Des changements à venir pour les parcs nationaux tchèques
La législation encadrant l’administration des parcs nationaux tchèques devrait être modernisée. C’est l’avis du ministre de l’environnement Richard Brabec, qui présentait mardi son projet d’amendement à la loi de protection de la nature et du paysage. Certaines zones protégées pourraient par exemple être ouvertes aux randonneurs. Les écologistes s’inquiètent surtout des nouveaux pouvoirs que pourraient recevoir les municipalités situées sur ces territoires, une potentielle menace pour la défense de la nature selon eux.
« Il est sans aucun doute utile de faire bouger la législation car il est évident que depuis l’application, il y a vingt ans, de la loi de protection de la nature et du paysage, les choses ont évolué. Le cadre juridique en vigueur n’est pas moderne. C’est pourquoi je suis de l’avis qu’il est temps de proposer quelque chose de bien meilleur, avec des statuts clairs, transparents, et des règles simples principalement pour les parcs nationaux, mais également pour les zones naturelles protégées. »
Le ministre a exposé l’une des nouveautés qu’ apportera son amendement, conçu, il l’assure, avec la collaboration de spécialistes et de législateurs, un texte que le gouvernement pourrait valider en septembre prochain :
« Il est possible et même probable que dans certains des parcs nationaux tchèques, les gens pourront se promener jusque sur le territoire des zones de première catégorie. »Les zones de première catégorie correspondent aux territoires les plus protégés, où l’homme est censé ne pas interagir avec la nature. Déambulant dans un espace de forêt sauvage et verdoyant, pour l’heure inaccessible aux touristes, Lenka Reiterová, directrice adjointe du Parc national de Podyjí, le seul de ce type en Moravie, illustre ce changement possible à venir :
« Voici précisément un endroit où nous pourrions à l’avenir mettre en place un chemin balisé pour les touristes qui pourraient se promener librement sur le tapis végétal. Il sera même possible de s’approcher des ruisseaux et d’y goûter l’eau. »
Ce point pourrait faire débat chez les écologistes mais la question qui fâchera à coup sûr, c’est l’ouverture de certains territoires des parcs nationaux à de nouvelles activités économiques. Car les communes situées sur ces espaces insistent pour obtenir plus de prérogatives et de facilités dans la gestion de leur sol. Et le ministre Richard Brabec entend leur donner satisfaction avec notamment la création d’un quatrième niveau de protection.
Les organisations écologistes pourraient ne pas y trouver leur compte, elles qui craignent que la défense de la nature soit sacrifiée au profit d’intérêts privés. Evoquant la question délicate du projet de loi sur la Parc national de la Šumava, depuis longtemps dans les cartons, Jaromír Blaha, le président du mouvement écologiste Hnutí Duha (le Mouvement Arc-en-ciel), déclarait au micro de Radio Prague :« Le problème, c’est qu’il y a une grande pression de l’industrie minière et de l’industrie du bois pour diminuer les niveaux de protection de certains espaces naturels. Il y a en effet en République tchèque un grand potentiel pour les industries travaillant le bois, une capacité qui excède le volume de matière première que peuvent fournir les forêts tchèques. »
Le projet de loi sur le Parc de la Šumava, validé par les sénateurs en juin dernier, est très critiqué par les écologistes et les scientifiques, avec notamment une pétition ayant recueilli 26 000 signatures. Richard Brabec, qui se déclare indécis sur ce texte, jure en revanche que les propositions de ces groupes seront pris en compte dans l’élaboration de son amendement sur les parcs nationaux.
En parallèle, le ministre de l’Environnement souhaiterait également que certaines zones naturelles protégées deviennent des parcs nationaux. Une attention particulière est accordée à la forêt protégée de Křivoklátsko, à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Prague. Un autre projet de parc national concerne la zone des Jeseníky, au nord de la Moravie. Dans les deux cas, de l’eau pourrait couler dans les ruisseaux de Podyjí avant que ces propositions ne se concrétisent.