Des universités tchèques apportent leur aide à une centaine d’étudiants biélorusses
Cela peut sembler une goutte d’eau dans l’océan, mais pas pour les étudiants biélorusses qui ont trouvé refuge en République tchèque, fuyant la répression du régime d’Alexander Loukachenko : plusieurs universités tchèques accueillent depuis près d’un an une centaine d’étudiants qui bénéficient d’une bourse, de cours de tchèque et de rattrapage dans certaines matières, et du soutien de leurs condisciples tchèques.
« Nous vivons ici, mais dans nos têtes, nous sommes toujours en Biélorussie, » souffle Lizaveta, une jeune étudiante biélorusse de l’Université technique de Liberec. Comme ses deux autres amies, Darya et Vera, elle s’est exilée en République tchèque il y a près d’un an. Aucune d’entre elles n’a oublié pourquoi elles ont fui leur pays d’origine, la Biélorussie, comme le rappelle une affiche placardée sur la porte de leur chambre d’étudiante. On peut y lire : « nous voulons des élections libres ».
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En 2020, et après 26 ans de pouvoir, le président sortant Alexandre Loukachenko se présente pour un sixième mandat à la présidence. Plusieurs candidats de l’opposition sont arrêtés et exclus du scrutin, la femme d’entre eux, Svetlana Tikhanovskaïa, se présentant à la place de son mari. L’annonce de sondages de sortie des urnes indiquant une large victoire de Loukachenko avec près de 80 % des suffrages provoque d’importantes manifestations le soir-même du scrutin le 9 août. Si le mouvement de révolte se poursuit pendant des mois, le régime réprime dans la violence et le sang toute opposition. Même dans les rangs des étudiants qui se mettent en grève pendant de nombreux mois et qui ne sont pas épargnés par la répression.
Si elle est exilée en République tchèque, Lizaveta reste engagée dans le soutien à une Biélorussie libre. Via l’Association étudiante biélorusse, elle est en lien avec d’autres étudiants, eux-mêmes accueillis dans d’autres pays :
« Ils sont en Ukraine, en Pologne, en Allemagne ou en Lituanie. Nous faisons tous quelque chose de notre côté pour la Biélorussie. Nous sommes libres et nous pouvons faire des choses pour la Biélorussie. »
Ensemble, ils s’efforcent de soutenir ceux qui sont restés chez eux, par exemple en envoyant des lettres à d'anciens camarades de classe qui ont été emprisonnés pour avoir participé aux manifestations antigouvernementales :
« Nous voulons leur montrer que nous sommes nombreux et que nous ne les avons pas oubliés. Par exemple, j'ai trois amis qui sont en prison. Ils doivent travailler, ils cousent des vêtements pour la police. Lorsque vous écrivez une lettre à la prison, vous devez garder à l'esprit qu'elle sera censurée. »
Lizaveta, Darya et Vera ont déjà suivi un cours de langue et un semestre de cours en tchèque. Une initiative appelée 11+1 a pour vocation d’aider les étudiants biélorusses à s'installer en République tchèque. Symbolique, son nom fait référence à un événement connu en Biélorussie sous le nom de « jeudi noir » lorsque le 12 novembre 2020, onze étudiants et un professeur ont été arrêtés en guise d'avertissement à la communauté universitaire biélorusse. Après six mois de détention, ils ont été condamnés en juillet 2021 à des peines allant jusqu'à deux ans et demi dans des camps pénitentiaires. Petr Ťoupalík, doctorant à l'université Charles, est l'une des personnes à l'origine de ce projet :
« Nous avons déjà mis en relation environ 60 personnes à travers la République tchèque. La plupart d'entre elles étudient le tchèque et quelques-unes redoublent des matières spécifiques comme l'histoire de l'Europe centrale ou l'algèbre linéaire. »
Le ministère tchèque de l'Education soutient financièrement les étudiants biélorusses dans le pays avec des bourses spéciales. Les écoles reçoivent 12 500 CZK par mois et par élève. 9 500 CZK reviennent aux étudiants biélorusses, la somme restante est utilisée pour couvrir d'autres frais, comme les manuels scolaires ou les coûts de l'enseignement du tchèque.
Au cours du premier semestre de l'année universitaire, 113 étudiants de 12 universités ont reçu un soutien financier du ministère de l'Education. La plupart d'entre eux étudient à l'Université Charles, à l'Université de Plzeň et à l'Université technique de Liberec.