Du rififi suite au renvoi du directeur de l’Agence gouvernementale pour l’intégration sociale
La décision du ministre en charge des droits de l’Homme, le social-démocrate Jiří Dienstbier, de renvoyer Martin Šimáček de son poste de directeur de l’Agence gouvernementale pour l’intégration sociale suscite des remous. Ce dernier considère irrecevables les raisons avancées pour son éviction et bénéficie du soutien des employés de ce bureau travaillant notamment les problématiques auxquelles font face les Roms en République tchèque.
Inattendue, l’annonce jeudi dernier du renvoi du directeur de cette institution a suscité colère et incompréhension, et en premier lieu chez l’intéressé qui considère sur son blog comme « mensongères et insultantes » les cinq raisons invoquées par le ministre pour justifier sa mise à pied. Ces raisons, rendues publiques tardivement, Jiří Dienstbier les a présentées en conférence de presse ce mardi. Elles se divisent en deux groupes, le premier ayant trait à des commandes publiques. On écoute le ministre :
« De façon répétée, de sérieux problèmes dans ce domaine ont été découverts à l’Agence gouvernementale pour l’intégration sociale. Il y a eu dernièrement un problème de trop à l’origine de mon initiative de demander le renvoi de son directeur. Il s’agit d’une commande pour acheter du temps d’antenne à la télévision pour une somme de cinq millions de couronnes, TVA comprise (environ 180 000 euros, ndlr). »Dans le cadre de cette commande, Jiří Dienstbier reproche à Martin Šimáček de ne pas avoir informé à temps le gouvernement comme la loi l’y oblige. Une allégation « honteuse » pour l’accusé qui dit avoir passé l’information très tôt mais n’avoir obtenu un retour que deux jours avant le début de la campagne télévisée.
Le projet de réorganisation de l’agence constitue le deuxième point litigieux principal mis en avant par le ministre, selon lequel Martin Šimáček aurait refusé toute discussion sur le sujet, ce que ce dernier nie. Sans omettre de mentionner ses réserves sur le plan de séparation en deux entités distinctes de son institution, lesquelles, indissociables, ne seraient ainsi selon lui pas fonctionnelles, le futur ex-directeur affirme même avoir demandé l’organisation de rencontres sur ce thème et n’avoir reçu pour seule réponse que d’être renvoyé.
Le quotidien Právo fait quant à lui état de « bruits de couloir », selon lesquels Martin Šimáček n’était pas en odeur de sainteté auprès de différents politiciens, et notamment auprès de Martin Klika, un élu social-démocrate du nord de la Bohême, qui aurait pu jouer un rôle dans son éviction. Šimáček ne cache pas que son agence et lui-même peuvent faire l’objet de quelques inimitiés :
« Je sais qu’il existe tout une série de politiciens et également de membres de ce qu’on pourrait appeler l’élite rom qui étaient agacés par les efforts de l’agence et de ses employés, qui se sont montrés aptes à réaliser ce travail dans les localités concernées. Ce sont par exemple des gens qui étaient auparavant membres du Conseil gouvernemental pour la minorité rom et qui étaient même parfois liés avec lui d’un point de vue financier. »Plusieurs organisations non gouvernementales, dont Člověk v tísni, où Martin Šimáček avait précédemment travaillé huit années, lui ont apporté leur soutien. A l’instar d’un certain nombre de maires, toutes tendances politiques confondues, à la tête de municipalités concernées par la coopération avec l’Agence gouvernementale pour l’intégration sociale, laquelle opère actuellement dans 36 localités. Ces élus se sont liés à la lettre ouverte signée par les employés du bureau, qui disent désormais craindre pour son avenir.