Euro 2012 : après la claque russe, la Grèce pour sortir de la crise ?
Un cauchemar : c’est ce qu’a vécu l’équipe de République tchèque de football lors de son entrée en lice ratée au championnat d’Europe, vendredi dernier. Battus à plate couture par la Russie (1-4) dans un match qui a parfois tourné à la démonstration et bons derniers de leur groupe avec un goal-average très favorable, les Tchèques, malgré leurs nombreuses faiblesses affichées, doivent absolument se reprendre contre la Grèce ce mardi, et si possible gagner. Car si un résultat nul leur permettrait encore d’entretenir une lueur d’espoir pour la qualification, une nouvelle défaite les condamnerait en revanche déjà à faire leurs adieux à la compétition.
A peine l’Euro vient-il de commencer que la Reprezentace pourrait déjà s’apprêter à faire ses bagages pour le voyage du retour à Prague. En cas de nouvelle défaite contre la Grèce ce mardi, les hommes de Michal Bílek seraient en effet d’ores et déjà éliminés de la course aux quarts de finale ; cinq jours seulement après le match d’ouverture entre les deux autres équipes du groupe A, la Pologne et la Grèce, qui s’est soldé sur un partage des points (1-1)… Mais on n’en est pas encore là : inversement, une victoire contre le vainqueur de l’Euro 2004 relancerait les Tchèques avant leur troisième et dernier match contre la Pologne, qui serait alors décisif, samedi prochain.
Durant la préparation, les joueurs eux-mêmes et l’encadrement technique s’étaient montrés plutôt prudents dans leurs déclarations, expliquant que dans un groupe a priori abordable ils n’auraient rien à perdre et que leur ambition première serait de surprendre et de créer la surprise. Surprenants, les Tchèques, à leur manière, l’ont été vendredi. Menés 2 à 0 après vingt-quatre minutes, leur jeu a souvent été proche du néant, et ce malgré deux entames prometteuses en première comme en seconde mi-temps.Mais, plus inquiétant encore à ce niveau de compétition, s’ils ont été dépassés par un adversaire russe qui leur était nettement supérieur techniquement et tactiquement, les partenaires de Tomáš Rosický sont également apparus trop courts dans l’engament physique, extrêmement fragiles défensivement avec une équipe souvent coupée en deux, trop tendres, naïfs et presque passifs. En conférence de presse d’après-match, le sélectionneur Michal Bílek ne cachait pas sa déception et regrettait les nombreuses erreurs de ses protégés :
« Lorsque nous aurions dû ou pu être dangereux, nous avons trop souvent perdu le ballon inutilement. Cela nous a coûté beaucoup de forces et cette énergie nous a manqué vers la fin. Le match est alors devenu un peu fou fou, ça allait d’un camp à l’autre et c’est le scénario qui convenait le mieux à notre adversaire. Les Russes ont su profiter de nos erreurs en première comme en deuxième mi-temps. Quatre buts encaissés, c’est lourd ! C’est une claque, et ce n’est jamais très agréable. Maintenant, il va falloir réagir et montrer notre force de caractère. Je reste persuadé que nous avons une équipe capable d’effacer cette défaite lors des deux prochains matchs. »Jusqu’à l’ouverture du score russe à la 15e minute, les Tchèques ont pourtant semblé pouvoir faire jeu égal avec le demi-finaliste de l’Euro 2008. Mais selon le capitaine et meneur de jeu Tomáš Rosický, si la possession de balle était plutôt tchèque, c’était d’abord parce que les Russes l’avaient décidé avant le coup d’envoi :
