Elections européennes : les partis tchèques en ordre de bataille

Photo: Commission européenne

Dans trois mois, du 22 au 25 mai prochain, auront lieu les élections européennes. Les Tchèques, membres de l’Union européenne depuis dix ans maintenant, seront invités à envoyer vingt-et-un députés, contre vingt-deux actuellement, à siéger au Parlement européen pour une durée de cinq ans. Dans cette optique, les différents partis politiques dévoilent ces jours-ci leurs listes. Ils devront également batailler contre l’abstention, toujours très forte lors de ce scrutin.

Photo: Commission européenne
L’abstention, traditionnellement importante pour les élections européennes, atteint des records dans les pays de l’Europe centrale et de l’Est ayant rejoint l’Union en 2004. En 2009, lors des précédentes élections européennes, seuls 28% des électeurs tchèques s’étaient déplacés pour exprimer leur vote (la moyenne européenne avait été de 43%), soit l’un des pires taux de participation du continent, même si les Slovaques voisins avaient fait « mieux encore », 80% d’entre eux se désintéressant de cette échéance électorale. Le Parlement européen, qui comptera 751 députés à partir de mai prochain, est pourtant souvent présenté comme l’instance « démocratique » de l’Union européenne, partageant l’initiative législative avec le Conseil de l’UE.

Pour mobiliser les électeurs, le parti social-démocrate (ČSSD), fort de sept eurodéputés dans la présente mandature, a choisi à une large majorité d’investir Jan Keller, novice en politique mais sociologue reconnu. Tandis que le Premier ministre et leader social-démocrate Bohuslav Sobotka a annoncé son intention de replacer la République tchèque au cœur de l’UE, le Parti socialiste européen (PSE), dont fait partie le ČSSD, fera lui campagne, comme à chaque élection européenne, pour une réorientation démocratique et sociale de l’UE. Bien que celle-ci se fasse toujours attendre, Jan Keller veut y croire :

Jan Keller,  photo: ČT24
« L’objectif de la social-démocratie européenne est que son groupe, le PSE, devienne la première force au Parlement européen, où elle est actuellement la deuxième. C’est ainsi que nous pourrons concrétiser l’espoir de participer à la démocratisation du fonctionnement de l’UE, une démocratisation qui profiterait en premier lieu à des pays de notre taille et participant de notre univers symbolique, en termes politiques et économiques. »

Le parti civique-démocrate ODS, actuellement en pleine déroute sur la scène politique nationale, payant cher les divers scandales politico-financiers impliquant certains de ces membres et l’impopulaire politique d’austérité de l’ancien premier ministre Petr Nečas, qui fait lui-même face à des poursuites judiciaires pour corruption, reste malgré tout la première force tchèque à Bruxelles et à Strasbourg avec neuf eurodéputés. Jan Zahradil, qui mène la liste de cette formation libérale affiliée aux Conservateurs européens opposés à la construction européenne, tentera de limiter la casse en arguant de la défense des intérêts nationaux tchèques :

Jan Zahradil,  photo: Zdeněk Vališ
« C’est ce que nous avons toujours défendu, même quand nous étions pointés du doigt pour cela, qualifiés d’eurosceptiques ou même d’anti-européens. Aujourd’hui, la situation a changé. Ce que nous affirmions il y a dix ans s’est révélé exact. Nous avons eu une bonne influence sur l’évolution de l’UE. »

Au total, une quarantaine de partis pourraient convoiter les vingt-et-un postes d’eurodéputés à pourvoir lors de cette élection à la proportionnelle qui, en République tchèque, se déroulera les 23 et 24 mai. L’échéance s’approche et la majorité des formations politiques n’ont pas encore dévoilé leur programme. Les chrétiens-démocrates, qui disposent à l’heure actuelle de deux sièges au Parlement européen, ont cependant affiché leurs priorités. Elles seront défendues par l’ancien ministre Pavel Svoboda :

Pavel Svoboda,  photo: Archives de Radio Prague
« L’emploi, la qualité des aliments qui arrivent sur les tables tchèques, le soutien aux familles avec des enfants, ce sont les thèmes que les chrétiens-démocrates feront valoir au Parlement européen. »

Avec quatre eurodéputés, les communistes ferment le contingent tchèque actuel au sein de cette assemblée et travailleront à défendre ces postes en même temps qu’à dénoncer l’orientation libérale de l’UE. La formation ANO, quant à elle, participera pour la première fois à ce scrutin et voudra confirmer le score flatteur obtenu lors des élections législatives d’octobre dernier. Un grand absent toutefois, le projet de traité transatlantique entre l’Union européenne et l’Europe, un sujet dont les candidats à l’eurodéputation peinent à s’emparer et qui constituera pourtant un enjeu majeur de la prochaine législature du Parlement européen.

Sur ce sujet : http://radio.cz/fr/rubrique/economie/le-traite-transatlantique-a-la-loupe-des-eurodeputes-tcheques http://radio.cz/fr/rubrique/economie/traite-transatlantique-quelles-consequences-pour-les-normes-sociales-sanitaires-et-environnementales