De virulents désaccords à propos d’un nouvel aéroport international

Photo: ČTK

Cela fait depuis plus de quatre ans déjà que les habitants ainsi que les représentants municipaux des communes situées aux alentours de la ville de Vodochody, à 15 km au nord de Prague, se battent pour empêcher la transformation d’un petit aéroport civil en aéroport international. Si les opposants à l’élargissement ainsi que les représentants du projet, la société Penta, et l’adjointe au Ministère de l’Environnement, se sont réunis publiquement ce mercredi, rien n’indique clairement quel sera l’avenir de cet aéroport.

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Après l’aéroport international de Václav Havel, situé à Ruzyně au nord ouest de Prague, l’aéroport de Vodochody doit être le deuxième aéroport le plus important en République tchèque : avec un transfert de 3,5 millions de personnes, environ 20 000 départs et arrivées prévus par an. Or les élus locaux des communes voisines ont récemment fait savoir, que les documents, connus sous l’appellation « EIA », et relatifs à l’évaluation de l’impact sur l’environnement, présentaient de nombreuses lacunes, et ne devaient pas être entérinés par le ministère de l’Environnement. La réunion publique organisée par le ministère au début du mois de juin, avait été ajournée en raison des inondations, et reportée au mercredi 24 juillet. Soutenus par le préfet de la région de la Bohême centrale, Josef Řihák, les quatre cents opposants au projet, réunis ce mercredi même à Prague, ont manifesté leur mécontentement à l’égard de cette date, fixée à un moment où la plupart des personnes étaient parties en vacances. Si le Ministère de l’Environnement approuvait les documents EIA relatifs à l’impact sur l’environnement, les opposants comptent de se défendre par d’autres moyens juridiques. Petra Rychterová habite depuis sa naissance la commune Panenské Břežany, située à 1 km à vol d’oiseau de l’actuel aéroport civil. Elle envisage de déménager dans le cas où la construction de l’aéroport serait entamée :

« Ce qui me gêne le plus, c’est le bruit des avions, qui voleront toutes les cinq minutes à 100m au dessus de mon jardin. Puis c’est la pollution issue des résidus de kérosène, qui, comme nous le savons, existe bel et bien. Et ce qui me gêne bien évidemment, c’est le futur incertain de la circulation, lorsque tout le monde se précipitera dans cette zone. Je n’arrive pas à imaginer, comment les gens arriveraient à supporter cette situation, qui sera d’autant plus difficile pour les personnes âgées et les enfants. »

Pour Ljuba Loukotová, la maire indépendante de Panenské Břežany, l’élargissement de cet aéroport constituerait l’arrêt de mort de la commune. Elle souligne néanmoins que la capacité d’action de la municipalité est limitée. Ljuba Loukotová:

Ljuba Loukotová,  photo: Profil de Facebook de  Panenské Břežany
« L’aéroport va porter atteinte à l’équilibre de toute cette région de façon insoutenable et sans précédent. En principe, il est possible de dire que la piste d’atterrissage commencera à Panenské Břežany et se terminera à Dolany. Si ce projet se réalise, ces deux communes sont destinées à disparaître. La municipalité n’a qu’une seule possibilité : celle de se défendre à l’occasion de la discussion relative aux documents EIA, ayant attrait à l’évaluation de l’impact sur l’environnement, puis procéder, éventuellement, à de nouvelles démarches par le biais de procédures judiciaires. »

Or le ministère de l’Environnement, l’organe compétent pour décider de cette expertise, refuse pour l’instant de s’exprimer sur le sujet, invoquant que le processus décisionnel est toujours en cours. L’aéroport Vodochody, qui fait partie du groupe Aero, lui-même sous l’emprise de la société d’investissements Penta, devrait accueillir essentiellement des vols de compagnie low-cost. Le directeur de l’aéroport Vodochody, Martin Kačur, refuse toutes les critiques et objections des opposants, en clamant que le projet est conforme à la législation tchèque en vigueur et qu’il devrait créer plus de 3 000 emplois. Martin Kačur s’explique :

Photo: Archiv de Radio Prague
« Nous avons ajouté au projet, la construction de liaisons routières vers l’autoroute D8, afin de détourner la circulation, qui serait générée par l’aéroport. Et bien évidemment, cela va aider l’environnement, car même la circulation locale, sera détournée sur l’autoroute, au même endroit. »

Malgré le fait que déjà, onze référendums locaux se sont prononcés contre la construction, les discussions continuent, et rien n’est plus incertain quant à la suite de cet affrontement entre citoyens et représentants municipaux, d’un côté, et la société privée Penta, de l’autre. Cette construction parait d’autant plus inutile, dans la mesure où l’aéroport de Václav Havel, envisage prochainement la construction d’une seconde piste d’atterrissage. On ignore la date précise à laquelle le ministère de l’Environnement, émettra une opinion claire, relative à l’expertise environnementale, mais selon des estimations approximatives, il pourrait se prononcer fin 2013.