Controverses autour de la privatisation de l’aéroport de Prague

Au début du mois de juin, le gouvernement a décidé de la vente de 100 % des actions de la société « Pražské letiště » (Aéroport de Prague). Avant même que le processus de privatisation de l’une des plus importantes entreprises publiques tchèques ait débuté, des critiques se font entendre même au sein de la coalition gouvernementale.

L'aéroport de Prague-Ruzyne
L’aéroport de Prague représente aujourd’hui l’une des plus grosses possibilités d’investissement en République tchèque. C’est une société florissante avec un bénéfice net qui a augmenté de 14 % l’année dernière et qui se chiffre à plus d’un milliard de couronnes (40 millions d’euros). En plus de cela, l’acquéreur éventuel pourrait acheter aussi des terrains que l’aéroport de Prague compte utiliser pour la construction d’une nouvelle piste. Ces terrains sont actuellement la propriété de la société d’investissements Penta qui ne serait pas contre leur vente. Selon les informations fournies, le gouvernement compterait encaisser dans les 4 milliards d’euro lors de la vente de l’aéroport. Des critiques se sont fait entendre tout d’abord dans les rangs de l’opposition sociale-démocrate, en dernier lieu, le week-end écoulé, au cours d’une émission télévisée. Dans celle-ci, le vice-président de cette formation politique, Bohuslav Sobotka, a exprimé des doutes sur la vente de la totalité des actions de l’aéroport. Il serait plutôt pour un contrat de location ou une vente partielle. On l’écoute :

Bohuslav Sobotka
« Il s’agirait d’une manière utilisée le plus souvent en Europe de l’Ouest, sous la forme d’une concession à durée limitée. Ainsi donc, le gouvernement garde le contrôle sur la société. En dehors de la location, on devrait encore examiner la possibilité de vente d’une partie des actions seulement afin que, de nouveau, le gouvernement puisse garder le contrôle sur cette société stratégique. »

L’opposition parlementaire n’est pas la seule à ne pas voir d’un bon œil la vente de l’aéroport de Prague. La direction du Parti des Verts, l’une des formations de la coalition gouvernementale conduite par le Parti civique démocrate (ODS) s’est prononcée contre pendant le week-end écoulé. Elle demande une analyse qui démontrerait que les bénéfices de la vente seraient plus avantageux que les risques possibles et qui répondrait à la question de savoir s’il ne serait pas préférable, du point de vue économique et stratégique, que la République tchèque conserve la propriété de son plus gros aéroport. Le maire de Prague, Pavel Bém, vice-président de l’ODS, voudrait bien obtenir pour la capitale 34 % des actions de l’aéroport avant la vente. Cela n’est pas certain, car le Premier ministre Mirek Topolánek a laissé entendre qu’il ne pourrait s’agir que du tiers des bénéfices de la vente éventuelle. L’un des plus intéressés, le directeur général de l’aéroport de Prague, Miroslav Dvořák, voit mal la discussion soulevée par la vente de sa société. Pour lui, le moment est idéal pour obtenir un bénéfice maximum. Le chef de la Bourse de Prague, Petr Koblic, lui donne en partie raison en affirmant pourtant que tout dépend de la date choisie par le gouvernement pour réaliser la vente de son bien. Il n’est pas dit qu’elle sera toujours avantageuse.