Tennis – Coupe Davis : les Français étaient trop forts pour les Tchèques
Pour la deuxième année consécutive, l’équipe de République tchèque de tennis ne disputera pas les demi-finales de la Coupe Davis. Sans leur meilleur joueur Tomáš Berdych, dont l’absence a très probablement pesé lourd tout au long du week-end, les Tchèques ont été battus par la France (1-3) en quart finale, à Třinec. Dimanche, Jo-Wilfried Tsonga a offert le troisième point décisif à son équipe en dominant en quatre sets un Jiří Veselý certes courageux, mais dont les deux défaites en simple ont mis en lumière toutes les limites actuelles et la faible densité du tennis masculin tchèque au plus haut niveau.
Malgré l’exploit de Lukáš Rosol, vainqueur de Jo-Wilfried Tsonga en cinq sets (6-4, 3-6, 4-6, 7-6, 6-4) dans le premier simple vendredi après avoir sauvé deux balles de match dans le jeu décisif de la quatrième manche, les Tchèques étaient trop justes pour empêcher la France de remporter sa première victoire en Coupe Davis sur sol tchèque (ou tchécoslovaque) depuis… 1926. C’est d’ailleurs ce que reconnaissait le héros malheureux du week-end passé en Moravie du Nord. Défait tant par Lucas Pouille en trois sets (6-7, 4-6, 5-7) vendredi, qui disputait pourtant le premier match en Coupe Davis de sa carrière, que par Jo-Wilifried Tsonga en quatre manches dimanche (6-4, 6-7, 4-6, 5-7), Jiří Veselý n’a pas su être le leader attendu en l’absence de Berdych pour inquiéter davantage les Français :
« La Coupe Davis est une affaire de cœur pour moi. Jouer pour son pays est le maximum possible, malheureusement cela me rend très nerveux. Malgré mes efforts, je ne parviens pas encore à complétement me libérer. Je n’ai pas encore trouvé la sérénité nécessaire pour jouer mon meilleur tennis. Il y a une grande différence entre ce que je suis capable de faire individuellement et mes faibles résultats en Coupe Davis, où je n’y arrive pas pour l’instant. »Jusqu’au jeu décisif de la deuxième manche dimanche, Jiří Veselý a pourtant pu laisser croire qu’il parviendrait à remettre son équipe à égalité avant un cinquième match décisif. Mais en commettant deux doubles fautes sur ses deux premières mises en jeu dans un tie-break qui aurait pu lui permettre de mener deux sets à rien, le récent huitième de finaliste à Wimbledon, qui est un des trois seuls joueurs au monde à avoir battu Novak Djkovic cette saison, est retombé dans ses travers. Une occasion de se relancer dans le match que n’a pas laissé passer Jo-Wilfried Tsonga. Hésitant jusqu’alors, le Français a ensuite assuré l’essentiel dans les troisième et quatrième manches pour offrir à son camp la qualification pour les demi-finales. Et après sa défaite surprise initiale vendredi, Tsonga ne cachait pas son soulagement une fois l’émotion quelque peu retombée :
« C’est bon d’offrir le dernier point à l’équipe… Elle le mérite. Tout le monde a été top. Lucas (Pouille) a assuré (vendredi lors du deuxième simple) et les deux en double (Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut) ont tenu leur rang. Que ce soit le capitaine, les acteurs de cette rencontre et l’ensemble du staff, tout le monde m’a soutenu à fond. Ça fait du bien ! Aujourd’hui, je savais que ce n’était pas terminé même après ma mauvaise entame. Un match, c’est long, et il fallait qu’il (Jiří Veselý) me travaille encore au corps pour gagner. Moi, j’ai fait ce que je sais faire : je me suis battu et c’est passé aujourd’hui. »Comme souvent en Coupe Davis, le double de samedi aura constitué un tournant. Alors que les deux équipes étaient à égalité un point partout au terme des deux premiers simples vendredi, Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut, qui disputaient leur première sélection ensemble en équipe de France, ont pris le dessus en cinq sets (6-1, 3-6, 6-3, 4-6, 6-4) sur le duo de fortune composé de Radek Štěpánek et de Lukáš Rosol. Et même si Herbert et Mahut, récents vainqueurs de Wimbledon, forment actuellement la meilleure paire de double au monde, le public et les journalistes tchèques n’ont pas pu s’empêcher d’imaginer quel aurait été le scénario de ce match comme de l’ensemble de la rencontre si… Si Tomáš Berdych, bien sûr, avait été présent. Mais le n° 8 mondial n’était pas là et le capitaine tchèque, Jaroslav Navratil, n’avait somme toute pas trop de regrets malgré l’élimination :
