CzechTrade : « le marché marocain est assez méconnu en Tchéquie », et réciproquement

Casablanca, photo: Jerej Maxim Massalitin, CC BY-SA 2.0

Les directeurs des quelque cinquante bureaux internationaux de l’agence CzechTrade sont réunis ces jours-ci à Prague avec un double-objectif : célébrer le vingtième anniversaire de cette institution et rencontrer des représentants d’entreprises tchèques désireuses de s’installer ou d’investir à l’étranger. Depuis 2013, l’agence, qui est placée sous l’égide du ministère de l’Industrie et de Commerce, dispose d’un bureau à Casablanca au Maroc. Son jeune directeur, Jan Kobliha, a détaillé pour Radio Prague les tenants et les aboutissants de sa mission :

Marrakech,
« L’agence CzechTrade est l’agence de promotion du commerce tchèque. Cela veut dire que notre but principal est d’aider les entreprises tchèques à trouver des partenaires à l’étranger. C’est le but principal. Il y a plusieurs services, certains sont payants, d’autres gratuits. Cela dépend de la demande des entreprises. »

Quels sont ces services ? Vous trouvez des interlocuteurs sur place qui sont pertinents pour les entreprises tchèques ?

« C’est le but principal bien sûr. Nous trouvons des partenaires ou bien nous faisons juste une recherche ou une analyse du marché. C’est divers et encore une fois, cela dépend de la demande des entreprises. »

Quelle est la situation au Maroc ? Les entreprises tchèques y sont-elles déjà présentes et si oui, dans quels secteurs ?

« Il y en a plusieurs mais pas autant qu’on pourrait le penser. Parce que le marché marocain est assez inconnu en République tchèque et en fait c’est la même chose pour les Marocains. Si je parle aux Marocains de la République tchèque, ils ne savent pas exactement où l’on se situe. Et comme nous étions auparavant dans le bloc soviétique, ils ne sont pas très au courant. Le deuxième problème c’est que seulement 2% des Tchèques environ parlent français et les Marocains ne parlent pas anglais, ce qui est aussi un problème. A l’inverse, si je parle du Maroc à des Tchèques, ils se disent que c’est l’Afrique mais ils ne savent pas exactement où se trouve ce pays. »

Il y a donc une méconnaissance du Maroc. Mais pourtant vous parliez de la présence de quelques entreprises. Lesquelles ?

Photo: Facebook de CzechTrade
« Il y en a. La plus importante maintenant, c’est bien sûr le constructeur automobile Škoda. Cela commence à bien marcher sur le marché marocain parce qu’ils savent que la qualité est très haute et que les prix sont inférieurs à la concurrence. Il y a ensuite les tracteurs (avec Zetor) et dans l’industrie, il y a aussi plusieurs entreprises gérées par des Tchèques. »

L’agence CzechTrade au Maroc est présente à Casablanca depuis trois ans et demi. Peut-on voir sur cette courte période une évolution de la présence tchèque au Maroc ?

« Il est vrai que le commerce entre les deux pays est en train d’augmenter. Il y a une hausse mais je ne suis pas sûr que cela soit seulement grâce à CzechTrade ! C’est plutôt en raison du secteur automobile parce qu’on importe maintenant des voitures du Maroc, généralement des Dacia et des Renault, et que les Škoda et les Hyundai sont exportées au Maroc. Ensuite il y a beaucoup de petites entreprises qui ont des parts de marché au Maroc. Mais cela se fait plus généralement aussi par des partenaires à l’étranger. Cela veut dire que cela passe par l’Allemagne, cela passe par la France, etc. Et puis maintenant on essaie d’aider les entreprises tchèques dans le domaine des tramways, parce que Casablanca, même Rabat, peut-être Tanger, veulent avoir dans le futur de nouvelles lignes de tramway. Nous sommes aussi intéressés car nous sommes assez forts dans ce secteur. »

Outre les tramways, quels sont les autres secteurs en développement de l’économie marocaine où les entreprises tchèques pourraient proposer leurs biens ou services ?

