Dessins et inscriptions bientôt interdits sur le mur John Lennon à Prague ?
Jadis lieu de résistance symbolique au régime communiste, le mur John Lennon est aujourd’hui dépassé par les dérives du tourisme de masse. L’ordre de Malte, propriétaire du mur porteur de graffitis, a décidé de porter plainte pour vandalisme.
Il semble loin le temps ou le mur John Lennon était un symbole de paix et de liberté. Alors que des Murs Lennon directement inspirés par l’exemple pragois fleurissent à Hong Kong en soutien à l’opposition démocratique, le mur original dans la capitale tchèque est aujourd’hui couvert de symboles scabreux et de graffitis informes.
L’Ordre de Malte, propriétaire du célèbre mur, a publiquement exprimé son mécontentement par la voix du chancelier du Grand Prieuré Johannes Lobkowicz :
« Cela n’a plus rien à voir avec l’esprit original du mur, qui était un symbole de résistance à l’oppression communiste et à l’absence de libertés. Les touristes font n’importe quoi, des agences gagnent de l’argent sur notre dos et nous sommes obligés de repeindre le mur chaque semaine. »L’Ordre est particulièrement remonté contre certains organisateurs de visites guidées de la capitale, qui offrent depuis le début de cette année des feutres et des sprays aux touristes afin qu’ils puissent exprimer leur talent créatif. Parfois sous l’emprise de l’alcool, les touristes ne savent souvent pas que leur action est illégale, en plus de détériorer le travail de véritables artistes. Certains ont mêmes commencé à peindre les arbres et les murs environnants. En réponse, l’ordre des Chevaliers a porté plainte pour vandalisme.
Les Chevaliers maltais ont ajouté que, en collaboration avec les autorités publiques, ils préparaient de nouvelles mesures pour faire cesser ces pratiques. Une réunion aura lieu cette semaine en présence du maire de Prague 1 Pavel Čižinský, des représentants des Chevaliers de Malte et la porte-parole de l'Association des propriétaires de biens immobiliers, Karolína Peake.Une augmentation des patrouilles policières et la mise en place de caméras de surveillance sont notamment évoquées. 500 000 couronnes tchèques sont déjà nécessaires pour la rénovation du mur.
L’incident illustre les dérives qu’entraine l’augmentation du tourisme de masse en Europe. Que ce soit la fontaine de Trevi à Rome, la Sagrada Familia à Barcelone ou le mur Lennon à Prague, tous les lieux symboliques des grandes métropoles touristiques sont pris d’assaut par des hordes de touristes parfois négligeants.
Deux touristes allemands ont notamment été condamnés à un an de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction de séjour en Tchéquie et de fortes amendes pour avoir réalisé un graffiti sur le pont Charles le 15 juillet dernier.La ville de Prague semble en tout cas déterminée à juguler les dérives du tourisme de masse : les vélos-bars, les animaux en peluche géants vont être interdits et les fausses automobiles de collection vont voir leur nombre diminuer. En espérant que cela suffise à calmer l’exaspération croissantes des pragois envers les touristes.