Le chef de l’Etat veut opposer son veto à la loi sur les parcs naturels
En visite depuis lundi en Bohême du Sud, le président de la République tchèque Miloš Zeman, a fait savoir qu’il allait opposer son veto à l’amendement à la loi sur les parcs nationaux, qui a été approuvée par le gouvernement il y quelques semaines déjà. L’amendement en question prévoit la mise en place de règles communes pour les quatre parcs nationaux tchèques et notamment l’extension de la zone où toute intervention humaine est interdite dans le parc de la Šumava.
« Ce à quoi s’oppose le président de la République, à savoir l’élargissement de zones épargnées par l’action de l’homme, ne figure vraiment pas dans cet amendement. Je me demande donc si nous avons lu le même texte tous les deux. L’amendement n’indique pas quelle devrait être la superficie des zones protégées ou d’autres zones au sein de tous les parcs nationaux. »
Cette dernière délimitation des zones devrait faire partie d’un prochain document qui n’entrerait pas dans un cadre légal, mais devrait être adopté avec l’aval des différentes communes des parcs nationaux.
L’amendement à la loi prévoit également la délimitation de quatre zones au lieu des trois actuelles, ainsi que l’ouverture aux touristes, pour la première fois, d’espaces jusque-là sévèrement gardés, dans le cadre de ce que l’on appelle « la première zone ». Dans ce sens, des zones dites « de calme » devraient y être déterminées ; des zones qui seraient par la suite inaccessibles pendant une certaine période de l’année. A la question de savoir si l’entrée des parcs nationaux n’allait justement pas être restreinte, le ministre de l’Environnement poursuit :« Nous prévoyons au contraire que les zones où l’homme ne pourra pas mettre les pieds seront moindres. Je suis donc au contraire persuadé que cette nouvelle norme sert à l’ouverture et non pas à la fermeture des parcs nationaux. »
Toutefois, selon Antonín Schubert, maire du bourg de Modrava, et président de l’Union des municipalités du parc national de la Šumava, l’idée véhiculée, selon laquelle, avec ce nouvel amendement, les communes verraient leurs compétences renforcées et pourraient étendre leur influence sur l’édiction des zones protégées et le développement d’un tourisme durable, est fausse. De son côté, l’écologiste du Centre d’analyse indépendant Glopolis, Vojtěch Kotecký, a souligné l’intérêt de cet amendement :
« Je crois que l’amendement est important pour trois raisons. Tout d’abord, parce qu’il précise les règles, et la façon dont nos quatre parcs seront gérés. Avec le temps, nous devrions parvenir à la situation suivante, où les parcs seraient alors divisés en deux: une partie réservée à la nature sauvage et aux touristes, et une autre réservée à des activités respectueuses de l’environnement. La deuxième raison est le fait que cet amendement ouvre des espaces sauvages aux touristes, des espaces qui étaient jusqu’à présent uniquement accessibles par des sentiers ou des chemins balisés. Et la troisième raison est que cet amendement délimite de quelle façon il sera possible de faire des aménagements, c’est-à-dire uniquement dans des communes et des espaces réservés à cet effet. »Pour Vojtěch Kotecký, les communes disposeront des mêmes pouvoirs que ceux détenus jusqu’à présent : elles continueront de faire partie du conseil du parc national de Šumava et présenteront des observations sur la façon de s’occuper du parc national.
Récompensé en 2013 par l’anti-prix Ropák, décerné à l’« action anti-écologique de l’année », le chef de l’Etat Miloš Zeman pourrait bien à nouveau se voir ainsi distingué. Si lundi, le chef de l’Etat a toutefois déclaré qu’une loi universelle sur les parcs naturels n’était pas une « mauvaise idée en soi », il a nuancé ses propos en indiquant que tout dépendait de qui se trouvait à la direction des parcs nationaux, pourfendant ainsi ceux qu’il appelle « les fanatiques verts ».Si l’amendement doit encore être approuvé par la Chambres des députés, la bataille législative s’avère encore ardue.