Charlie Hebdo : mobilisation de solidarité devant l’Ambassade de France à Prague

Photo: ČTK

Pendant toute la journée de jeudi, décrétée jour de deuil national en France, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le palais Buquoy, siège de l’ambassade de France à Prague, à quelques pas seulement du mur John Lennon, afin de manifester leur solidarité suite à l’attentat perpétré à la rédaction de Charlie Hebdo mercredi, qui a fait douze victimes. Après avoir observé une minute de silence à midi, Tchèques, Français et étrangers, se sont notamment réunis devant l’ambassade dans la soirée pour se joindre au mouvement « Je suis Charlie ». En République tchèque, un rassemblement a également eu lieu devant le siège de l’Alliance française de la ville de Brno. En ces moments difficiles, Radio Prague s’est entretenue avec l’ambassadeur français en République tchèque, Jean-Pierre Asvazadourian, qui pour défendre la liberté d’expression, cible de l’attaque de mercredi, a notamment fait part ce jeudi d’une citation apocryphe de Voltaire: « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire.».

Jean-Pierre Asvazadourian et Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
« A la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo, une immense émotion a parcouru toute la France, et bien au-delà. A l’étranger, des manifestations de solidarité se sont organisées, à la fois par les communautés françaises ou tout simplement par toutes les personnes qui ont été touchées par cet attentat. Comme vous avez pu le voir, en France, dès le jour-même de l’attentat, des gens se sont réunis dans les villes, pour témoigner de leur respect, de leur sympathie à l’égard des victimes, et soutenir les valeurs, qui avaient été attaquées, à travers les personnes qui ont été assassinées. Je crois que ce sont les mêmes sentiments qu’ont animés également les communautés françaises à l’étranger, mais également toutes les personnes qui ont souhaité s’associer à cette douleur et à ce moment de respect. Je crois c’est ce qui s’est passé ici. Comme vous le savez, la journée d’hier était un jour de deuil national pour la France, journée de deuil qui avait été décrétée par le président de la République. Tous les établissements publics, dont l’ambassade de France ou l’Institut français à Prague, avaient mis leur drapeau en berne et ont observé à midi une minute de silence à la mémoire des victimes. Cela s’est passé à l’Institut français, au Lycée français de Prague et également devant l’ambassade où tous les personnels de l’ambassade se sont réunis à l’extérieur, dans un lieu où des Tchèques et des Français avaient déposé dès la veille des bougies, des fleurs, à la mémoire des victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Ensuite, les communautés françaises et les personnes qui ont voulu s’associer, ont voulu aussi elles-mêmes se rassembler. C’est ainsi qu’hier soir, effectivement des gens sont venus se rassembler devant l’ambassade, spontanément pour honorer la mémoire des victimes de cet attentat et pour marquer notre attachement aux valeurs de liberté de la presse, aux valeurs de liberté d’expression. »

Quelle a été la charge émotionnelle sur place devant l’ambassade jeudi ?

Photo: ČTK
« Elle a été très forte. Je crois que l’on sentait tous que dans la diversité de ce que nous étions, Français, Tchèques, mais aussi des personnes d’autres nationalités, c’était un moment à la fois de respect mais aussi de partage. Tout le monde sentait que dans la diversité des personnes présentes, il y avait aussi une volonté de rassemblement, d’unité, et la volonté de soutenir ces valeurs qui sont très importantes pour la France, mais également pour nos démocraties. »

Un livre de condoléances a également été ouvert dans le hall de l’ambassade de France à Prague. Quelles sont les réactions ou les pensées que les personnes y ont annotées jusqu’à présent ?

« Ce livre permet à tous de venir apporter leur témoignage, leur sentiment de sympathie, de partage, de la peine, de la douleur, du choc ressenti. Je crois que le sentiment dominant, c’est une volonté de s’associer, une volonté de faire front aussi contre les menaces qui pèsent sur des valeurs auxquelles on est très attaché, qui sont des valeurs républicaines, des valeurs de démocratie. Et c’est le sentiment qui domine chez les personnes qui viennent et qui sont à la fois des représentants d’institutions mais également de simples citoyens français, travaillant ou vivant dans ce pays, et citoyens tchèques, venant apporter leur témoignage de solidarité. Ce qui est le plus touchant certainement, c’est de voir ces témoignages très spontanés. »

Dans les jours à venir, quels seront les élans de solidarité que l’Ambassade de France compte organiser avec les différents collectifs tchèques et français ?

Photo: ČTK
« Je crois que la notion de spontanéité est très importante, parce que ces rassemblements qui ont eu lieu en France ou à l’étranger sont le fruit aussi de la volonté des communautés de se rassembler et d’avoir un témoignage d’unité de solidarité. Dans les prochains jours, d’autres rassemblements de cette nature devraient avoir lieu. Ils sont évidemment spontanés, multiples, ils sont le fruit de diverses initiatives. Demain (samedi 10 janvier 2015, ndlr.), toujours devant l’ambassade, sur cette place des personnes devraient également se rassembler à la mémoire des victimes du Charlie Hebdo. Les choses évoluent très vite, selon les rassemblements que les gens souhaitent organiser. Il y a beaucoup d’initiatives qui convergent et qui s’organisent progressivement, notamment grâce aux réseaux sociaux qui permettent d’atteindre beaucoup de gens, et ce non seulement à Prague mais aussi en province. J’ai pu voir que dans différentes villes de province, des personnes avaient souhaité se rassembler pour un hommage. Ce qui est aussi très fort, et que je ressens avec beaucoup d’émotions, c’est la spontanéité de ces rassemblements qui viennent de toutes parts et la volonté de s’associer pour un instant, à ces condoléances, et à ces témoignages de sympathie et de soutien. »