Dramox : le ‘Netflix du théâtre’ lance sa deuxième saison
La plateforme de diffusion tchèque Dramox vient de souffler sa première bougie, et sa deuxième saison commence pour le mieux. Lancée en octobre 2020 pour aider les théâtres à faire face à la crise sanitaire, Dramox propose à ses utilisateurs de visionner des pièces de théâtre en restant chez soi. De nombreux Tchèques ont été séduits par ce système permettant de rendre la culture plus accessible. L’occasion pour Dramox de revenir sur l’année qui vient de s’écouler et sur celle qui vient.
Le premier confinement du printemps 2020 a semble-t-il donné des idées à quelques entrepreneurs. C’est le cas de trois passionnés de théâtre, Martin Zavadil, Radim Horák et Martin Hájek. La pandémie a obligé les théâtres à fermer leurs portes et à stopper tous les projets en cours. Mais c’est là que Dramox est intervenu pour soutenir l’industrie du théâtre. A l’instar de Netflix, la start-up propose à ses utilisateurs d’accéder à des enregistrements vidéo des spectacles. Moyennant un abonnement mensuel de 299 couronnes (11€90 hors République tchèque), il est possible de regarder des pièces de manière illimitée. Dramox est disponible dans toute l’Europe et propose également un programme spécial pour les écoles. Les théâtres volontaires peuvent créer un partenariat avec la plateforme, qui s’engage en retour à leur verser la moitié de ses revenus, une manière aussi de limiter les pertes financières dues aux restrictions sanitaires. Parmi les théâtres partenaires, on retrouve ceux de Brno, de Dejvice ou encore de Zlín.
La première année de Dramox a été plus que positive et a, semble-t-il, dépassé toutes les espérances. En effet, pendant les confinements, Dramox a été la seule solution pour continuer à voir des pièces et à faire vivre la culture sur les planches. Fondateur et directeur de Dramox, Martin Zavadil nous expose ce qu’il retient de cette première année :
« Nous venons de fêter notre premier anniversaire, c’est donc l’heure de faire un bilan. Je pense que cette année a été un succès, les chiffres ont largement dépassé nos attentes. Nous avons réussi à transformer le monde du théâtre, et Dramox a reversé en un an 400 000 euros aux artistes. Je pense que c’est aussi un succès pour les théâtres et les artistes, car ils ont perdu beaucoup d’argent à cause de la crise sanitaire et Dramox a représenté un revenu très important pour eux. Nous avons aussi beaucoup de retours de la part d’utilisateurs. Par exemple, nous avons reçu des mails de personnes qui nous disaient avoir regardé vingt spectacles sur Dramox. C’est fantastique, car habituellement, les gens ne vont au théâtre qu’une ou deux fois par an. Nous sommes donc très heureux. »
Martin Zavadil compte faire évoluer sa plateforme pour cette deuxième année, notamment en créant de nouveaux partenariats avec des théâtres tchèques mais pas seulement. 103 théâtres de 22 pays différents sont désormais représentés sur le site. Martin Zavadil, qui dit ne pas avoir peur que des sites concurrents ne se développent, nous fait le tour du monde des spectacles visualisables sur Dramox :
« Actuellement, il y a plus de 200 spectacles sur Dramox, et ils ne viennent pas seulement de République tchèque mais du monde entier : Australie, Corée du Sud, Slovaquie, Angleterre, Canada, Los Angeles, Serbie, Russie… D’ailleurs, je recommande les opéras de Los Angeles à nos spectateurs. La Norvège crée aussi des performances très intéressantes. Dramox met des sous-titres sur la plupart des spectacles pour que chacun puisse profiter de l’expérience. Et les performances sont variées, il y a des pièces de Shakespeare pour ceux qui aiment le théâtre classique. Nous sommes en train de terminer la programmation pour l’année qui vient, et les gens pourront voir des pièces qu’ils n’auraient jamais vues sans Dramox. »
La France n’est pas en reste, car Dramox a développé des collaborations avec le Théâtre de la Ville à Paris, le Théâtre National de Nice ou encore l’Opéra Royal de Versailles.
Dramox est né pour répondre à un objectif précis : rendre la culture plus accessible à tous. En effet, se rendre au théâtre physiquement a un coût élevé, et les théâtres ne sont implantés que dans les grandes villes. Martin Zavadil nous donne l’exemple du Théâtre morave d’Olomouc :
« Je pense – et j’espère – que Dramox contribue à démocratiser le théâtre en le rendant plus accessible, notamment pour les petits théâtres. Je pense à celui d’Olomouc, par exemple. Pendant deux mois consécutifs, c’était l’un des théâtres les plus regardés sur notre site, alors que nous ne l’avions pas spécialement mis en avant. Mais il a monté des pièces très intéressantes en rapport avec le coronavirus. Les spectateurs ont bien aimé car le thème leur évoquait quelque chose, et ils n’auraient jamais vu ces pièces sans Dramox. Les gens ont parfois peur d’aller au théâtre, car ils ne savent pas à quoi s’attendre. C’est donc plus facile pour eux de regarder derrière un écran, il y a moins de timidité. Enfin, les directeurs de théâtre avaient peur que Dramox remplace complètement les spectacles en salle, mais ce n’est pas ce qui se passe. »
C’est donc une start-up tchèque qui prospère et qui entame sa deuxième année d’existence pleine de projets. Et Dramox permet aussi de se cultiver tout en restant sous la couette pendant les longues soirées d’hiver qui commencent à arriver !