Coupe Davis : quelles ambitions pour les Tchèques après les années fastes ?

Jiří Veselý, photo: ČTK

Il n’y a jamais eu l’ombre du moindre doute sous le chaud soleil de Melbourne. L’équipe de République tchèque de tennis a été nettement battue par l’Australie (1-4), le week-end dernier, au premier tour de la Coupe Davis. En l’absence de Tomáš Berdych, mais aussi de Radek Štěpánek et de Lukáš Rosol, soit leurs trois meilleurs joueurs, les Tchèques étaient bien trop limités pour espérer un résultat plus positif. Comme il y a deux ans de cela, ils disputeront donc les barrages en septembre prochain pour conserver leur place dans l’élite mondiale. Reste à savoir avec qui. Pour le tennis masculin tchèque, le temps des vaches maigres a, semble-t-il, bel et bien sonné.

Jiří Veselý,  photo: ČTK
Trois matchs pour trois défaites en trois sets. Ou encore : trois points à zéro et neuf sets à zéro… Les chiffres ne mentent pas et donnent une idée du gouffre qui existait entre l’Australie et la République tchèque. Dès samedi à l’issue du match de double remporté par la paire composée de Sam Groth et John Peers aux dépens de Jiří Veselý et Jan Šátral en trois manches vite expédiées (6-3, 6-2, 6-2), l’affaire était pliée et l’Australie, qui a battu la République tchèque pour la huitième fois en neuf confrontations dans l’histoire de la compétition, avait sa qualification en poche. La veille déjà, c’est sur des score identiques ou presque que Veselý et Šátral, 157e mondial inconnu du grand public, avaient abandonné les deux premiers points dans leurs simples respectifs contre Jordan Thompson (3-6, 3-6, 4-6) et Nick Kyrgios (2-6, 3-6, 2-6). Un scénario à sens unique que le capitaine tchèque Jaroslav Navratil, fataliste, a suivi depuis sa chaise impuissant :

« Malheureusement, nous n’avons surpris absolument personne et d’aucune manière que ce soit. Nous avons perdu très facilement les trois premiers matchs. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à espérer que nous serons au complet en septembre prochain pour les barrages. Il sera très important de faire le maximum si nous voulons nous maintenir dans le groupe mondial. »

Ces barrages, les Tchèques, vainqueurs du Saladier d’argent en 2012 et 2013, connaissent désormais. En 2015, après avoir déjà été éliminés par l’Australie au premier tour, ils s’étaient maintenus en dominant l’Inde (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/tennis-coupe-davis-les-tcheques-se-maintiennent-dans-le-groupe-mondial-en-attendant-le-retour-de-berdych). Cette fois, et même s’il convient encore attendre le tirage au sort des rencontres en avril prochain pour se prononcer davantage sur les réelles chances de survie, l’affaire pourrait s’avérer plus compliquée. La perspective d’une éventuelle relégation, qui serait la deuxième de l’histoire après 2005, ne semble toutefois pas inquiéter outre mesure un Jaroslav Navratil qui, depuis le temps qu’il coache cette équipe tchèque, a en déjà vu d’autres en Coupe Davis :

« Ce sera dans six mois, et d’ici-là, bien de l’eau aura coulé sous les ponts. Néanmoins, nous avons un accord tacite avec Tomáš Berdych, et il devrait participer à ce barrage. Sa présence est très importante, comme celle de Radek Štěpánek. Mais chez lui, cela dépend de son état de santé. S’il n’est pas blessé, Radek sera là, la Coupe Davis lui tient très à cœur et je compte sur lui tant pour le simple que pour le double. Quant à Jiří Veselý, cela dépend essentiellement de lui. Il faut qu’il soit dans un état de forme qui lui permette d’être un élément important de l’équipe en Coupe Davis. »

Comme souvent auparavant, Jiří Veselý a toutefois de nouveau déçu à Melbourne en ne répondant pas aux attentes placées en lui. Le Tchèque n’a remporté qu’un seul de ses trois matchs durant le week-end et n’a pu faire mieux que sauver très symboliquement l’honneur de son équipe dimanche :

