Covid-19 : à quand l’immunité collective en Tchéquie ?
Le ministère tchèque de la Santé prépare une étude à grande échelle qui testera le niveau d’anticorps et d’immunité cellulaire contre le Covid-19 au sein de la population. L’objectif principal du projet est d’évaluer le niveau réel d’immunité collective dans une République tchèque confrontée, comme les autres pays, à une nouvelle hausse du nombre de cas d’infection et qui compte actuellement environ 54% de la population entièrement vaccinée.
Le ministère de la Santé reste donc encore loin de son objectif d’atteindre le taux de 75% de la population vaccinée en septembre, synonyme, d’après les spécialistes, d’immunité collective. Ce week-end, le ministre Adam Vojtěch a indiqué qu’une fois franchi le seuil des trois quarts de la population vaccinée, l’obligation de porter le masque dans les lieux fermés pourrait être levée, de même que les mesures sanitaires toujours en vigueur lors des événements publics.
Les résultats d’une étude effectuée récemment par les scientifiques de l’Université Masaryk à Brno démontrent que jusqu’à la moitié de la population adulte tchèque pourrait avoir été contaminée par le Covid-19 depuis le début de la pandémie. Le projet de recherche prévu cette fois par le ministère de la Santé doit mobiliser, dans les semaines et mois à venir, des milliers de volontaires de toute la République tchèque, pour évaluer le niveau réel d’immunité collective.
Les résultats apportés par cette étude effectuée par deux centres à Prague (l’Institut de médecine clinique et expérimentale IKEM et l’hôpital Thomayer) et un à Olomouc, en Moravie centrale, représenteront donc un indicateur supplémentaire permettant au gouvernement d’assouplir, ou non, les restrictions antiépidémiques. L’étude, basée sur des tests réguliers, doit également déterminer comment les anticorps protègent exactement l’individu, comme l’explique la vice-ministre de la Santé, Martina Koziar Vašáková :
« Nous pourrons alors par exemple dire à une personne rétablie du Covid-19 et chez laquelle les anticorps persistent, pour combien de temps à peu près elle est encore immunisée. »
Selon la vice-ministre de la Santé, ce qui est décisif pour la protection contre une réinfection par le coronavirus, c’est le temps écoulé depuis la contamination et non pas le niveau d’anticorps. L’immunologiste Jiří Litzman ajoute :
« Nous ne pouvons pas dire que les personnes atteintes de forme sévère de Covid-19 ont automatiquement un niveau d’anticorps plus élevé que les personnes qui n’ont eu que des symptômes modérés. C’est assez individuel. Nous ne pouvons pas dire non plus qu’un niveau élevé d’anticorps ait toujours un effet particulièrement protecteur. »
L’étude nationale examinera aussi l’immunité cellulaire. Jiří Litzman explique :
« L'immunité à médiation cellulaire réagit aux substances étrangères qui infectent les cellules. Le corps est alors capable de détruire les cellules infectées ou de contribuer à la production d’anticorps. Le problème est que les tests d’immunité cellulaire ne sont pas standardisés. Ils sont généralement réservés à la recherche et ne nous permettent pas d’évaluer l’immunité d’une personne concrète. »
Jiří Litzman, comme d’autres spécialistes, est favorable à l’organisation d’une telle étude au niveau national. Par ailleurs, le ministère de la Santé n’envisage pas pour autant de reconnaître de manière générale les anticorps comme preuve de non-infection, comme le souhaitent les représentants de plusieurs partis politiques. Les médecins affirment également que la présence d’anticorps protecteurs ne constitue pas une raison suffisante pour ne pas se faire vacciner contre le Covid-19.
Ainsi, le gouvernement prépare une nouvelle campagne de lutte contre la désinformation ciblée sur les personnes rejetant la vaccination et les indécis, parmi lesquels figure notamment un demi-million de seniors de plus de 60 ans.