Ecole d'été de cinéma : le cinéma du Caucase

Aujourd'hui, on retrouve la critique de cinéma, écrivain, journaliste, francophone et francophile, Tereza Brdeckova, qui se trouve également à l'école d'été de cinéma d'Uherske Hradiste.

« Cet événement n'est pas un festival, c'est conçu comme une école : il s'agit d'essayer de maintenir une certaine culture de langage cinématographique et le comprendre. Moi, par exemple, je suis bien plus contente de voir des films du Caucase qui reflètent plus la réalité d'aujourd'hui. Le problème, c'est que ces pays avec lesquels nous avons travaillé, la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, sont à la fois un espace culturel uni et en même temps l'Arménie et l'Azerbaïdjan ne communiquent pas trop. Donc au moment où on commence à travailler réellement avec les ambassadeurs et les officiels, il y a tout de suite des problèmes, car ils nous disent que si on invite telle personne, ils ne nous donneront pas de films etc. C'est vraiment dommage car cette culture de 'tribu' dans cette partie du Caucase du Sud a déjà fait beaucoup de dégâts. »

La Géorgie est un des pays dont l'école d'été de cinéma présente de nombreuses productions. Sergueï Paradjanov ou Levan Zakareishvili font partie des grands noms du cinéma géorgien. Mais quant à la situation actuelle de la cinématographie dans la petite république du Caucase, Tereza Brdeckova est plutôt pessimiste :

« Il n'y a pas de producteurs. Il faut savoir aussi que dans les années 1990, en France, on aidait énormément, il y avait beaucoup de projets pour soutenir le cinéma des pays pauvres, ce qui a totalement disparu aujourd'hui. Vous avez une fondation européenne pour aider ces gens-là. Mais c'est très difficile car cela doit toujours être des films un peu commerciaux, des films qui sont compréhensibles par un public occidental. Et ça ce n'est absolument pas intéressant, en tout cas moi ça ne m'intéresse pas de regarder des films géorgiens, arméniens qui sont faits pour des spectateurs de l'Ouest. Ce qui est vraiment intéressant, c'est le témoignage du pays. Et ce qu'il faut absolument savoir, c'est que les jeunes, qui ne peuvent pas voyager, qui ont besoin de visas pour pratiquement tous les pays du monde, sont complètement coupés de tout. Ils ont Internet, mais pas la réalité. Si à Tbilissi, vous avez besoin de montrer des films scandinaves, c'est impossible car ils ne comprennent pas de quoi il s'agit. C'est une catastrophe générationnelle. Mais j'espère qu'au moins pour la Géorgie qui reste un pays ouvert, plus démocratique que les autres, qui est très intéressant pour les Américains, les choses vont changer. Par contre pour l'Arménie, je ne sais pas du tout. Quant à l'Azerbaïdjan, c'est un chapitre à part car il y a beaucoup de pétrole, de problèmes de mafia etc., et c'est très mal compris par l'Ouest aussi, à mon sens. »

Retrouvez Tereza Brdeckova, ainsi que David Cenek que vous avez entendu hier, dans notre rubrique culturelle dans une dizaine de jours, afin de clore ce cycle d'entretiens sur le cinéma, à l'occasion de l'école d'été de Uherske Hradiste.