Le jardin de la liberté : en 1989, à Prague, les portes de l’Europe de l’Ouest s’entrouvraient pour des milliers de réfugiés est-allemands
C’est le 30 septembre 1989 que se déroule, dans le jardin de l’ambassade de la République fédérale d'Allemagne (RFA) à Prague, l’un des événements les plus importants de la fin de la guerre froide : depuis le balcon du palais Lobkowicz, Hans-Dietrich Genscher – qui était alors ministre des Affaires étrangères – annonce à quelque 4000 réfugiés est-allemands qu’ils peuvent se rendre en Allemagne de l’Ouest.
Cette déclaration apporte joie et soulagement parmi les réfugiés de République démocratique allemande (RDA), qui étaient attroupés depuis des semaines dans le jardin de l’ambassade dans l’espoir d’obtenir la liberté. Hans-Dietrich Genscher commence en disant : « Wir sind zu Ihnen gekommen, um Ihnen mitzuteilen, dass heute Ihre Ausreise… », mais les acclamations de la foule couvrent son discours, laissant ainsi inachevée l’une des plus célèbres phrases de l’histoire de l’Allemagne et de la Tchéquie. Plus tard, l’orateur se souvenait de son allocution comme de « l’un des plus émouvants moments de [sa] vie. »
L’exode massif d’Allemands de l’Est
Quelques heures à peine après ses paroles, les réfugiés prennent place à bord d’autocars qui les conduisent à la gare pragoise de Libeň. De là, des trains est-allemands les emmènent en Allemagne de l’Ouest.
La nouvelle des « trains de la liberté » se répand comme une traînée de poudre : trois jours plus tard, environ 5000 Allemands de l’Est se retrouvent au siège de l’ambassade ouest-allemande, et quelque 2000 personnes supplémentaires doivent rester à l’extérieur de la propriété. Bientôt les rues de Malá strana sont bordées de voitures abandonnées de marques est-allemandes Wartburg et Wartburg, dont les propriétaires partent vers l’Ouest par des trains mis à disposition dans la nuit du 4 au 5 octobre.
Le point de rupture
Ce moment est devenu le symbole de l’effondrement du rideau de fer, présageant de la chute du mur de Berlin. Aujourd’hui, dans le jardin de l’ambassade d’Allemagne à Prague, la copie d’une sculpture de l’artiste David Černý représentant une Trabant juchée sur quatre jambes rappelle l’histoire de ces milliers d’Allemands de RDA passés par ces lieux sur leur chemin vers la liberté.