L'assassinat massif de près de 4000 Juifs tchèques, dans les chambres à gaz d'Auschwitz, le 8 mars 1944, est commémoré par deux expositions : l'une à New York, l'autre à Terezin.
"Le camp familial des prisonniers de Terezin à Birkenau." C'est sous ce titre que le Musée du ghetto de Terezin familiarise le visiteur avec les photographies, photocopies de documents de l'époque et dessins des prisonniers. Des témoignages qui saisissent la vie dans le ghetto de Terezin et plus tard les souffrances des prisonniers au camp d'Auschwitz-Birkenau, où ils étaient transportés. Le camp dit familial de Terezin différait des autres parties de l'enfer d'Auschwitz. Les blocs pour hommes et femmes n'étaient pas séparées par des fils barbelés. Il y avait un bloc pour enfants, avec une meilleure nourriture. Cela jusqu'à la nuit tragique du 8 au 9 mars 1944 où 3 792 déportés ont été exterminés dans les chambres à gaz. L'existence du camp est un phénomène toujours pas entièrement élucidé de la Shoa. L'argument le plus fréquemment utilisé selon lequel le camp devait être un instrument de la propagande nazie après la visite scandaleuse d'une délégation de la Croix rouge à Terezin est refusé par les rares survivants, dont Dagmar Lieblova. Arrivée à Terezin avec sa famille en juin 1942, un hasard l'a sauvée de la mort. En tant que présidente de l'Initiative de Terezin, Dagmar Lieblova essaie d'expliquer aux jeunes ce qu'était l'holocauste. Elle n'arrive pas à comprendre pourquoi ils dessinent des croix gammées sur les murs. "Est-ce parce que nous faisons peu pour leur dire quelles souffrances nous avons vécu ?", demande-t-elle.
L'exposition qui vient de commencer à New York, à l'Institut d'études juives, présente les dessins d'Alfred Kantor, prisonnier du ghetto de Terezin transféré plus tard du camp d'Auschwitz. La majorité de ses dessins d'Auschwitz a été détruite. Grâce à ses connaissances de techniques artistiques et sa mémoire photographique visuelle, Alfred Kantor a reconstitué des centaines de dessins illustrant la réalité de la vie dans le camp d'une manière qu'on ne trouve pas sur d'autres documents. Fixé à New York et plus tard dans l'Etat de Maine, Alfred Kantor a visité la Tchécoslovaquie, après 1989, et exposé ses oeuvres à Terezin et à Prague. Il est mort le 16 janvier 2003. La présente exposition de ses dessins à New York, organisée avec le concours de la Communauté juive de Prague, est aussi une impulsion pour collecter des moyens qui permettront l'édification d'une pension pour seniors juifs ayant survécu à l'holocauste. La pension sera ouverte en 2006, à Prague, dans les locaux de Hagibor.