« Chaque défaite est une déception, mais j’avais dit avant la rencontre que la France était favorite et elle a confirmé son statut sur le terrain. Nous avons perdu avec les honneurs et ce n’est pas un drame. A l’exception du match de Jiří Veselý vendredi, qu’il n’a pas su gérer psychiquement, tous les garçons ont été fantastiques. Lukáš Rosol a d’abord battu Tsonga avant de faire un très bon double avec Radek Štěpánek contre la meilleure paire au monde. Lukáš et Radek ne disputaient que leur deuxième match ensemble et ils n’ont perdu qu’au cinquième set. D’accord, nous sommes éliminés, mais il faut aussi retenir le positif. Je n’ai rien à reprocher aux garçons dans leur engagement. Tout le monde a donné le maximum. Il faut envisager l’avenir : je pense que si nous continuons à travailler comme nous l’avons fait tout au long de la semaine écoulée de préparation et que si Tomáš Berdych revient dans l’équipe, nous pouvons espérer faire encore de belles choses l’année prochaine. »A la différence des Tchèques, les Français, eux, peuvent se permettre de sélectionner les hommes les plus en forme du moment. Avec Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet, Gaël Monfils, Lucas Pouille, Benoît Paire, Gilles Simon, Jérémy Chardy et Nicolas Mahut, le capitaine Yannick Noah dispose de pas moins de huit joueurs qui figurent dans le Top 50 mondial et sont tous mieux classés actuellement que Jiří Veselý et Lukáš Rosol, respectivement 50e et 78e au classement publié par l’ATP (la fédération internationale de tennis) ce lundi. Un argument de poids, surtout lorsque les équipes affrontées cette année, que ce soit le Canada au premier tour sans Milos Raonic ou donc la République tchèque sans Tomáš Berdych, n’alignent pas leur meilleur élément. Et ce vivier, c’est précisément ce que Jo-Wilfried Tsonga a mis en avant après ce succès logique, sur le papier comme sur le court, de l’équipe de France :
« C’est notre force. Nous n’avons aucun des tout meilleurs joueurs mondiaux, mais nous avons une dizaine de joueurs qui sont capables de jouer à un niveau très élevé à un moment donné. Ici à Třinec, nous nous sommes régalés. Je crois que tout le monde dans l’équipe s’est fait énormément plaisir, et moi le premier. Et je crois que ça annonce de belles choses… »Au regard de l’investissement de Tomáš Berdych en Coupe Davis depuis le début de sa carrière, il serait sans doute injuste de reprocher au meilleur joueur tchèque de ces dix dernières années d’avoir préféré donner la priorité à son programme personnel ces deux dernières années. Déjà vainqueur de l’épreuve à deux reprises, une fois finaliste et deux demi-finaliste, Tomáš Berdych, récent demi-finaliste à Wimbledon, a déjà tout connu collectivement, alors qu’il n’a toujours pas remporté le moindre titre du Grand Chelem en individuel, un objectif devenu sa priorité. Reste que sans un Berdych motivé, les Tchèques pourront difficilement espérer beaucoup mieux à l’avenir que les résultats de ces deux dernières saisons (maintien dans le groupe mondial en 2015 et quart de finale en 2016). Et sur ce point aussi, comme l’expliquait Yannick Noah avant de repartir de Třinec, c’est toute la différence avec une équipe de France en quête du Saladier d’argent depuis de nombreuses années :
« La Coupe Davis, c’est avoir envie de représenter son pays et de faire un effort dans des calendriers qui sont lourds. C’est une forme de sacrifice. Aujourd’hui, je suis persuadé qu’il y a une dizaine de joueurs en France qui ont envie de faire partie de l’aventure. Ceci dit, c’est simple : nous avons maintenant une belle équipe de double qui jouera certainement les prochains matchs, avec deux joueurs de simple. Ce n’était pas le cas auparavant, où nous avions quatre joueurs de simple (Tsonga, Gasquet, Monfils, Simon) qui jouaient quand ils le pouvaient ou le voulaient. Désormais, il va falloir qu’ils gagnent leur place, et c’est vraiment bien. »Un problème de riches que les Tchèques, eux, n’ont donc pas et ne sont, a priori, pas près d’avoir…