Echec du projet Opencard : on cherche le responsable

C’était un projet plein de promesses. La Municipalité de Prague avait présenté le projet Opencard comme une carte intelligente créée pour élargir les possibilités de communication entre les Pragois et leur ville. L’Opencard a été conçue pour être utilisée dans les transports en commun, dans les parkings et comme un porte-monnaie électronique. Elle devait ouvrir à ses détenteurs l’accès à des bibliothèques, des salles de théâtre et de concert et permettre aux chauffeurs indisciplinés de contrôler le bilan de leurs infractions au code de la route. Aujourd’hui, il semble que ce projet coûteux et ambitieux ait pratiquement échoué et les Pragois se demandent qui en est responsable.

C’est un échec spectaculaire. L’Opencard qui devait permettre à Prague de s’ouvrir aux technologies modernes et apporter à la ville d’importantes recettes, s’avère aujourd’hui un trou noir ayant englouti de grosses sommes sans rien donner en récompense. 880 millions de couronnes, quelque 33 millions d’euros, ont été jetées à la poubelle et la ville n’en a tiré aucun bénéfice. Actuellement l’Opencard ne sert que dans les transports en commun et encore, pas sans difficultés.

Les pères du projet, le maire de Prague Pavel Bém et son adjoint Rudolf Blažek du Parti civique démocrate, promettent de faire toute la lumière sur ces pertes financières considérables. Les résultats du premier audit réalisé par la société Nexia AP démontrent que l’Opencard sous sa forme actuelle n’est pas rentable pour la ville. Il s’avère aussi que la municipalité a confié le projet à une société qui n’avait pas les compétences nécessaires.

Pavel Bém
L’audit révèle que le département de l’informatique de la municipalité a signé avec les fournisseurs de technologies des contrats désavantageux et ne les sanctionnait pas lorsque ces contrats n’étaient pas honorés. Ces conclusions sont contestées cependant par le maire Pavel Bém qui a décidé d’organiser encore un deuxième audit:

«Il y aura donc deux opinions objectives qui apporteront des conclusions, une analyse, des recommandations. C’est sur cette base qu’il sera possible d’analyser le projet Opencard mais aussi toute la politique d’information de la ville.»

Pour examiner et relancer le projet, la municipalité a créé une commission spéciale qui sera présidée par Pavel Bém ce qui éveille évidement des doutes sur l’objectivité et l’impartialité d’un tel organe. Parmi les critiques du projet, il y a aussi l’adjointe au maire Markéta Reedová du Parti SNK-Démocrates européens:

«Je cherche depuis longtemps à attirer l’attention sur les failles dans la façon dont la ville distribue les commandes publiques, sur les transactions et les rapports contractuels problématiques. Je pense que si l’on avait adopté ma stratégie anticorruption, une telle affaire comme celle de l’Opencard n’aurait pas pu arriver. Je ne suis pas très surprise. Cela ne fait que confirmer que de tels problèmes existent et que la mairie ne leur prête pas l’attention nécessaire.»

Le métro pragois
Markéta Reedová n’a pas réussi à imposer à la mairie son projet de stratégie anticorruption et a décidé de quitter son poste avant la fin de cette année. Actuellement, il y a quelque 400 000 détenteurs de l’Opencard ce qui ne représente que la moitié du nombre initialement prévu. Les cartes ne sont pas vendues comme le prévoyait le projet, mais distribuées gratuitement. Vu les fonctions réduites de la carte, c’est probablement la seule possibilité de la diffuser massivement parmi les Pragois.