La République tchèque célèbre elle aussi la mémoire des victimes du camp d’Auschwitz

Terezín, photo: ČTK

Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, ce mardi 27 janvier marque également le 70e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz. Parallèlement aux cérémonies qui se déroulent en Pologne, la République tchèque a accompli elle aussi son devoir de mémoire à travers différentes manifestations commémoratives à Prague et à Terezín.

Andrej Kiska et Miloš Zeman,  photo: ČTK
Lundi, le président de la République, Miloš Zeman, et son homologue slovaque Andrej Kiska se sont rendus au mémorial de Terezín, ghetto et camp de transit pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est précisément depuis Terezín que près de 87 000 personnes ont été envoyées en direction d’Auschwitz-Birkenau, où plus de 1,3 millions de prisonniers ont été exterminés.

Terezín,  photo: ČTK
Dans le cadre de ces commémorations, la capitale tchèque accueillait ces lundi et mardi la 4e édition du forum « Let My People Live ». Organisé conjointement par le Congrès juif européen (CJE), et le Parlement européen, cet évènement veut promouvoir un dialogue entre les différentes cultures et religions. A la lumière de l’actualité internationale, la problématique de l’antisémitisme et la montée de l’islamisme radical faisaient partie des principaux thèmes de cette conférence. Dès lundi, le président du Congrès juif européen, Moshe Kantor, a inauguré le forum en affirmant que la communauté juive d’Europe était proche d’un « nouvel exode », mais qu’il était nécessaire de ne pas faire d’amalgame entre musulmans et islamistes. Selon Moshe Kantor, dans certains de ses aspects, « le djihadisme est très similaire au nazisme et on peut même affirmer qu’il s’agit de deux visages d’un même mal »

Suite aux différentes attaques dont a été victime la communauté juive en Belgique ou en France ces derniers mois, Moshe Kantor a appelé à la mise en place d’une législation européenne commune et à la création d’un représentant spécial qui serait chargé de la question de l’antisémitisme. Si le chef de l’Etat tchèque semble peu favorable à une solution législative, arguant qu’il n’est possible de « désarmer les terroristes qu’avec de nouvelles armes », le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, lui, a soutenu cette proposition législative :

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« Je considère l’idée de ce délégué ou de ce représentant spécial comme très utile. Nous devons nous rendre compte que nous sommes confrontés à un problème, auquel nous devons donner un nom. Il n’est pas possible de faire comme si tout était en ordre. »

Lors de la deuxième journée du forum, cette fois en présence du président du Parlement européen Martin Schulz, près d’une trentaine de présidents de parlemens se sont mis d’accord sur une vingtaine de mesures préventives visant à lutter contre la menace islamiste, néonazie et antisémite en Europe. Lors de son discours prononcé au Château de Prague ce mardi, Miloš Zeman s’est prononcé en faveur « d’une action armée unifiée à l’encontre des terroristes » :

Miloš Zeman,  photo: ČTK
« Nous devons nous poser la question de savoir, si une récidive d’une situation similaire à celle de la Seconde Guerre mondiale est possible à une plus grande échelle, et si elle pourrait inclure cette fois non pas six millions de Juifs, mais des membres de différentes confessions, des athées et des musulmans. Souvent sous-estimé, l’Etat islamique possède des caractéristiques semblables à celles du régime de l’Allemagne nazie du début des années 1930. Selon moi, ce qui nous menace c’est un ‘super-holocauste’, dont les victimes pourraient être des centaines de millions de personnes. »

Tomáš Jelínek,  photo: ČT24
Quant à l’ancien président de la communauté juive de Prague, Tomáš Jelínek, celui-ci a indiqué à propos du forum :

« Je crois que la question que devrait établir ce forum n’est pas tant la question de l’antisémitisme, mais plutôt la façon dont la communauté européenne va se rassembler et s’unir pour faire face, ensemble, à l’extrémisme, qui provient soit de l’intérieur de nos sociétés, soit de l’extérieur, comme l’est par exemple, l’Etat islamique. »

Les commémorations se sont poursuivies ce mardi à l’ancien ghetto de Terezín en présence des présidents des deux chambres du Parlement, du ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, de délégations étrangères ainsi que des quatre-vingt-dix survivants tchèques de l’Holocauste. De son côté, Bohuslav Sobotka représente la République tchèque à Auschwitz lors de la cérémonie organisée par le Congrès juif mondial.