Presse - Climat : un été et un automne en Tchéquie plus longs et plus chauds que jamais

La crise climatique et ses récentes manifestations en Tchéquie. Tel est le premier sujet au menu de cette nouvelle revue de presse. Elle s’intéresse également à l’inflation des discours télévisés des dirigeants tchèques avant de rappeler certaines positions de l’ancien président Václav Havel, à l’occasion du 12e anniversaire de sa mort. Autres sujets traités : les 130 ans de Lidové noviny, le plus ancien journal tchèque, et la grande popularité auprès des Tchèques de l’émission de variété « Danse avec les stars ».

« L’année 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. » C’est ce dont fait part le quotidien Deník N, selon lequel la crise climatique se fait sentir également en Tchéquie, puisque celle-ci a enregistré cette année huit journées tropicales en septembre :

« Selon un rapport de l’Institut hydrométéorologique tchèque, la température moyenne de l’automne dernier a été de 13,6 °C. Il s’agit donc de l’automne le plus chaud dans notre pays depuis 1775, année depuis laquelle les mesures sont prises au Clementinum de Prague. Bien qu’agréable, un été exceptionnellement long ou un automne chaud sont le signe de la gravité de la situation. Ce constat a été reconnu par le Premier ministre Petr Fiala lors de la COP28 à Dubaï. Malgré cela, la crise climatique ne fait pas l’objet d’un chapitre spécial dans la déclaration de politique générale du gouvernement de janvier 2022 ni même dans sa version mise à jour en mars dernier. »

S’agissant de l’approche de la population tchèque vis-à-vis du changement climatique, le journal note aussi :

« Tout en réalisant que cette menace est réelle, la société tchèque n’est guère prête à faire quoi que ce soit pour l’atténuer. Selon une récente étude de l’agence Median, ceux qui craignent la crise climatique redoutent au moins tout autant la perte de confort que la lutte contre les changements pourrait entraîner. Peut-être est-ce dû également au fait que beaucoup sont habitués à considérer les activistes climatiques comme des alarmistes fanatiques. »

Il serait donc souhaitable, comme l’estime le chroniqueur de Deník N, que les dirigeants politiques parlent de ce défi mondial non seulement dans les forums à l’étranger, mais aussi dans leur pays.

Les dirigeants tchèques à l’heure des discours télévisés

« L’inflation a frappé le plus durement les discours de Noël », titrait sur un ton ironique le site Seznam Zprávy au-dessus d’une note dans laquelle on pouvait lire :

Miloš Vystrčil a prononcé un discours télévisé long de 16 minutes,  qu’il a qualifié de ‘discours de l’Avent’ | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

« Lundi 18 décembre, le président du Sénat, Miloš Vystrčil, a prononcé un discours télévisé long de 16 minutes, qu’il a qualifié de ‘discours de l’Avent’. Ainsi, il a ouvert la saison des discours de Noël auxquels les dirigeants tchèques sont habitués ces dernières années. En une phrase, il a énuméré plusieurs choses qui préoccupent la population, comme les prix de l’énergie et de l’alimentation, la pénurie de médecins et de logement. De même, il a critiqué les populistes qui proposent des solutions faciles. Toutefois, il n’a pas présenté de propositions pertinentes de solutions soulignant à plusieurs reprises les difficultés rencontrées par le gouvernement. »

Les Tchèques auront encore droit à d’autres discours politiques pendant les fêtes, comme l’indique Seznam Zprávy :

« Le Premier ministre Petr Fiala s’exprimera le deuxième jour de Noël (le 26 décembre), tandis que le message du président Petr Pavel est prévu pour le Jour de l’an. Mais ce n’est pas tout. Après sa retraite politique, l’ex-président Miloš Zeman publiera un message le jour de la saint Etienne sur Facebook. Seule Markéta Pekarová Adamová, présidente de la Chambre des députés, ne participe pas au concours du meilleur discours de Noël. »

Le problème, selon l’auteur, c’est que lorsque tout s’enchaîne ainsi, le téléspectateur perd logiquement son attention et l’importance des discours est dévalorisée. « Bref, en matière de discours politiques, le moins est parfois le plus », conclut-il.

