Elections : un an avant les législatives, d’abord les régionales
Pour la première et dernière fois cette année, les Tchèques sont appelés aux urnes ces vendredi et samedi, jours traditionnels de vote en République tchèque. Treize des quatorze conseils régionaux du pays, à l’exception de Prague, seront renouvelés à cette occasion, de même qu’un tiers des sénateurs, même s’il ne s’agira là encore que du premier tour. Mais bien qu’il s’agisse d’élections régionales, l’enjeu est national.
Partout ailleurs dans le pays, l’intérêt de ces élections sera de savoir si le parti social-démocrate (ČSSD), principale formation de l’actuelle coalition gouvernementale, conservera sa position dominante à l’échelle régionale ou s’il sera contraint d’abandonner une partie plus ou moins importante de ses sièges aux autres partis, et notamment au mouvement ANO, l’autre grand parti de la coalition dirigé par le ministre des Finances et homme d’affaires Andrej Babiš.
Un test pour la majorité
Un an avant les élections législatives, ce scrutin doit permettre aux principaux partis du pays non seulement de mesurer leurs forces, mais aussi de se faire une idée chiffrée et plus concrète des préférences des électeurs. Autrement dit, les élections régionales constituent un indicateur de la satisfaction que suscite l’action des différentes coalitions auprès de la population, que ce soit à une échelle nationale ou plus locale. Les résultats, surtout lorsqu’ils sont décevants, peuvent également influencer l’organisation et le fonctionnement des partis.
La suprématie du ČSSD sera-t-elle contestée ?
Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a fait savoir qu’il sera satisfait si le ČSSD, dont il est le leader, parvient à rester la formation dominante tant dans les régions qu’à la Chambre haute du Parlement. Actuellement, onze des treize régions du pays ont à leur tête un président social-démocrate. Par ailleurs, le ČSSD est partie prenante dans chacune des coalitions formées dans les conseils régionaux du pays. Enfin, il possède trente-trois des quatre-vingt-un sièges au Sénat. Autant dire qu’il sera probablement compliqué de faire beaucoup mieux, et ce même si son gouvernement, depuis sa nomination en janvier 2014, n’a été secoué par aucun scandale et que les Tchèques, si l’on s’en tient aux sondages, semblent relativement satisfaits du travail mené par le Cabinet.
Le mouvement ANO mise de nouveau sur la personnalité d'Andrej Babiš
Formation encore très jeune, puisqu’elle a vu le jour en 2011, le mouvement ANO est d’abord et avant tout incarné par le milliardaire d’origine slovaque. Un personnage qui divise les Tchèques, même si ses partisans sont toujours un peu plus nombreux, et qui, si la situation n’évolue pas d’ici-là, sera un des grands favoris des élections législatives l’année prochaine. Bien que très présent au gouvernement et à la Chambre des députés, ANO, dont le slogan pour la campagne électorale était « Nous voulons une meilleure Tchéquie », ne dispose que d’une très faible influence au Sénat avec seulement quatre représentants. Quant aux régions, c’est là une grande interrogation et il sera intéressant de voir quels seront ses résultats.
Quid des autres partis ?
Troisième et plus petite formation de la coalition gouvernementale, le parti chrétien-démocrate ambitionne d’arriver en tête dans au moins dans une région, très probablement en Moravie, et disposer d'un peu plus que ses trois mandats actuels au Sénat.
Troisième force politique du pays, malgré sa présence dans l’opposition, le parti communiste réalise traditionnellement de bons scores lors des régionales, notamment en Bohême du Nord, région frappée par un fort taux de chômage et un faible niveau de vie. Il y a quatre ans de cela, les communistes l’avaient même emporté dans les régions d’Usti nad Labem et de Karlovy Vary.
Enfin, les principaux partis de droite, qu’il s’agisse de Top 09 ou du parti civique démocrate ODS, semblent promis à rester dans l’ombre de leurs adversaires et n'apparaissent pas en mesure de constituer une alternative pour les électeurs tchèques.