« C’était leur tactique : ils voulaient nous laisser jouer pour mieux nous contrer. Ils ont attendu nos erreurs, et comme nos pertes de balle ont été nombreuses, cela a favorisé leurs plans. Je pense qu’ils ont fait parler leur expérience. Cette défaite est une pilule difficile à avaler, au goût très amer. Ca fait mal, mais nous ne sommes pas encore éliminés. Ce n’est pas la première fois que nous devons réagir après une défaite et je continue à penser que nous en sommes capables. » Menés de deux buts au repos, Tomáš Rosický et ses partenaires ont réagi en début de deuxième mi-temps, entretenant brièvement l’espoir d’un retour en réduisant rapidement le score par Václav Pilař suite à une passe lumineuse de Jaroslav Plašil (52e). Mais ce fut là le seul éclair de génie du milieu de terrain bordelais, pour le reste bien mal inspiré dans le rôle de milieu défensif qui lui avait été confié. Plus globalement, c’est le repli et le travail défensifs de l’ensemble de l’entrejeu tchèque, et plus particulièrement donc du duo Plašil – Petr Jiráček, qui a été pointé du doigt. Les milieux offensifs et attaquants russes, vifs et habiles, à l’image d’un Archavine retrouvé ou du jeune et prometteur Alan Dzagoev, auteur d’un doublé, ont souvent profité des larges espaces laissés entre la défense et le milieu de terrain tchèques pour s’en donner à cœur joie et finalement minscrire deux autres buts dans le dernier quart d’heure.Très critiqués par la presse et même sifflés par leurs nombreux supporters qui avaient effectué le court déplacement jusqu’à Wroclaw, les Tchèques avaient logiquement le moral en berne au lendemain de ce qui est considéré comme une débâcle, comme le reconnaissait Tomáš Rosický, lui-même peu à son avantage vendredi soir. Pour autant, le capitaine de la Reprezentace voulait déjà tourner la page :
« Après un tel match, quand vous en prenez quatre et que vous ne pouvez pas fermer l’œil de la nuit, l’ambiance dans le groupe n’est pas vraiment au beau fixe, c’est évident. D’un autre côté, notre avantage est de rejouer très vite. C’est ce que nous nous sommes dit dans les vestiaires tout de suite après le match. Ce n’est pas la première fois que nous sommes dans cette situation. En éliminatoires, nous avions aussi perdu notre premier match à domicile contre la Lituanie et tout le monde nous enterrait à l’époque. Il faut donc garder la tête froide, analyser en détail ce qui n’a pas marché contre la Russie et penser au prochain match. »Ce prochain match, ce sera donc contre la Grèce, un adversaire que la République tchèque n’a jamais battu en trois confrontations. Gagner, si possible en laissant également une meilleure impression sur le terrain, c’est pourtant ce qui lui sera demandé ce mardi pour entretenir un espoir de qualification, un match nul risquant d’être insuffisant au moment des comptes finaux.
Si des changements sont à attendre dans la composition d’équipe, notamment donc dans l’entrejeu et peut-être même également en attaque où Milan Baroš n’a une nouvelle fois été que l’ombre du meilleur buteur de l’Euro 2004, le manager de l’équipe nationale, Vladimír Šmicer pense néanmoins que c’est d’abord aux joueurs de se prendre en main :« C’est à eux de se dire les choses ! Il ne s’agit pas de s’engueuler, mais de se parler pour dire ce qui n’a pas été et faire progresser l’équipe. Je pense qu’il y a aura effectivement des changements contre la Grèce, mais il est encore trop tôt pour les évoquer. C’est l’entraîneur qui prendra les décisions. Pour moi, ce n’est pas bien compliqué : si on veut espérer quelque chose dans ce tournoi, il va falloir que l’on joue beaucoup mieux et enfin marquer un but aux Grecs. »
Depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1993, les oppositions tchéco-grecques n’ont toutefois jamais été très folichonnes, deux d’entre-elles ayant accouché d’un score nul et vierge de buts. Seule la demi-finale de l’Euro 2004 au Portugal, dont le souvenir reste un cauchemar pour tout amateur de football tchèque, avait abouti à une courte et heureuse victoire de la Grèce (1-0) en prolongation. Un résultat dont les Tchèques, à n’en pas douter, se satisferaient probablement fort bien à leur tour mardi soir…