutenir la croissance économique.
Mais compte tenu du contexte actuel, et alors qu’une croissance économique de près de 3 % est prévue pour 2025, beaucoup considèrent aussi qu’un déficit toujours supérieur à 200 milliards constitue une prévision « difficilement acceptable ». Analyste économique en chef à la Radio tchèque, Jana Klímová estime, elle, qu’il existe différentes manières d’envisager ce nouveau projet de loi des finances :
« Si l’on compare ce chiffre à ceux des années précédentes, lorsque la Tchéquie a traversé des crises majeures, comme avec la crise économique mondiale de 2009, les déficits étaient alors inférieurs à 200 milliards de couronnes. Aujourd’hui, alors qu’une croissance économique de près de 3 % est attendue pour l’année prochaine, il est question d’un déficit de 230 milliards. Les recettes et les dépenses sont, bien sûr, différentes de ce qu’elles étaient alors, on peut néanmoins penser que le déficit devrait évidemment diminuer. D’un autre côté, il y a eu le Covid, un énorme ralentissement de l’activité économique et une crise de l’énergie, avec des déficits qui ont atteint des montants de 500 milliards de couronnes. Dans ce contexte, un déficit de 230 milliards apparaît comme quelque chose de plutôt acceptable. »
Toujours selon Jana Klímová, l’un des débats les plus intéressants autour d’un projet de loi traditionnellement parmi les plus scrutés de l’année, était de savoir quel montant, face à une grogne croissante, serait affecté aux salaires des agents de la fonction publique :
« Il faut souligner que les personnels des ministères ne sont pas les seuls concernés. Il s’agit aussi des pompiers, de la police et de l’armée, des enseignants, des professions non enseignantes et de diverses organisations d’utilité publique, ou encore des administrations fiscales. Tout cela représente un nombre considérable d’employés dont les salaires réels ont baissé d’environ 16 % au cours des cinq dernières années en raison de la très forte inflation. Or, le projet pour 2025 ne prévoit qu’une augmentation de 4 % de la part du budget dédiée à ces salaires, ce que les syndicats considèrent comme tout à fait insuffisant. »
Parmi les cinq partis formant le gouvernement, les Pirates apparaissent pour l’heure comme les éléments les plus mécontents du projet présenté par Zbyněk Stanjura, membre du parti conservateur ODS, et qui doit être envoyé à la Chambre des députés d’ici la fin du mois de septembre. Lundi, leur leader, Ivan Bartoš, a répété que leurs ministres, au nombre de trois au sein de la coalition, pourraient ne pas voter en faveur de la loi si davantage de moyens n’étaient pas consacrés à la construction de logements à loyers abordables.
Plus généralement, alors que le montant global du service de la dette devrait augmenter de 5,3 % pour dépasser les 100 milliards de couronnes (environ 4 milliards d’euros), Jan Bureš, économiste en chef du groupe Patria Finance, considère que cette prévision de 230 milliards de dette fait de la Tchéquie un pays aux perspectives, en matière de finances publiques, raisonnablement favorables :
« Dans le contexte européen, c’est un chifre relativement ambitieux. Il est important de le comparer non pas aux montants nominaux des années précédentes, mais plutôt de le mesurer par rapport au PIB. Si ce déficit tourne autour des 2 %, alors nous pouvons considérer que c’est plutôt pas mal. Et c’est le même regard qu’il faut, selon moi, porter sur la dette. Je ne pense pas que nous puissions dire que nous sommes dans une spirale d’endettement. Même si la dette augmente, elle tendra à se stabiliser dans les années à venir par rapport au PIB nominal. À cet égard, la Tchéquie se range parmi les pays dont les perspectives sont plutôt raisonnables et c’est pourquoi je m’attends à une stabilisation du budget entre 44 et 45 % du PIB. »