Démission de Petr Nečas : les partis politiques cherchent un dénouementà la crise
Lundi à 18 heures, le Premier ministre Petr Nečas a officiellement remis sa démission au chef de l’Etat. Depuis, les partis politiques tchèques s’activent pour lui trouver un successeur. Le nom le plus fréquemment cité est Martin Kuba du parti civique démocrate (ODS), la formation politique la plus importante d’une coalition gouvernementale qui souhaite survivre à la crise. Mais l’affaire de corruption déclenchée la semaine dernière et ayant eu raison du cabinet de Petr Nečas semble loin d’être terminée. Tout au contraire, elle se rapproche même dangereusement de certains cadres du parti ODS.
« Les standards constitutionnels sont assez simples à réaliser. Il faut trouver 120 voix à la Chambre des députés (qui compte 200 parlementaires, ndlr) et la tête de l’Etat doit appeler à des élections qui doivent se dérouler sous 50 à 60 jours après le vote. »
L’ampleur de la crise présente rend crédible cette option soutenue également par les deux plus grandes centrales syndicales du pays. Le parti social-démocrate avance donc ses pions en ce sens à la Chambre des députés. Mais le chef de l’Etat, qui ne cachait pourtant pas son animosité à l’égard de la majorité de droite actuelle, serait opposé à l’organisation d’élections anticipées, selon les dires de Petr Nečas, au sortir de leur rencontre lundi matin. Miloš Zeman laisserait une chance à la coalition gouvernementale de survivre jusqu’aux prochaines législatives prévues pour 2014 pour peu que celle-ci parvienne à réunir 101 députés à la Chambre basse du Parlement.Les partis gouvernementaux sont favorables à cette issue et ont ouvert les négociations pour choisir un successeur à Petr Nečas, qu’ils veulent voir issus des rangs de l’ODS. Les discussions devraient se poursuivre quelques jours. A partir de vendredi prochain et jusqu’à lundi, Milos Zeman consacrera son emploi du temps à recevoir les différents leaders des formations politiques représentées au Parlement. Ce sera l’heure du choix. Karel Schwarzenberg, ministre des Affaires étrangères et président du parti conservateur TOP 09 sera reçu à 18 heures à la résidence présidentielle de Lány dès vendredi ; le même jour que Martin Kuba, le premier vice-président de l’ODS. Celui-ci s’est exprimé mardi midi suite à une réunion de son parti et a paru évoluer dans l’inconnu quant au dénouement de cette crise sans précédent :
« Je ne veux à l’heure actuelle tenir aucun propos définitif. Nous sommes aujourd’hui mardi et j’irai au Château vendredi. Je ne connais pas les horaires des entrevues de mes collègues et je n’ai pas entendu Miloš Zeman évoquer le sujet. Pour l’instant, il est important de dire que nous essayons et nous essaierons avec nos partenaires de coalition de parvenir à un accord que nous porterons au Château. »Martin Kuba, actuel ministre de l’Industrie et du Commerce, était d’ailleurs annoncé au Château de Prague, siège de la présidence, ce mardi sans que cela ait été officialisé. Parmi les prétendants ODS au cabinet de Petr Nečas - Jiří Pospíšil, Pavel Blažek, Zbyněk Stanjura ou encore Tomáš Chalupa – c’est d’ailleurs Martin Kuba qui fait office de favori. Seulement, les choses pourraient ne pas être aussi simples car l’affaire de corruption qui a eu la peau du gouvernement de Petr Nečas n’en est qu’à ses balbutiements. Sept personnes dont Jana Nagyová, la directrice de cabinet et amante de l’ancien Premier ministre ont jusqu’à présent été arrêtées et placées en détention provisoire. La liste risque de s’enrichir de quelques noms prestigieux.
Soupçonnant le juriste Tomáš Jindra de blanchiment d’argent en lien avec deux lobbyistes pragois très probablement impliqués dans cette affaire, la police a procédé ce mardi matin à une perquisition à son domicile. Or Tomáš Jindra n’est pas n’importe qui puisqu’il conseille le ministre de l’Agriculture Petr Bendl (ODS) mais également Martin Kuba. Par ailleurs, toujours dans le cadre de ce dossier, le site d’informations E15 révèle que Petr Nečas lui-même pourrait être inculpé. Selon la police, il aurait promis le versement de pots-de-vin et l’attribution de postes lucratifs dans des entreprises d’Etat à trois députés ‘rebelle’ de l’ODS, lesquels, à l’automne dernier, bloquaient le vote d’une loi. Petr Nečas, qui a fait part de son désir de quitter la politique au terme de son mandat de député, voit certainement son rêve d’une retraite paisible s’éloigner.