Comment discuter de l’immigration avec les enfants tchèques ?

Source: META, o.p.s.

Une nouvelle campagne, intitulée « Hello Czech Republic », devrait permettre aux enseignants tchèques de traiter des thèmes relatifs à l’immigration. Destinée aux élèves de collège et de lycée, elle est composée de plusieurs matériaux qui invitent ces enfants, de manière ludique, à débattre sur différentes questions actuelles qui agitent la société européenne.

Zuzana Vodňanská,  photo: Site officiel de l'association META
Aider les étrangers à s’intégrer au système scolaire tchèque et aider les pédagogues tchèques à leur fournir un enseignement de qualité. Tels sont, depuis plus de dix ans déjà, les deux principaux objectifs de l’association META qui a présenté, mercredi dernier, les matériaux développés dans le cadre de la campagne « Hello Czech Republic ». Directrice de l’association, Zuzana Vodňanská précise :

« Je voudrais d’abord souligner qu’il ne s’agit pas en général d'un manuel destiné à aider les enseignants à traiter de la crise migratoire. Il s’agit de matériaux pédagogiques et méthodologiques afin d’aider les enseignants à traiter des sujets comme l’identité, la peur, la migration ou l’intégration, des thèmes qui doivent être intégrés dans l’enseignement. Nous avons seulement préparé un instrument de plus qui peut aider les enseignants à travailler avec ces thèmes-là. »

Pourtant, ce dernier doit actuellement faire face à la critique de divers représentant de l’Etat dont la ministre de l’Education, Kateřina Valachová, qui s’oppose notamment à une activité appelée « La fuite vers le Peacestan » dans laquelle les élèves eux-mêmes deviennent, suite à un accident nucléaire, des réfugiés et qui, dixit la ministre, pourrait les effrayer. De même, le président Miloš Zeman considère cette campagne comme « idiote et dangereuse » et la compare à la propagande bolchevique.

Source: META,  o.p.s.
Dans son entretien accordé à Radio Prague, Zuzana Vodňanská présente plus en détails les objectifs de la campagne, ainsi que certaines des activités, tout en affirmant que ces dernières ont suscité l’enthousiasme des enseignants qui ont participé à l’adaptation des matériaux, ainsi que des enfants lors de l’expérimentation pilote :

« Les matériaux sont composés d’une bande-dessinée et d’un film, qui sont tous deux basés sur des histoires réelles de personnes réelles. La BD présente l’histoire d’un garçon afghan qui part pour l’Europe et finit en Suède. La majeure partie de la BD décrit tout ce qu’il doit surmonter pendant son voyage vers l’Europe. Et le film présente l’histoire d’une fille kurde qui est envoyée en Suède par sa mère et il raconte comment elle se débrouille toute seule parce qu’elle, ainsi que le garçon afghan, sont mineurs. Il faut dire que ces matériaux viennent originairement de la Suède (la BD et le film ont été élaborés par l’ONG Friends et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ndlr.) et nous les avons adaptés, en coopération avec le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Prague, pour les écoles tchèques. A part cela, nous avons préparé un livre méthodologique pour les enseignants. Il y a treize activités dont deux sont liées au film et à la BD et les autres peuvent être réalisées indépendamment. »

Source: META,  o.p.s.
Une autre activité dans le manuel est intitulée « La fuite vers le Peacestan ». Pouvez-vous en dire davantage sur cette activité ?

« C’est l’activité la plus appréciée par les enseignants qui nous avaient aidé à adapter ces matériaux. Au début, on évoque une situation qui permet de travailler avec l’idée que tous les habitants d’un pays doivent quitter leurs foyers parce que l’environnement du pays devient invivable. Dans ce scénario, il y a un pays en Asie qui s’appelle ‘Peacestan’ et qui est prêt à accepter tous les habitants de la République tchèque. Mais il y a certaines conditions auxquelles ils doivent répondre. Cette activité doit ainsi permettre aux enfants d’imaginer ce qu’il faut surmonter pour pouvoir être accepté quelque part, quelle est leur identité ou s’ils accepteraient de perdre leur identité pour pouvoir mieux s’intégrer ou non. Cela devrait donc lancer dans les classes une discussion sur ces thèmes. »

Comment ces activités sont-elles réalisées dans la classe ?

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo
« Elles sont principalement basées sur la discussion. C’est-à-dire que pendant ces activités, les enseignants discutent sur ces thèmes avec leurs élèves ou les enfants discutent en groupes et ils doivent par exemple formuler une liste présentant leurs opinions qu’ils discutent après dans la classe. Je ne dirais pas que l’objectif est de former une opinion chez les enfants. Il faut souligner que nous ne voulons pas, à l’aide de ces matériaux, changer l’opinion de quelqu’un ou dire à quelqu’un ce qu’il faut penser de l’immigration. Ces matériaux aident plutôt à former la capacité à mener une discussion. »