En République tchèque, le Kurzarbeit permet au marché de l’emploi de résister au chômage
Malgré une augmentation de 0,1 point à 3,7%, soit son niveau le plus élevé depuis février 2018, selon les chiffres publiés mardi par le Bureau du travail, la République tchèque a conservé en juin le taux de chômage le plus faible au sein de l’Union européenne. Officiellement appelé « Antivirus », aussi désigné sous l’appellation « Kurzarbeit », le dispositif de chômage partiel protège pour l’instant le marché de l’emploi. Reste à savoir jusqu’à quand.
« Les entreprises continuent d’attendre pour licencier », titrait Hospodářské noviny en une de son édition de ce mercredi. Selon le quotidien économique, malgré la chute historique de la production industrielle (-25,7% en mai, après une baisse record de 33,7% en avril), l’aide du gouvernement permet pour l’heure encore de limiter la casse. Ainsi, « seules » 269 000 personnes étaient sans emploi à la fin du mois de juin. Même si la République tchèque continue donc de présenter des chiffres qui pourraient faire envier d’autres pays en Europe, le chômage y a néanmoins augmenté de 0,7 point depuis le début de l’année et de 0,6 point depuis le début de la crise du coronavirus. Si les segments d’activité les plus touchés sont désormais bien connus, la ministre du Travail et des Affaires sociales, Jana Maláčová, a aussi expliqué que beaucoup de Tchèques qui travaillaient à l’étranger ont été contraints de revenir dans leur pays d’origine :
« Le plus souvent, les gens qui s’inscrivent au chômage proviennent de domaines tels que les services, la restauration, l’hôtellerie, les transports et le tourisme. Mais nous notons effectivement aussi une augmentation du nombre de demandeurs qui ont perdu leur emploi dans ces différents secteurs plus particulièrement en Autriche, en Italie, en Allemagne ou en Suisse. »
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La simple lecture des chiffres pourrait laisser penser que la République tchèque s’en sort plutôt bien. Mais s’il existe bien un point sur lequel les experts s’accordent aujourd’hui, c’est pour dire qu’il convient de ne surtout pas crier victoire trop vite. Comme en témoignent les données pour le tourisme ou l’industrie automobile, qui est le moteur de l’économie tchèque, avec une baisse de la production de plus de 35% rien que pour les seuls cinq premiers mois de l’année (et de 52% encore en mai), la relance de l’activité dans les secteurs d’activité les plus frappés par la crise nécessitera encore du temps.
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Par ailleurs, comme le souligne par exemple Petr Dufek, économe à la banque ČSOB, le « Kurzarbeit » notamment, un dispositif qui permet aux entreprises confrontées à des difficultés conjoncturelles de solliciter une contribution de l’Etat afin que celui-ci prenne en charge une partie des salaires de leurs employés et https://www.chambre.cz/des-actualites/n/news/chomage-partiel-et-kurzarbeit-quelles-significations-en-republique-tcheque.html), permet pour l’instant de maintenir le chômage à un faible niveau :
« Plusieurs dizaines de milliers d’entreprises bénéficient du ‘Kurzarbeit’ et c’est bien évidemment un facteur très important. La question est donc plutôt de savoir ce qu’il adviendra de ces entreprises une fois que ce programme s’achèvera. Mais aujourd’hui personne n’est en mesure de dire précisément comment la situation évoluera à l’automne et quel sera alors le chômage. »
Officiellement appelé « Antivirus », ce dispositif pour la protection de l’emploi possède cependant ses limites. Depuis son adoption par le gouvernement en avril dernier, quelque 14 milliards de couronnes (525 millions d’euros) ont déjà été versés à environ 700 000 personnes. Leader du parti social-démocrate, qui dirige le ministère du Travail, et vice-Premier ministre, Jan Hamáček assure vouloir prolonger le dispositif « Kurzarbeit » au-delà de cet automne :
« Je suis convaincu que nous avons les moyens d’arrêter le programme ‘Antivirus’ quand nous saurons très clairement quelle est la situation économique et quelle suite nous entendons donner aux mesures contre la crise. C’est pourquoi les sociaux-démocrates sont favorables à la prolongation du programme ‘Antivirus’ jusqu’à la fin de l’année, comme le font les pays autour de nous, l’Autriche et l’Allemagne notamment. »
La semaine dernière, le ministre de l’Industrie, Karel Havlíček, proche collaborateur du Premier ministre Andrej Babiš, a lui aussi admis que la ligne d’horizon du « Kurzarbeit » pourrait être repoussée au-delà de l’automne, et ce conformément à ce que réclament les syndicats et les employeurs. Ceux-ci souhaitent par ailleurs unifier les règles du programme de manière à ce que la compensation s’élève à 80% jusqu’à un montant de 39 000 couronnes (1 460 euros) pour le salaire brut, et ce en cas de nouvelle mise en quarantaine des employés, d’une chute de la production ou d’une baisse de la demande. Jusqu’à présent, différents taux sont en effet appliqués.