Environnement : le climat de la Tchéquie pourrait évoluer vers celui de la Hongrie ou de la Slovénie
Canicules, sécheresses, orages et inondations à répétition, les effets du changement climatique touchent aussi la République tchèque. En conférence de presse, le ministre tchèque de l’Environnement a dressé sa feuille de route pour mieux anticiper les phénomènes météorologiques extrêmes et a indiqué vouloir atteindre la neutralité carbone en Tchéquie d’ici 2050.
La semaine dernière, le ministre tchèque de l’Environnement, Petr Hladík (KDU-ČSL), est revenu, après s’être entretenu avec des climatologues, sur les effets du changement climatique en Tchéquie et sur l’importance de redoubler d’efforts dès à présent pour enrayer le phénomène :
« Le changement climatique ne se manifeste pas seulement par la fonte des glaciers quelque part, au loin, ou par l’incendie de centaines et de milliers d’hectares de forêts. Le changement climatique se manifeste ici et maintenant en République tchèque. Nous pouvons le percevoir dans les vagues de chaleur inhabituelles, dans les inondations soudaines ou même dans les feux de forêt auxquels nous ne sommes pas habitués ici. Le public ne perçoit pas forcément l’ampleur du phénomène, mais il n’en reste pas moins que le changement climatique est une réalité. Selon les statistiques des pompiers, nous avons environ 100 feux de forêt par semaine. Parfois ce sont de petits foyers, parfois ce sont de grands incendies qui font la une des médias. »
Pour le représentant tchèque du GIEC, Radim Tolasz, interrogé par la Télévision tchèque, bien que 87 % des feux de forêt soient causés par la négligence humaine, la sécheresse extrême, la chaleur et le vent font que ces mêmes incendies durent plus longtemps que par le passé.
Toujours selon le climatologue, la hausse moyenne des températures en Tchéquie dans les prochaines décennies pourrait être deux fois supérieure à celle attendue à l’échelle mondiale, soit une hausse de 4°C. Pour Radim Tolasz, le climat tchèque pourrait, par conséquent, se rapprocher de celui de la Hongrie ou de la Slovénie actuellement.
Face à l’urgence climatique, la pédagogie à l’égard du grand public reste fondamentale selon le ministre de l’Environnement :
« Je le dis clairement, le changement doit être progressif, social et sensible, sinon il ne sera pas accepté du tout. […] Je vous le dis en tant qu’homme politique, ministre de l’administration publique et en tant que gouvernement de la République tchèque, nous savons ce que nous faisons, où nous allons et comment nous allons adapter et convertir la Tchéquie en un pays à faible émission de carbone, aux transports vertueux, de façon à ce que le pays soit climatiquement neutre en 2050. »
Petr Hladík a poursuivi en présentant sa feuille de route pour les années à venir :
« Au ministère de l’Environnement, nous disposons d’un plan stratégique d’adaptation clair quant à la manière dont nous pouvons adapter notre faune et notre flore, nos paysages sauvages, mais aussi nos communautés et nos villes au changement climatique. Il s’agit d’isoler nos bâtiments, de multiplier les zones d’ombre, mais aussi de modifier nos villes en matière d’aménagement, de rétention des eaux pluviales et de densité de verdure dans nos rues et nos lotissements. Il s’agit également de ramener l’eau dans nos villes. Combien de ruisseaux, de rivières et de petits cours d’eau avons-nous dû endiguer, parce que quelqu’un a pensé, il y a cent ans, qu’il serait bon de faire disparaître tel ou tel ruisseau qui traversait l’espace public, et d’y construire quelque chose à la place ? Au total, ce sont 322 mesures que proposent non seulement le ministère de l’Environnement mais aussi toute une série d’autres ministères et autorités publiques, afin que nous puissions nous adapter aux changements climatiques. »
Le gouvernement parviendra-t-il à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés et à instiller auprès de la population une vraie prise de conscience, alors que les questions environnementales demeurent bien souvent des sujets marginaux lors des scrutins ? Les effets du changement climatique sont pourtant bien là. Selon le directeur de l’Institut hydrométéorologique, Mark Rieder, présent lors de la conférence de presse, « les événements météorologiques extrêmes sont [même] en augmentation constante » ce qui rend le travail du bureau de prévision de plus en plus difficile.