De la Vltava de Smetana à la Hatikvah, il n’y a qu’un pas… de Mantovana
La mélodie de l’hymne israélien ressemble au plus connu des airs de la musique classique tchèque – les deux ont la même origine... italienne.
Vltava – die Moldau en allemand : l’un des plus connus ou le plus connu des airs de la musique classique tchèque. Deuxième poème symphonique du cycle Má Vlast (Ma Patrie), il est l’œuvre de Bedřich Smetana. Mais Bedřich Smetana se serait, d’après tous les experts en la matière et les oreilles même les moins averties, inspiré d’une ancienne mélodie venue d’Italie et plus précisément de Mantoue.
La Mantovana ou Il Ballo di Mantova (Danse de Mantoue) est une chanson populaire du XVIe siècle attribuée au ténor italien Giuseppe Cenci, également connu sous le nom de Giuseppino del Biado sur le texte Fuggi, fuggi, fuggi da questo cielo (Fugues, fugues, fugues dans le ciel). Selon certaines sources, elle aurait pu elle-même être inspirée d'une prière juive, Birkat Ha'tal, remontant au XVe siècle et attribuée à la communauté sépharade de Tolède.
Sa première apparition imprimée connue se trouve dans le recueil de madrigaux de Biado de l'année 1600. La mélodie, connue par la suite sous les noms de « Ballo di Mantova » et « Aria di Mantova », a acquis une grande popularité dans l'Europe de la Renaissance.
Cette chanson a été adaptée dans de nombreux pays, notamment en comptines ou chansons pour enfant – elle est la base de la célèbre comptine tchèque Kočka leze dírou, entonnée dans toutes les chaumières et maternelles de Bohême et Moravie.
Mais la Mantovana serait aussi l’inspiration première du Alle meine Entchen allemand puis du Twinkle, twinkle little star anglais, en passant par le suédois Ack, Värmeland, du sköna, le flamand Ik zag Cecilia komen, le polonais Pod Krakowem, le roumain Carul cu boi, l'écossais My mistress is prettie et l'ukrainien Kateryna Kucheriava.
La rengaine a dépassé les frontières de l’Europe avec la Hatikvah, devenue il y a 75 ans l’hymne officiel du nouvel Etat israélien. Son compositeur Samuel Cohen se serait directement inspiré du Carul cu boi de sa Bessarabie natale pour mettre en musique le texte de Naftali Herz Imber.