« Compte tenu de mes deux premiers matchs vendredi et samedi et de mes performances misérables, je ne cache pas que je n’avais pas très envie de jouer ce dimanche. Je ne dis donc pas que cette victoire est une consolation, car c’est un match qui ne servait plus à rien. Mais bon, tant qu’à faire, autant gagner quand même. Je repars d’ici sur une note au moins un peu plus positive. »

Sans Berdych, qui reste l’incontestable meilleur joueur de simple actuel, et Štěpánek, présent en Australie mais blessé au dos, les Tchèques se doivent de se trouver un nouveau leader. Le problème est que pas plus Lukáš Rosol, très modeste 144e mondial actuellement, que Jiří Veselý n’ont jamais réussi à dépasser leurs limites en Coupe Davis lorsque Jaroslav Navratil a fait appel à eux ces dernières années.

Si l’envie et la motivation ne manquent chez la jeune génération, en revanche la qualité et le niveau de jeu sont plus discutables. Un constat qui prévaut notamment pour Veselý. A 23 ans, l’actuel 54e mondial, qui a battu par exemple Novak Djokovic il y a deux saisons de cela, représente le proche avenir du tennis masculin tchèque. Et s’il pourrait, devrait et voudrait devenir le leader de l’équipe en Coupe Davis, Veselý reconnaît que, pour l’heure, et comme le week-end dernier en Australie, il n’a pas encore les épaules assez larges pour endosser ce costume :

« Il faut d’abord que je joue bien et que je sois bon. C’est la base de tout. En Coupe Davis, la confiance en soi est extrêmement importante, car vous avez la responsabilité de l’équipe sur les épaules. Il ne faut pas avoir peur de mal faire, car cela peut vous paralyser, mais s’il vous manque cette confiance, cela peut ressortir aux moments-clefs d’un match. »

Capable du meilleur dans un bon jour, Jiří Veselý alterne encore trop souvent avec le moins bon. Ancien vainqueur de Grand Chelem chez les juniors, le Tchèque dominait alors des joueurs de sa catégorie d’âge qui lui sont passés devant depuis. C’est le cas par exemple de l’Autrichien Dominic Thiem, qu’il a certes éliminé à Wimbledon la saison dernière mais qui occupe aujourd’hui la huitième place au classement ATP, très loin donc devant un Veselý conscient de ses limites et des progrès qu’il a encore à réaliser :

« Il bouge très bien sur le court et je pense que c’est là la différence la plus marquante. C’est dans ce domaine que ma marge de progression est la plus importante. Si on prend les dix meilleurs joueurs mondiaux, on s’aperçoit que malgré leur grande taille, ce sont tous des joueurs qui ont une très bonne qualité de déplacement. Mais chaque joueur a sa propre évolution et je continue de croire que je vaux mieux que mon classement actuel. »

Mais quel que soit le parcours de Veselý, il est aujourd’hui pratiquement acquis que l’âge d’or de la République tchèque en Coupe Davis est passé. Une réalité qui n’émeut pas plus que cela le capitaine Jaroslav Navratil :

« La génération de ces deux joueurs exceptionnels que sont Tomáš Berdych et Radek Štěpánek finit lentement mais sûrement. Ce n’est pas nouveau, cela fait déjà quelques années que nous savons qu’il nous faudra bien nous passer d’eux un jour ou l’autre. Eh ben, ce jour est arrivé, et maintenant c’est aux autres joueurs de prendre leur relais. Et pour cela, il ne faut pas qu’ils se contentent d’être dans l’équipe. Cela ne suffit pas. Il faut qu’ils travaillent davantage pour progresser. Ce premier tour leur a montré ce qu’était véritablement la Coupe Davis. L’Australie a certes une bonne équipe, mais ce n’est qu’une équipe moyenne à l’échelle de l’élite mondiale. Et pourtant nous n’avons pas gagné le moindre set durant les trois premiers matchs… C’est une statistique qui parle d’elle-même. Nous avons vu ce week-end ce que cela représente de jouer sans Tomáš ni Radek, il va donc falloir que les autres joueurs mettent les bouchés doubles pour pouvoir espérer quelque chose. »

Et ce donc, si possible, dès les barrages en septembre prochain…