Colère des agriculteurs : le ministre tchèque satisfait de l’assouplissement de la politique de l’UE
Confronté au relatif mécontentement des agriculteurs tchèques, qui ont manifesté à deux reprises la semaine dernière, le ministre de l’Agriculture, Marek Výborný, est rentré de la réunion avec ses homologues européens, lundi à Bruxelles, avec plusieurs motifs de satisfaction.
C’est au son des klaxons de quelque 900 tracteurs, un concert auquel les manifestations des agriculteurs tchèques la semaine dernière ne l’avaient pas trop habitué, que Marek Výborný et les vingt-six autres ministres européens de l’agriculture ont été accueillis à Bruxelles lundi matin. Un mécontentement général que le ministre tchèque a dit comprendre, affirmant que tous avaient « pris conscience de la nécessité de cesser de se contenter de discuter et d’apporter des solutions rapides aux agriculteurs et aux éleveurs ».
Interrogé par la Radio tchèque, lundi soir, le ministre tchèque a d’abord fait part de sa satisfaction concernant une avancée plus particulièrement : la baisse de 50 % des visites de contrôle sur site qui, à l’en croire, était une suggestion faite par lui-même :
« Je dois dire que l’initiative émanant de la République tchèque lors de la précédente réunion des minitres en janvier, a vraiment abouti. Le commissaire m’a annoncé que la Commission allait de facto réduire immédiatement de 50 % le nombre de contrôles de la surveillance numérique des sols. Je suis heureux que la Commission ait compris les arguments avancés la dernière fois, à savoir qu'il n’est pas possible de numériser l’agriculture d’un côté et d’augmenter le nombre de contrôles d’un autre côté. »
En Tchéquie, les enjeux liés à l’agriculture ne sont pas tout à fait les mêmes que dans d’autres pays européens, dans les pays d’Europe de l’Ouest notamment. La part des travailleurs dans le secteur (sylviculture et pisciculture comprises) ne représente en effet qu’un peu plus de 2 % de la population active totale. Cette faible population agricole signifie aussi des surfaces d’exploitation beaucoup plus grandes. En début d’année, lors d’une conférence au Sénat, il avait ainsi été expliqué que la taille moyenne des exploitations en Tchéquie était aujourd’hui dix plus fois plus grande qu’en Pologne voisine (130 hectares contre 11,42 hectares).
De même, les fermes de type familial, qui représentent environ 90 % de l’ensemble des exploitations, ne couvrent que 30 % de la surface totale des terres cultivées en Bohême et en Moravie. Cette prépondérance des grandes, voire même très grandes exploitations, constitue un avantage en termes de prix de production, mais aussi dès lors qu’il s’agit de questions telles que l’accès aux emprunts, les employés spécialisés, la bureaucratie ou encore le respect des contraintes environnementales.
Autant d’éléments, parmi d’autres, qui expliquent pourquoi la colère des agriculteurs tchèques a été moindre qu’ailleurs en Europe ces dernièrers semaines. Et pourquoi aussi leurs revendications, souvent confuses et mal formulées, ont finalement été moyennement comprises. On peut d’ailleurs même se demander si les agriculteurs tchèques auraient protesté si leurs collègues européens n’avaient pas exprimé leur ras-le-bol avant eux.
Néanmnoins, parmi les quelques points qui ont poussé les agriculteurs tchèques à se joindre au mouvement de contestation, figurait celui d’une meilleure utilisation des jachères. Et là aussi, Marek Výborný s’est dit plutôt satisfait des discussions de lundi :
« Oui, je dois dire que j’ai des nouvelles positives pour les agriculteurs tchèques. Au moins pour cette année, il y aura une exemption de l’obligation de laisser jusqu’à 9 % des terres en jachère, ce qui signifie qu’il sera possible de semer des cultures fixatrices d’azote, telles que la luzerne ou le trèfle, qui pourront ensuite être utilisées pour la production animale. Nous n’aurons pas à laisser ces terres en jachère. »
Le ministre tchèque, qui estime que « moins réglémentation et plus de motivation sont nécessaires pour améliorer le fonctionnement de l’agriculture européenne », s’est par ailleurs dit convaincu qu’une « réduction substantielle de la charge administrative et un équilibre entre l’ambition environnementale et la compétitivité constituent non seulement la réponse aux protestations actuelles, mais aussi un facteur crucial pour l’avenir de l’ensemble du secteur. »