Canicule en République tchèque : la sécheresse persistante met en difficulté l’agriculture
La canicule de ces derniers jours pulvérise des records. Avec une température maximale de 39,8 °C, ce samedi 8 août est devenu la journée la plus chaude de l’année. Outre les risques d’incendie et des effets négatifs que la chaleur a sur la santé de certaines personnes, ce sont surtout les dommages dans le domaine de l’agriculture provoqués par la sécheresse persistante qui inquiètent les experts.
Ces températures extrêmes sont à l’origine, entre autres, de nombreux incendies, dont le nombre a été trois fois plus élevé que d’ordinaire lors du week-end écoulé, ainsi que d’une importante sécheresse qui a des conséquences négatives dans le pays. Différentes mesures contre le gaspillage de l’eau potable et contre l’allumage de feux en pleine nature ont été prises par les autorités locales. Néanmoins, la sécheresse touche essentiellement le domaine de l’agriculture. Selon les experts, la terre est desséchée jusqu’à 20 centimètres de profondeur. Ce fait affecte la récolte de nombreux produits agricoles. Président de l’Union des agriculteurs tchèques, Martin Pýcha précise :
« Il semblerait que la sécheresse touche le plus les trois produits suivants : la betterave sucrière, les pommes de terre et le maïs. Les dommages les plus importants que l’on peut déjà observer concernent le blé et le colza, avec quelque 50 % de la production habituelle pour le blé et entre 80 et 90 % pour le colza. Quant aux autres produits agricoles qui sont encore en développement, nous ne pouvons pas prédire l’impact de la sécheresse sur ceux-là. »Journaliste et analyste agricole, Petr Havel poursuit en expliquant qu’une maigre récolte n’est pourtant qu’un des problèmes auxquels doit faire face le monde agricole et que les impacts de la sécheresse sont encore plus graves :
« La période de la sécheresse et des températures extrêmement élevées ont sans aucun doute de gros impacts sur l’agriculture, notamment quand les journées caniculaires s’enchaînent comme c’est le cas cette année. Mais les dommages ne concernent pas seulement la récolte mais aussi la production animale. Les risques du manque du fourrage pour les animaux domestiques sont considérables vu l’absence de regain après la fenaison et les dommages sur le maïs. Ainsi, si la sécheresse se reproduisait, elle atteindrait l’agriculture de manière globale. Néanmoins, ce problème ne concerne pas seulement la République tchèque qui est un petit pays. Il doit être traité du point de vue européen, voire mondial. »
Petr Havel ajoute que les dommages sont en grande partie causés par une mauvaise culture de la terre. La création de grands ensembles de champs qui sont plus enclins à l’érosion causée par les pluies torrentielles est à l’origine de la pauvreté du sol qui n’est plus capable de retenir l’eau et de se protéger ainsi de la sécheresse. Le bioclimatologue Miroslav Trnka ajoute qu’un changement dans ce domaine est nécessaire :« Nous devons chercher une solution systémique. Un premier pas peut consister à retenir le plus d’eau possible dans les campagnes. Ceci pourrait être fait en créant de grands réservoirs. Il est néanmoins important d’aménager le terroir de telle manière qu’il puisse retenir l’eau tout seul. »
Selon les dernières prévisions météorologiques, la canicule devrait se poursuivre au moins jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Dans les semaines suivantes, les températures devraient baisser, mais la sécheresse et les températures élevées pourraient persister jusqu’au début du mois de septembre.