Sécheresse : les agriculteurs tchèques déjà au supplice
Bonne nouvelle : il devrait pleuvoir ce week-end et dans les jours suivants, si l’on en croit les prévisions météorologiques. C’est que, comme dans de nombreux endroits ailleurs en Europe, le mois d’avril a été particulièrement sec cette année encore. Les agriculteurs souffrent tout particulièrement de la pénurie d’eau.
Les Tchèques peuvent se rassurer. Comme le veut une vieille tradition païenne, ils devraient pouvoir se rassembler autour d’un bûcher ou d’un feu de bois improvisé mardi soir prochain pour brûler les sorcières et, accessoirement, au son des guitares, déguster saucisses et bière (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/nuit-de-walpurgis). Appliquée depuis le milieu de cette semaine sur l’ensemble du territoire, l’alerte aux incendies devrait être levée grâce au retour annoncé des précipitations.
Quinze à vingt millimètres de pluie sont attendus d’ici au milieu de la semaine prochaine, un volume donc encore très largement insuffisant pour faire le bonheur des agriculteurs. Depuis dimanche dernier, les deux niveaux de sécheresse les plus élevés – sur une échelle de six – se sont étendus sur un tiers du territoire tchèque. Par rapport à 2018, qui a déjà été une année record, ce temps sec est arrivé un mois plus tôt encore cette année. Faute de stocks d’eau dans le sol, rien ou presque ne pousse donc comme cela est le cas habituellement, et ce alors même que la principale saison de végétation ne fait que commencer, comme s’en lamente Lubomír Vent, cultivateur de la commune de Podbořany, dans le nord-ouest de la Bohême :
« L’année dernière et cette année sont anormalement sèches. Bien davantage encore que les précédentes. L’année dernière, les récoltes ont été inférieures d’un tiers aux volumes moyens sur le long terme (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/economie/la-mauvaise-recolte-de-pommes-de-terre-va-faire-doubler-les-prix). Nous avons même renoncé à certaines cultures comme celle du colza tant le sol était sec l’automne dernier. Le risque de pertes était trop grand. Mais ce n’est pas mieux par exemple pour la moutarde blanche. Les graines ne germent toujours pas, elles ont besoin d’eau. »
Avec une température moyenne de 9,6 °C, soit 1,7 °C de plus que la température moyenne mesurée sur le long terme, 2018 a été l’année la plus chaude en République tchèque depuis 1961, année depuis laquelle l’Institut hydrométéorologique tchèque (ČHMÚ) relève les données climatiques à l’échelle de tout le pays. A l’exception de février et mars, tous les mois de l’année ont été plus chauds que ce qu’ils ne le sont normalement. Associée à un volume de précipitations très inférieur à la moyenne, cette tendance du mercure à toujours grimper plus vite et plus haut inquiète de plus en plus les Tchèques en général (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/de-quoi-ont-peur-les-tcheques), et, naturellement, plus particulièrement donc encore les agriculteurs, quel que soit le type de culture. Producteur de houblon dans la région très réputée de Žatec, en Bohême du Nord (https://www.radio.cz/fr/rubrique/economie/les-conditions-pour-les-cultures-de-houblon-et-de-malt-en-republique-tcheque-se-degradent), Josef Ježek se lamente lui aussi :« Le besoin en humidité du houblon est de 3 500 mètres cubes par hectare. Or, si je prends en considération la culture de l’année dernière, nous en sommes arrivés à quelque 150 millimètres, ce qui signifie qu’environ la moitié de l’eau nécessaire a manqué à la végétation. »
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Cette sécheresse menace tout autant le bétail. Avec ses 2 700 vaches, Zdeněk Dufek, président de la coopérative de Košetice, dans la région de Vysočina (centre de la République tchèque) n’est guère plus optimiste que ses collègues :
« A cette époque de l’année, nous devrions encore disposer de suffisamment de paille pour nourrir les bêtes. Là, faute d’herbe, il ne nous reste déjà plus grand-chose et je suis très inquiet quand je pense aux semaines à venir. Le rendement est du coup nettement moindre. Jusqu’à présent, la production quotidienne de lait est en moyenne de deux à trois litres inférieure à celle de l’année dernière. »
Autre type de végétation, forêts et bois sont eux aussi gravement endommagés par une sécheresse qui favorise le développement du scolyte tant redouté. S’il ne s’agit pas encore des dix plaies d’Egypte, les torts causés par un réchauffement climatique qui se confirme année après année, sont donc, d’ores et déjà, bien concrets.