Choc des goûts au marché français de Prague

Des passants dégustant des spécialités françaises

Le marché français de Prague a ouvert ses portes le mardi 12 juillet sur la place Na Kampě. C’est le moment de retrouver des traditions françaises grâce aux nombreux stands présents.

Du pâté aux crêpes en passant par le vin, c’est toute la gastronomie française qui s’étend au pied du pont Charles. L’occasion est donc toute trouvée pour revenir sur les principales différences entre les gastronomies tchèque et française. Les deux pays sont des grands amateurs de viande comme avec le řizek, plat tchèque traditionnel et son homologue, l’escalope.

L'entrée du marché français | Photo: Thelma Guilbot,  Radio Prague Int.

Pour Lubo du stand corse, la différence majeure tient aux techniques utilisées :

« Tout ! Il y a quelques techniques très similaires comme lorsque l’on travaille sur un bœuf bourguignon ou un goulasch, il y a toujours la question de braiser la viande mais les ingrédients et les assaisonnements et la façon de travailler les éléments est totalement différente. C’est donc très différent, il y a des Français qui aiment de temps en temps la cuisine tchèque et au contraire les Tchèques aiment bien tout ce qui est français ».

Différences de techniques et d'accompagnements

Au contraire, pour Chantale qui représente le Bistrot Français, la différence se trouve surtout au sein des accompagnements. En effet, la cuisine tchèque a été fortement influencée par les cuisines alentours comme la germanique ou la balkanique. En conséquence, elle est assez grasse et copieuse :

« Déjà la gastronomie française utilise beaucoup plus de beurre que la cuisine tchèque et ce ne sont pas les mêmes produits avec lesquels on travaille. Il y a moins de diversité au niveau technique des sauces ou des bases ; ce sur quoi la cuisine tchèque est fondée. Elle est donc plus lourde mais on aime ça aussi ! ».

Mais ce n’est pas tout, selon Pauline, vendeuse à un stand de crêpes, la différence tient aussi au taux d’exportation de la cuisine tchèque :

« Je pense que la gastronomie française est vraiment très connue dans le monde et surtout très représentée. Lorsqu’on parle de la France, on parle du fromage, des baguettes ou du vin, alors que la gastronomie tchèque, lorsque je suis arrivée, je ne connaissais pas du tout. Il y a beaucoup de plats en sauces, de viande, peu de poisson, ce qui est normal et compréhensible. C’est donc très différent mais aussi bon ! »

L'allée des divers commerçants au marché français | Photo: Thelma Guilbot,  Radio Prague Int.

Exportation et savoir-faire

La France a en effet transformé sa gastronomie en une arme de soft power (conceptualisé par Joseph Nye). Le guide Michelin, le Bocuse d’Or, les nombreuses écoles de cuisine française à l’étranger, l’inscription de la gastronomie française au pratrimoine mondial immatériel de l’Unesco sont autant d’éléments qui participent au rayonnement international de la France. En 2014, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait même fait connaître sa volonté de développer la gastro-diplomatie pour encourager les investissements étrangers, le tourisme et le commerce.

Enfin, pour Valexia, pâtissière du Café Milème, la différence tient plus à la tradition du savoir-faire français, une tradition qui, pour la pâtisserie, remonte au Moyen Age :

Des stands du marché français | Photo: Thelma Guilbot,  Radio Prague Int.

« La pâtisserie française est la pâtisserie qui est à l’initiative dans le monde car la tradition française d’architecturer les goûts, les saveurs et les couleurs vient de là avant de se propager dans le monde entier. Ensuite, dans la culture tchèque, ils utilisent plus des produits locaux comme les noisettes ou les noix. Il y a donc plus une spécificité de goût, avec plus de fruits secs. »

La Tchéquie a elle aussi ses atouts en terme de gastronomie. Les gourmands, souvent frustrés des petites quantités dans les restaurants français, trouveront satisfaction dans les plats tchèques, souvent difficiles à terminer tant l’assiette est remplie. Par ailleurs, les cartes des restaurants restent très abordables, des petits prix souvent responsables de quelques plaisirs coupables.

Se restaurer reste finalement une affaire de plaisir, et c’est d’ailleurs par ces mots que Valexia du stand de pâtisserie résume son expérience au marché français :

« C’est vraiment pour se faire plaisir et faire plaisir aux locaux et aux touristes ou à toute personne qui pourrait passer, qui pourrait être surprise par ce marché en passant par le pont Charles et en descendant les quelques marches pour arriver là ».

Le marché français de Prague reste ouvert jusqu’au 17 juillet, ce qui laisse le temps de venir (re)découvrir les spécialités françaises et se faire son propre avis sur la question des différences culinaires avec la Tchéquie.