Cérémonies de remise de diplômes de l'Université Charles : le poids d'une histoire longue de 656 ans
Si le second semestre, dit d'été, de l'année universitaire 2003-2004 ne prendra fin qu'en septembre prochain avec la dernière période d'examens, dans toutes les universités du pays, les cérémonies de remise des diplômes battent cependant leur plein actuellement. Ainsi, à Prague, au Carolinum, siège historique de la prestigieuse Université Charles, pas moins de soixante-dix de ce que les Tchèques appellent « promoce », promotion, se tiennent en ce mois de juillet. Découverte du faste et de la tradition de la plus ancienne université d'Europe centrale.
Fondée en 1348, entre autres sur le modèle de la Sorbonne à Paris, par Charles IV de Luxembourg, roi de Bohême et futur empereur germanique, l'Université Charles respecte encore aujourd'hui l'une de ses vocations initiales : attirer à Prague les élites intellecuelles tchèque et européenne. Et à travers les cérémonies de remise de diplômes, dont la mise en scène si pompeuse affecterait presque la solennité du moment, c'est cette conception élitiste de la transmission du savoir que la Karlova Univerzita garde jalousement. Les airs d'orgue et le discours en latin prononcé pour l'occasion par le doyen de l'une des 17 facultés que compte l'université sont d'ailleurs là pour rappeler tout le poids de l'histoire.
Pour la grande majorité des étudiants de l'université pragoise, le cursus commence et se finit donc dans le grand hall du Carolinum, une ancienne chapelle du XIVe siècle, sous le regard de la statue de Charles IV, mais aussi celui de leurs familles et de leurs amis. Voilà quelques années, au même endroit, lors de leur cérémonie d'immatriculation, ces mêmes jeunes gens avaient promis de remplir les obligations liées à leur nouveau statut et d'honorer le contrat moral conclu avec l'université. Cette fois-ci, alors que certains d'entre-eux, selon la matière choisie, ont parfois plus d'une centaine d'examens derrière eux, ils reçoivent enfin le diplôme frappé du sceau médiéval de l'illustre établissement, « parchemin » qui conclut un chapitre de leur vie et en ouvre un autre. Coeur battant, tête haute, ils peuvent alors quitter les lieux, fiers et émus, tandis que leur « tuteur », l'éternel Charles IV, continue de les couver de son regard sévère, mais protecteur et bienveillant.