« Nous en sommes au même point que l’Italie au printemps »
Face à la dégradation de tous les indicateurs liés à l’épidémie de Covid-19, le gouvernement tchèque a annoncé, jeudi, un nouveau durcissement des mesures de restriction. Ecoles, bars et restaurants, manifestations culturelles et sportives, y compris professionnelles, et plus généralement toutes les activités de loisirs sont notamment concernées.
« Nous en sommes au même point que l’Italie au printemps. Nous le comprendrons mieux dans deux semaines », estime, ce vendredi, un commentateur du quotidien indépendant Deník N sur un ton de mise en garde. C’est un fait : un vent d’inquiétude souffle sur la République tchèque, qui est devenue le pays en Europe où le virus se propage le plus vite au sein de sa population. Alors que près de 5 400 nouveaux cas de contamination ont été enregistrés jeudi, chiffre record pour la troisième journée consécutive, la prise de conscience de la gravité de la situation et de l’urgence de réagir avant qu’il ne soit définitivement trop tard prend, jour après jour, des contours toujours un peu plus concrets en République tchèque.
L’annonce des nouvelles restrictions par le ministre de la Santé dès jeudi, trois jours seulement après l’entrée en vigueur d’autres mesures déjà insuffisantes pour freiner la diffusion de l’épidémie, s’inscrit dans ce cadre. Lors de sa conférence de presse diffusée en direct par de très nombreux médias, comme au printemps dernier, Roman Prymula a tout de suite bien fait comprendre à son auditoire que, compte tenu notamment du refus de trop nombreux Tchèques de respecter les nouvelles règles de vie en société, il n’avait pas d’autre choix que de durcir les restrictions :
« La situation ces derniers jours est devenue tellement alarmante que j’ai été contraint de modifier notre stratégie. Nous avons discuté très intensément au gouvernement des mesures qu’il fallait adopter pour renverser la tendance dont les indicateurs nous confirment très clairement qu’elle évolue très vite dans le mauvais sens. Le fait que nous ayons désormais plus de 5 000 nouveaux cas quotidiens montre que stabiliser le taux de reproduction du virus avec les mesures actuelles ne sera pas possible. Nous sommes confrontés au fait que ces mesures ne sont globalement pas suffisamment respectées. Malheureusement, une importante catégorie de la population a adopté une posture négative vis-à-vis de ces mesures. La conséquence est donc que nous nous devons d’en adopter d’autres. »
« Que le nombre de nouveaux cas d’infection augmente fortement n’est pas le plus important. Ce qui l’est en revanche, c’est que le nombre de personnes dont l’état de santé nécessite des soins intensifs monte en flèche. Ce sont des gens qui ont véritablement besoin d’être pris en charge. Et le nombre de décès augmente lui aussi proportionnellement. »
Montré du doigt par certains médias comme le principal responsable de cette évolution, le Premier ministre Andrej Babiš est aujourd’hui très critiqué pour avoir pris à la légère les recommandations des experts en août dernier quand la recrudescence de l’épidémie se confirmait, entre autres concernant le rétablissement très chaotique de l’obligation du port du masque. Officiellement, la volonté du gouvernement reste de limiter les conséquences désastreuses de l’application de ces mesures sur l’économie du pays, alors que celle-ci a accusé une contraction historique de près de 11% au cours du deuxième trimestre. Elle est aussi de laisser ouvertes les écoles autant que faire se peut, alors que le confinement au printemps a mis en exergue toutes les difficultés liées à un enseignement à distance pour les catégories défavorisées de la population.
Mais face à la dégradation croissante de la situation sanitaire, le nouveau ministre de la Santé, épidémiologiste de formation, se doit tout à la fois de réagir et d’agir pour stopper ce qui ressemble à une hémorragie. En espérant qu’il ne s’agisse pas du saignement d’un hémophile.
Pour tout savoir sur le renforcement de ces mesures sanitaires, voir :