Photo: Škoda Transportation
« C’est surtout l’agriculture et l’agroalimentaire parce que nous sommes assez forts là-dedans et les Marocains importent beaucoup. Généralement depuis la France, malheureusement pour nous, mais nous espérons que cela s’améliorera dans le futur. C’est pour cela qu’il y a des foires et des salons où nous sommes présents comme le Salon International de l'Agriculture au Maroc (SIAM). C’est le plus grand salon du genre au Maroc, cela se passe à Meknès, il y a plus d’un million de visiteurs. »

Quel est l’environnement économique au Maroc pour les entreprises tchèques qui souhaitent s’y installer ou y investir ? Quelles sont les difficultés qu’elles peuvent rencontrer ?

« Bien sûr, il y a des difficultés. Comme je vous l’ai dit, il y a cette méconnaissance réciproque et la difficulté de la langue française. Ensuite bien sûr, c’est un autre pays, une autre culture, il faut s’habituer à parler avec les gens, parce que les gens qui font du commerce sont différents. Ils ont une mentalité arabe, cela veut dire qu’ils ont beaucoup plus de temps. Il faut leur parler souvent. Ce n’est pas comme en Europe où vous envoyez un email et vous attendez la réponse. La meilleure chose à faire, c’est de venir au Maroc, de parler aux partenaires, de les voir trois, quatre fois par an. Et cela c’est le grand problème car nous ne sommes pas habitués à faire cela.

CzechTrade a quatre agences en Afrique, mais pour ce qui est de l’Afrique francophone et du Maghreb, il y a seulement l’agence CzechTrade à Casablanca. Vous intéressez-vous aussi à cette Afrique de l’Ouest et à l’Afrique du Maghreb ?

« Malheureusement pas. C’est juste pour le Maroc. Mais il est vrai que notre ambassade à Rabat peut travailler aussi avec la Mauritanie. Pour ma part, c’est uniquement le Maroc. »

Combien votre agence compte-t-elle d’employés et comment fonctionne son travail au jour le jour ?

« Généralement, tous les bureaux à l’étranger sont composés d’un directeur avec un ou deux assistants. Moi je suis seul dans mon bureau parce que l’agence est assez nouvelle et c’est pour cela qu’il n’y a pas encore le besoin d’un assistant. Assez souvent, j’utilise en fait les pages internet de Radio Prague pour écrire des nouvelles sur ma page web marocaine. Il faut donc écrire des informations pour les Marocains et pour les Tchèques à propos de ce qui se passe sur le marché. Ensuite vous aidez les entreprises selon la demande. Cela veut dire que si quelqu’un cherche un partenaire par exemple dans le domaine du bois - dans lequel nous sommes assez forts aussi et où la demande au Maroc est assez forte puisqu’ils n’ont pas grand-chose, ils n’ont pas beaucoup de forêts et n’ont pas forcément le savoir-faire -, je passe voir les entreprises, je prends des rendez-vous, je leur explique la situation, je les informe sur le marché tchèque et sur l’entreprise elle-même, sur ce qu’ils sont capables de faire, etc. »

Enfin M. Kobliha, j’aurais une dernière question : comment est la vie à Casablanca ?

Casablanca,  photo: Jerej Maxim Massalitin,  CC BY-SA 2.0
« C’est une ville assez grande mais assez agréable à vivre. Vous avez la mer, c’est joli, les gens sont très sympathiques. Vraiment, j’apprécie la mentalité des Marocains, parce qu’ils sont très gentils avec vous, généralement ils parlent directement français parce qu’ils savent que l’arabe est assez difficile pour nous. Vraiment, la vie à Casablanca, et même au Maroc, est je pense assez agréable. »

Y a-t-il une petite communauté tchèque à Casablanca ?

« Très petite ! Je dirais qu’il y a une dizaine de Tchèques à Casablanca. Il n’y a pas beaucoup de Tchèques mais il y en a ! »