En Tchéquie, un goût de liberté retrouvée pour les restaurateurs

Deux semaines après la réouverture des terrasses, depuis lundi les restaurants du pays ont à nouveau le droit d’accueillir des clients en intérieur. Seule condition : quatre personnes maximum par table et la présentation d’un test négatif. Cette réouverture fait surtout du bien au moral des restaurateurs. C’est le cas notamment de Jean-Charles Berger, propriétaire du Bistrot à table dans le VIe arrondissement de Prague.

« Pour les restaurateurs la réouverture est particulière car nous avons rouvert les terrasses depuis deux semaines déjà. On s’attendait à rouvrir le 13 juin, la bonne surprise c’est qu’on a pu le faire plus tôt, mais l’inconvénient dans tout ça c’est qu’on n’y était pas préparé. On a donc dû se préparer dans la rapidité. Quand je dis se préparer, je parle notamment des stocks. Après on est contents car tous nos clients habituels reviennent. On voit qu’ils sont contents de revenir et nous on est bien sûr contents de les retrouver. On a aussi des nouveaux clients, des gens qui sont arrivés pendant la pandémie pour travailler, donc c’est bien aussi. »

Qu’est-ce qui vous a le plus manqué ?

Jean-Charles Berger | Photo: Archives du restaurant  Bistro à Table !

« Un restaurant, c’est quand même un lieu de convivialité, donc c’est le fait de plus se rencontrer. Et surtout, ici dans le quartier, c’est un peu comme un village, donc pour moi, c’est surtout le manque de contact. »

Comment avez-vous vécu le confinement ?

« Personnellement, je suis entouré, on est en famille, donc on a pu profiter de cette période pour être ensemble, donc ça c’était le bon côté des choses. Cependant, financièrement parlant, c’est une période où on passe son temps à se demander : est-ce qu’on va pouvoir rouvrir et quand ? C’est une période d’incertitude. On rouvre au bon moment, je pense. En espérant que cela ne va pas s'arrêter là ! »

Avez-vous eu des aides ?

« On a eu les aides de l'État qui nous ont un peu aidés. Mais bon ce n’est pas avec les aides qu’on a pu s’en sortir mais plus en réduisant les coûts au maximum et le personnel. L’avantage c’est qu’on a laissé le restaurant fonctionner ‘par la fenêtre’, ce qui nous a permis de conserver un petit peu le contact client et notre personnel. Là où on est chanceux, c’est de pouvoir retrouver notre personnel tant pour les clients que pour l’esprit d’équipe, et surtout c’est bien de ne pas avoir à reformer tout le monde. Il y a aussi une nouvelle personne qui vient d’arriver, une Française, et qui va apporter des connaissances supplémentaires avec une façon de voir les choses un peu différente. »

Comment vous êtes-vous organisé pour la réouverture de votre restaurant ?

Photo: Archives du restaurant  Bistro à Table !

« En l'occurrence, on est un petit restaurant, pour nous ce n’est pas compliqué. La première partie c’était la terrasse avec les restrictions comme le port du masque et les tests. Au début, moi et ma partenaire, nous étions là en service pratiquement 100% du temps pour s’assurer qu’on redémarre bien et pour relancer la machine. En effet, ce n’est pas évident de reprendre le rythme quand on n’a pas travaillé pendant cinq mois. On en a aussi profité pour changer quelques petites choses, et notamment la carte des vins. »

Vérifiez-vous si vos clients ont un test négatif ?

« Non, j’estime que les gens savent qu’il faut un test. Chacun est responsable et je ne me vois pas faire la police dans mon restaurant. »

Pensez-vous que cette fois-ci c’est la bonne ?

« C’est le point d’interrogation et je pense que ça l’est pour tout le monde. Chaque nouvelle fermeture et réouverture nous coûtent énormément, tant en argent qu’en motivation. Ce qui est sûr et certain c’est qu’on espère que cela ne va pas refermer. »

Enfin, sentez-vous un réel engouement autour de la réouverture des restaurants ?

« Non, on ne peut pas dire ça, surtout pour la réouverture à l’intérieur des restaurants. On n’a pas eu de réservations complètes. Les gens préfèrent aller dehors et sinon on continue à avoir énormément de commandes à emporter. Je suppose que les gens ne se sentent pas complètement rassurés. »