Douze ans sans Václav Havel

Le 18 décembre, douze ans se sont écoulés depuis la mort de Václav Havel, l’ancien président tchèque, dramaturge et dissident. Le journal en ligne Forum24 réfléchit à ce propos sur certaines de ses idées qui ont particulièrement dérangé ses opposants:

Václav Havel | Photo: Vladislava Wildová,  ČRo

« Pour les communistes, il était un anticommuniste. Pour les anticommunistes les plus ardents, il était l’homme qui n’a pas interdit le parti communiste et qui a nommé un ancien ministre communiste, Marian Čalfa, au poste de Premier ministre. Pour le commun des mortels, il était trop compliqué, tel un intellectuel des ‘cafés de Prague’. Pour d’autres intellectuels, il avait des penchants gauchistes et d’utopisme. Une étiquette que Václav Klaus, ancien président lui aussi, se plaisait à lui coller. On reproche à Havel également l’idée d’une ‘politique non politique’ et le fait d’avoir attribué trop d’importance à la ‘société civile’. »

Le chroniqueur du journal rappelle que Václav Havel a décrit sa pensée dans son ouvrage « Méditations d’été » écrit en 1991. « L’époque où nous nous trouvions au début des transformations où nous étions sur le point d’adhérer à l’Union européenne et à l’OTAN, ce qui était, entre autres, un succès de la politique de Havel », a-t-il écrit, avant de conclure :

« Douze ans après la mort de Havel, on peut constater que son orientation était juste, tandis que le monde répondant à la pensée de Václav Klaus et de Miloš Zeman s’est effondré au plus tard avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Tous ceux qui croyaient qu’il était possible de commercer avec les dictatures comme si de rien n’était, ont vu leurs visions s’écrouler. L’orientation de Havel vers l’Occident, aussi imparfait celui-ci soit-il, a effectivement du sens. »

Lidové noviny, le plus ancien quotidien tchèque, célèbre ses 130 ans

Le 16 décembre, 130 ans se sont écoulés depuis la publication du premier numéro de Lidové noviny, le plus ancien quotidien tchèque. L’éditorialiste du journal remarque à ce propos :

« Depuis cinq décennies, de nombreuses personnes avisées prédisent la disparition des journaux. La télévision devait les battre par son authenticité. Internet par un flux incessant de messages et d’informations instantanés. Les réseaux sociaux par la rapidité qui promettait d’envahir la communication politique quotidienne. Et pourtant, on tient toujours le journal en papier entre nos mains. »

« Pourquoi, malgré les prophètes, les journaux continuent-ils à vivre ? », s’interroge-t-il. Avant de répondre :

« En partie parce que l’authenticité n’offre pas forcément une interprétation approfondie et la vitesse ne permet pas de se pencher sur les contextes. Le flux continu complique la hiérarchisation, l’ouverture des médias sociaux invitant à la manipulation... Mais il y a peut-être une magie plus puissante encore du côté des journaux. Les journaux sont personnels. C’est la fidélité qui leur donne un sens. Comme l’a observé l’écrivain Karel Čapek, nous n’achetons pas nos petits pains ou nos lacets. Mais nous achetons notre journal ».

Les Tchèques aiment « danser avec les stars »

« 1,8 million de téléspectateurs tchèques ont suivi la dernière saison de l’émission ‘Danse avec les stars’, dont la finale s’est tenue samedi dernier, accompagnée de larmes d’émotion, de compliments et de vœux de Noël ». Voilà ce qu’a écrit, à propos du format StarDance acheté par la Télévision tchèque à la BBC et diffusé pour la première fois en 2006, une chroniqueuse de l’hebdomadaire Respekt. L’occasion pour elle de répondre à la question de savoir pourquoi le public tchèque aime tant « danser avec les stars », l’épisode de cette année ayant été le deuxième le plus regardé depuis 2009 :

'Star Dance' | Photo: ČT

« Les analystes des médias se plaisent à critiquer l’émission en la qualifiant de divertissement ringard et petit-bourgeois, mais les téléspectateurs tchèques l’aiment beaucoup. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, cette émission de variété offre une palette d’émotions fortes - joie, déception, excitation, agacement. Dans un pays qui possède une tradition de danse et de saisons de bal qui persiste jusqu’à nos jours, chacun peut participer à la danse pour comparer comment il aurait fait. Par ailleurs, fréquenter des cours de danse reste une pratique courante en Tchéquie. Et enfin, dans un pays passionné par le sport, l’aspect de la performance physique ne peut être négligé. »

« Danser avec les stars » offre donc, selon la chroniqueuse, un peu de Sokol (le mouvement gymnique), beaucoup de Biedermeier et un brin de l’Eveil national sous forme d’un bal de classe. « La mythologie de l’élégance et du luxe est séduisante », explique-t-elle.