Coronavirus : OKD ferme ses mines

Photo: Michaela Danelová, ČRo
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Devenu le principal foyer épidémique en République tchèque, la société OKD a décidé d’interrompre l’exploitation de toutes ses mines pour six semaines à compter de ce vendredi. Bien que plus de 850 personnes aient été testées positives au Covid-19 depuis un peu plus d’un mois, ni la ville ni le district de Karviná, dans l’est du pays, n’ont été isolés et placés en quarantaine.

Jusque dans un passé récent, la société OKD faisait parler d’elle essentiellement en raison de son accumulation de milliards de couronnes de dettes. Cela fait plusieurs années que le plus grand exploitant minier en République tchèque est confronté à de graves difficultés financières, en raison notamment des faibles prix du charbon. Une situation pesante tant pour ses dirigeants et l’Etat tchèque que pour ses quelque 10 000 employés, auxquels il convient d’ajouter les 3 000 autres personnes qui travaillent dans des entreprises directement dépendantes de l’activité d’OKD. Dans une région traditionnellement industrielle marquée par un taux de chômage parmi les plus élevés dans le pays (5,4% dans la région de Moravie-Silésie et 7,8% dans le district de Karviná en mai dernier, contre 3,4% dans l’ensemble du pays), la perspective de la fermeture des mines, inévitable à moyen terme (en septembre 2018, le gouvernement d’Andrej Babiš a autorisé OKD à exploiter les mines jusqu’en 2030), et de leurs considérables conséquences économiques et sociales, est guettée avec une légitime anxiété.

Photo: HZS Moravskoslezského kraje

Depuis un peu plus d’un mois et la découverte à la mi-mai d’un foyer de contamination dans la mine de Darkov, OKD est toutefois d’abord synonyme de coronavirus en République tchèque. Un des derniers endroits dans le pays, avec le métro de Prague, où le port du masque reste obligatoire. Chaque jour, plusieurs dizaines de nouveaux cas de contamination tant dans le personnel minier que parmi leurs familles et leurs proches sont annoncés. Et jeudi, en apprenant les résultats d’une vaste campagne de dépistage menée dans deux autres mines, où un peu plus de 20% des 3 400 tests effectués se sont avérés positifs, la direction a été contrainte à une décision devenue inéluctable. Présidente-directrice générale d’OKD, Vanda Staňková affirme que l’arrêt pour six semaines de l’exploitation des mines a été décidé quand il le fallait :

« Nous avons depuis le début respecté toutes les directives et rempli toutes les mesures qui nous ont été données par le service d’hygiène de la région. Nous sommes même allés plus loin en ajoutant nos propres mesures pour lutter contre la propagation de l’épidémie. Nous avons fermé la mine de Darkov après avoir procédé à une campagne de dépistage. Là, après avoir procédé de la même manière aves les mines ČSM nord et sud et dès que nous avons été informés des résultats des tests, nous avons décidé d’interrompre l’ensemble de l’activité d’OKD. C’est pourquoi je pense que cette décision intervient au bon moment. »

La situation dans les mines d’OKD complique depuis plusieurs semaines la vie des habitants des districts de Karviná, de Frýdek-Místek et d’Ostrava, qui est la troisième plus grande ville tchèque. On se souvient que lorsque le gouvernement a décidé de rouvrir les frontières de la République tchèque, la Moravie-Silésie, frontalière à la Pologne, est restée la seule région isolée.

Cette fois, les autorités ont décidé de ne pas fermer Karviná et ses environs. En visite dans les bureaux d’OKD à Ostrava jeudi, le ministre de la Santé, Adam Vojtěch, a expliqué que malgré l’augmentation du nombre de cas de contamination, la situation était en réalité moins inquiétante qu’elle apparaît :

« Pour l’immense majorité des personnes testées positives, il s’agit de cas asymptomatiques avec une évolution très légère de la maladie. Nous n’observons pas de surcharge des capacités d’accueil des hôpitaux et des unités de soins intensifs dans la région. Nous suivons très attentivement toutes les données dont nous disposons, et c’est pourquoi nous estimons qu’il n’y a pas pour l’instant lieu de prendre de décisions radicales comme une mise en quarantaine complète de la ville ou de la région ou d’interdire aux gens de circuler librement. »

En attendant, sur les près de 12 200 cas de Covid-19 qui étaient recensés en République tchèque ce vendredi matin depuis le 1er mars, près d’un quart proviennent de la région de Moravie-Silésie.