Des milliers de Tchèques réclament le remboursement de frais bancaires

Foto: Barbora Němcová

Regroupés au sein d'une même initiative, environ 40 000 Tchèques réclament à leurs banques le remboursement et la suppression de certains frais et commissions qu’ils estiment injustifiés. Le montant total de la somme réclamée s’élève déjà à plus de 500 millions de couronnes (20 millions d’euros). Mais si, compte tenu du niveau de vie, les frais bancaires appliqués en République tchèque sont effectivement parmi les plus élevés en Europe, les banques se défendent en argumentant qu’elles agissent légalement et que leurs clients sont informés des conditions lors de la signature des contrats.

Photo illustrative: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.
Depuis plusieurs années déjà, un grand nombre de Tchèques se plaignent non seulement de la multiplication des frais facturés par les institutions bancaires, mais aussi du montant élevé de ces frais, souvent supérieur à ceux appliqués dans les pays où siègent les sociétés mères des banques présentes en République tchèque. C’est donc pourquoi a vu le jour un projet dont l’objectif est de rassembler le plus grand nombre de clients mécontents. L’union faisant la force, tous espèrent obtenir le remboursement de certains de leurs frais en parvenant à un arrangement à l’amiable avec les banques ou par voie judiciaire.

A l’origine de cette initiative se trouve une décision rendue l’année dernière par la justice allemande qui a estimé que les frais exigés pour la gestion d’un prêt immobilier ou d’un crédit étaient en contradiction avec la législation européenne. Ce jugement n’est pas passé inaperçu en République tchèque. Inspiré par cette décision, Petr Němec, avocat de profession, est devenu le premier Tchèque à réclamer et obtenir le remboursement de frais auprès de la Komerční banka, filiale de la Société générale et deuxième plus grande banque pour les particuliers en République tchèque. Depuis qu’il a obtenu gain de cause, Petr Němec est devenu en quelque sorte le leader du mouvement de protestation contre les banques :

Petr Němec,  photo: CTK
« A partir du moment où j’ai obtenu le remboursement de mes frais à la Komerční banka, un tas de gens se sont adressés à moi pour que je les aide dans leurs démarches. C’est la raison pour laquelle j’ai créé le site Internet jdeto.de sur lequel je conseille et explique quelles sont les démarches à entreprendre. Il s’agissait vraiment de milliers de personnes. Comme je ne pouvais pas tout faire seul, nous avons mis nos forces en commun avec un autre site appelé bankovnipoplatky.com. »

En français, jdeto.de et bankovnipoplatky.com signifient « c’est possible » pour le premier et « frais bancaires » pour le deuxième, deux sites Internet donc auxquels est venu s’ajouter un troisième, poplatkyzpet.cz, autrement dit « les frais remboursés ».

Pour l’heure, les trois initiatives réclament d’abord la suppression des frais de tenue des prêts immobiliers, crédits hypothécaires et autres crédits comme celui à la consommation. Toutefois, certaines banques ont déjà commencé à supprimer des commissions, comme le reconnaît Petr Němec, qui remarque toutefois :

« C’est vrai, mais cette décision des banques ne concerne que les nouveaux clients. Elle ne concerne pas tous ceux qui ont signé leur contrat avant le changement des barèmes des tarifs et dont nous défendons également les intérêts. Ce que nous voulons, c’est que les banques leur remboursent l’ensemble de leurs frais et qu’elles cessent de les leur facturer. »

Photo: Archives de Radio Prague
Face à cette initiative, les banques communiquent peu, ou pas, à l’image de la Komerční banka. Son attachée de presse Monika Klucová a ainsi répondu par la négative à notre demande d’interview et s’est contentée de nous faire savoir que selon les expertises juridiques dont la banque dispose, les frais facturés sont conformes à la législation tchèque. Cette position est également celle des autres banques, à l’unisson donc sur le sujet et qui profitent de la situation sur un marché tchèque assez peu concurrentiel. Toutefois, toujours selon Petr Němec, l’intérêt des banques est aussi d’être à l’écoute, ne serait-ce que dans une certaine mesure, des souhaits de leurs clients :

« Les banques en République tchèque réalisent d’importants profits et tant mieux pour elles. C’est très bien comme ça. Personne ne veut de banques en faillite. Mais l’éventuelle suppression de certains frais ne mettrait pas en danger leur santé financière. La seule conséquence pour elles serait une petite réduction de leurs importants profits. Refuser de le faire reviendrait à dire à leurs clients : ‘Voyez, tout ce qui nous importe, c’est votre argent’. »

A noter que mercredi, le gouvernement slovaque a adopté un amendement selon lequel les banques et autres institutions financières fournisseuses de crédits n’auront plus le droit de facturer de frais pour l’ouverture et la gestion d’un compte. En République tchèque, il faudra probablement attendre encore un peu avant éventuellement d’en arriver là.