Des ossements d’une femme probablement d’origine africaine découverts à Tetín
Alors que des archéologues procédaient à des fouilles près de l’église Sainte-Catherine, à Tetín (Bohême centrale), des ossements un peu particuliers ont attiré l’attention des archéologues. Datant du Moyen Age, ils pourraient en effet appartenir à une femme d’origine africaine âgée de 40 ou 50 ans.
Tetín est un petit village du district de Beroun, situé au sud-ouest de Prague, connu pour être le lieu où sainte Ludmila fut assassinée sur ordre de sa belle-fille, Drahomíra, le 15 septembre 921. Pourtant, c’est désormais pour une découverte archéologique que ce petit village a récemment fait parler de lui.
En 2021, alors que des ouvriers creusaient pour réparer une fuite d’eau, une équipe d’archéologues dirigée par Pavel Kubálek a été appelée pour fouiller les sols de Tetín. Les archéologues y ont mis au jour des squelettes dans des tombes et ont décidé de les faire analyser. Si l’on ne sait pas exactement quand ont été enterrés ces corps, on sait que le cimetière a été utilisé à partir du XIème et du XIIème siècle et qu’ils remontent vraisemblablement à l’époque médiévale.
Parmi les sept squelettes, dont quatre enfants et trois adultes, une des dépouilles a particulièrement attiré l’attention des spécialistes. Celui d’une femme qui serait morte autour de 40 ou de 50 ans et qui semblerait être d’origine africaine. Pavel Kubálek, anthropologue à l'Institut de protection du patrimoine archéologique de Bohême centrale de l’Académie des sciences, nous en dit plus sur cette découverte :
« Elle a une ouverture du nez beaucoup plus large et des os nasaux nettement plus courts et plus larges par rapport à ceux de la population blanche. Selon l’anthropologie classique, ce crâne porte des signes d’origine africaine. »
Si la recherche historique a déjà montré qu’il y avait déjà des contacts entre populations africaines et européennes dès le Moyen Âge et que certains monarques comme Frédéric II, roi de Sicile et empereur du Saint-Empire romain germanique à partir de 1220, accueillirent des Africains dans leurs cours, ce qui surprend dans cette découverte, c’est que cette femme soit enterrée dans le cimetière communal avec d’autres corps, comme si elle était parfaitement intégrée à la population.
On ne saura jamais ce qui l’a amenée en Europe centrale, mais les archéologues supposent néanmoins que son séjour y a été de longue durée. En effet, après avoir analysé le crâne et découvert de légères excroissances dans les sinus maxillaires, ils ont émis l’hypothèse que cette femme aurait été atteinte de sinusite chronique. Cela pourrait alors être un argument supplémentaire confirmant l’hypothèse que cette femme ait été d’origine africaine, puisque cette maladie témoigne vraisemblablement du fait que cette femme ait vécu dans un environnement qui n’était pas celui d’origine et qu’elle ne s’y soit pas tout à fait adaptée.
Il faudra toutefois encore confirmer la forte présomption des archéologues par des analyses ADN, mais aussi celles d’oligo-éléments qui devraient pouvoir préciser davantage les origines de cette femme.