Des personnalités en faveur d'un référendum sur la base radar américaine
Le 11 juillet, une cinquantaine de personnalités de la vie publique tchèque a publié une lettre ouverte demandant la tenue d'un référendum sur l'éventuelle installation d'une partie du bouclier antimissile américain sur le sol tchèque. AK a rencontré quelques-uns des auteurs à l'origine de cette initiative.
Ils s'insurgent, par exemple, contre les propos du vice-Premier ministre tchèque chargé des Affaires européennes, Alexandr Vondra, qui avait déclaré que si la base radar n'était pas installée, les Tchèques pouvaient s'attendre à une réactivation du service militaire obligatoire. « Mystification irrationnelle » et chantage, répondent les personnalités tchèques pro référendum.
« La première chose que nous aimerions savoir, c'est la fonction véritable de cette base radar car les objectifs qui sont présentés par les Américains mais aussi du côté tchèque ne sont pas véridiques. »C'est du moins ce qu'estime Vladimir Stoy, scientifique et entrepreneur tchéco-américain, avant de poursuivre :
« Les autres questions auxquelles je souhaiterais avoir une réponse concernent la participation et l'intégration de la République tchèque : sommes-nous ou ne sommes-nous pas partie intégrante de l'Union européenne ? Faisons-nous partie de l'OTAN ou pas ? En conséquence, sommes-nous alors obligés de conclure des accords séparés avec une autre puissance, quand bien même celle-ci ferait partie d'une même organisation que nous, comme c'est le cas des Etats-Unis ? »
Les signataires de la lettre rappellent qu'ils ne font partie d'aucun groupement politique, souhaitant ainsi désamorcer les accusations de « gauchisme ». Ils insistent sur le fait que certains d'entre eux peuvent même avoir un point de vue favorable à l'installation de la base américaine, mais estiment que l'opinion publique devrait en savoir plus et devrait décider en fonction d'informations fiables et solides : la juridiction tchèque aurait-elle cours sur le terrain de la base ? Les forces militaires ou policières tchèques y auraient-elle accès ?
Pour le réalisateur Jan Kacer, l'argument de la sécurité n'est pas recevable à tout prix, et l'indépendance du pays n'est pas négociable :« Bien entendu que cela fait des siècles que l'on essaye de faire en sorte qu'il y ait la paix en Europe. Si on y parvient, je ne peux être que satisfait. Mais justement, un philosophe français, un peu étrange et dérangeant, Voltaire, a résumé ses réflexions philosophiques en une phrase : 'Il faut cultiver son jardin'. J'estime que si chacun s'occupait de son propre lopin de terre et n'allait pas voler les pommes d'à côté, le monde s'en porterait bien mieux. »
A l'inverse, le porte-parole chargé de la problématique de la base, Tomas Klvana, invoque le soutien d'une vingtaine de grands noms de la vie publique tchèque, comme le réalisateur Jan Hrebejk ou le sculpteur David Cerny, qui, eux, encouragent l'installation d'une partie du bouclier antimissile en RT.