Commémoration du sort des 4000 Juifs tchèques de Terezin morts en 1944
Il y a 60 ans, dans la nuit du 8 au 9 mars 1944, près de 4000 Juifs tchèques et moraves trouvaient la mort dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Une tragédie de l'histoire tchèque tombée dans l'oubli, et qui seulement depuis quelques années, suscite un intérêt grandissant, notamment du coté des historiens et intellectuels.
Dans la nuit du 8 au 9 mars 1944, plusieurs centaines de familles juives, tchèques et moraves, sont déplacées du camp de Terezin vers le camp d'Auschwitz-Birkenau ou elles sont immédiatement exterminées. Regroupées dans le camp dit familial de Terezin, ces familles avaient eu auparavant un traitement particulier, presque privilégié pour l'époque, puisque parents et enfants n'avaient pas été séparés et qu'ils n'avaient pas subi de traitements dégradants, comme le fait d'être entièrement rasés ou de devoir passer des sélections. Jusqu'à cette nuit de mars. Pourtant, cet épisode tragique est tombé quelque peu dans l'oubli en République tchèque, alors même que la tragédie de Lidice marquent des générations d'écoliers, depuis 60 ans. Pourquoi cet oubli? Dans l'immédiat après guerre, c'est la souffrance du peuple tchèque sous l'occupation nazi et sa lutte héroïque dans son ensemble qui sont mises en valeur. Les juifs sont ainsi longtemps comptabilisés parmi les héros de la nation tchèque, sans aucune distinction. A l'époque communiste, l'idée de lutte nationale est tout d'abord reprise, puis c'est la Journée mondiale de la femme qui vient couvrir cette date du 8 mars. Pour ces diverses raisons, les lieux de mémoire et les événements liés à la solution finale sont rares dans le pays. Bien conscients que l'extermination des juifs tchèques, en tant qu'épisode de l'histoire tchèque, doit impérativement faire partie de la mémoire collective du pays, de nombreux historiens et intellectuels tentent d'établir une nouvelle relation avec l'histoire. Pour créer une mémoire collective, il faut à l'évidence s'atteler à l'éducation des jeunes générations, et donc aux manuels d'histoires, qui sont progressivement remaniés depuis 1989. Les éditeurs scolaires semblent avoir du mal à se détacher de l'ancienne manière de présenter l'histoire de leur pays. En effet, si le sort des Juifs et des Roms, et les atteintes aux droits de l'Homme en général, sont abordés dans les nouveaux manuels, la persécution des juifs tchèques de Terezin y reste assez marginale.